‘’Ceux qui sont allés à Dakar ont leur raison’’

Qu’est-ce qui explique que la plupart des artistes-comédiens de renom soient des ressortissants de Diakhao ?
Sur le plan culturel, Diakhao a une histoire. Il y avait une grande troupe théâtrale appelée Djiéry Sadio qui faisait ses répétitions dans ce quartier. A ses séances, les enfants du quartier venaient assister. Nombre de ces enfants avaient des parents dans la troupe. C’est grâce à Djiéry Sadio, cette grande troupe théâtrale, que les jeunes de Diakhao s’étaient épris de la vie artistique. Après Djiéry Sadio, d’autres générations ont pris la relève vers les années 90, avec les Jules Dramé, Ndiamé Sène, Ngoury et tant d’autres. Nous nous sommes engagés à encadrer les jeunes de l’Asc Diakhao au moment des activités de Navétane, car on exigeait à chaque Asc d’avoir sa troupe théâtrale. C’est toute l’explication de la réussite des jeunes du quartier dans le monde du théâtre. Ce qui fait, aujourd’hui, que la plupart des artistes-comédiens qui sont au-devant de la scène théâtrale sénégalaise sont des ressortissants de Diakhao.
Diakhao ressent-il un apport de ces artistes-comédiens ?
Bien sûr ! Le quartier ressent l’apport de ses fils, car la plupart des tournages des téléfilms des artistes du terroir se font à Diakhao. Par exemple, si vous prenez le cas de la troupe théâtrale ‘’Soleil levant’’, elle a tourné la plupart de ses pièces dans ce quartier afin de mettre en valeur les aspects culturels de leur fief.
Le phénomène d’exode de ces artistes dans la capitale ne pose-t-il pas un problème ?
C’est juste un problème d’interprétation. Si un artiste sent le besoin d’aller à Dakar pour être mieux vu et mieux vendre son talent... Ceux qui sont allés à Dakar ont leur raison. Il y a des artistes qui sont à Dakar comme Cheikh Ndiaye, Sanex, El Hadji Gora et tant d’autres. C’est leur choix. D’autres ont choisi de rester. Leur départ peut poser problème car les Thiessois peuvent dire qu’ils ne croient pas en tel ou tel type, parce qu’il a tourné le dos à sa ville d’origine. De mon côté, je pense qu’il n’y a aucun problème. Car, même s’ils sont allés monnayer leurs talents à Dakar, ils tournent leurs téléfilms à Thiès ; en atteste le tournage de Wiri-wiri.
Pourquoi vous n’avez pas choisi le chemin de l’exode ?
Je n’ai pas choisi cette option car l’amour que j’ai pour ma ville est très grand. Et j’estime que 100 000 F Cfa de Thiès a plus de valeur que 500 000 F Cfa de Dakar. Aussi, j’ai foi en Dieu et quelle que soit la situation, j’obtiendrai ce que le Bon Dieu a réservé pour moi. On ne reconnaît plus le quartier car aujourd’hui, il a perdu de son lustre d’antan, surtout sur le plan sécuritaire. C’est pourquoi je profite de l’occasion pour inviter tous les ressortissants de Diakhao à mettre la main à la pâte pour que notre quartier puisse sortir de ce gouffre.
EMMANUEL BOUBA YANGA