Publié le 16 Dec 2015 - 17:28
RECHERCHE DE FINANCEMENT PERENNE DE LA SANTE A KEDOUGOU

Les populations votent pour un partenariat stratégique entre acteurs

 

L’Institut panafricain pour la citoyenneté, les consommateurs et le développement (Cicodev Afrique) a organisé hier une rencontre avec les parlementaires, ministères et le Conseil économique, social et environnemental afin de trouver une option pour un financement pérenne de la santé dans la zone de Kédougou.

 

Le Sénégal vient de boucler le vote de sa loi de finance 2016 et les chiffres pour le ministère de la Santé traduisent, selon Amadou Cheikh Kanouté, directeur exécutif de Cicodev Afrique, la difficulté qu’éprouve le secteur pour pérenniser son financement. ‘’Même si nous nous félicitons de la hausse de 11,5% du budget de ce ministère qui est passé à 150 milliards, nous marquons notre déception que la vision de la CMU et de la santé pour tous est encore loin d’être correctement servie. Ce budget représente 4,9% du budget total de l’Etat, là où l’engagement des chefs d’Etat de l’Union africaine d’Abuja, en 2001, était d’affecter 15% du budget global de l’Etat à la santé, au plus tard en fin 2014. Nous regrettons que nous soyons encore très loin de cet objectif, alors que le couperet de la date butoir est tombé’’, a déclaré M. Kanouté.

En effet, la pérennisation du financement du secteur de la santé est une préoccupation lancinante surtout dans les pays en développement. Ainsi, Cicodev Afrique a organisé hier une rencontre avec les autorités locales, les parlementaires, le Conseil économique, social et environnemental pour discuter de l’option à prendre pour le financement de ce secteur. Amadou Cheikh Kanouté est d’avis qu’il faut tous ensemble chercher et trouver des mécanismes de financement pérenne de la santé, des ressources pour assurer la résilience des systèmes de santé dans nos pays. ‘’Nous avons pensé qu’il nous faut conduire une étude pour explorer les options de financement. La région de Kédougou a été choisie parce qu’elle fait partie des plus pauvres du pays où les indicateurs de santé sont les plus bas. Et paradoxalement, elle regorge de grandes ressources, notamment l’or avec la présence des industries’’, a-t-il expliqué. En effet, la rencontre a eu pour thème : ‘’Quelles options pour un financement pérenne de la santé en zones d’extraction minière ? Le cas de Kédougou’’.

Les résultats préliminaires de l’étude de Cicodev Afrique font état de trois options pour financer la santé, dans la zone de Kédougou : le prélèvement sur les taxes locales ; le prélèvement sur les taxes minières versées à l’Etat et la mise en place de partenariats stratégiques entre les acteurs (Etat, collectivités locales, populations, industries extractives, ONG, PTF). ‘’La troisième option a été retenue au niveau local par les différents acteurs et catégories sociales. On a présenté toutes ces options aux collectivités locales  (maires, chefs de village, populations, ONG) où se trouvent les industries minières. Quand ils ont analysé les forces et les faiblesses des différentes options, les maires nous ont dit qu’ils ne peuvent pas financer la santé ; qu’ils n’ont pas de ressources et n’arrivent à recouvrer que 42% des taxes municipales en plus du manque de sources de revenus.’’

Docteur Mbayang Ndione, deuxième vice-présidente de la commission santé à l’Assemblée nationale, souscrit à ce choix. Selon elle, l’option trois est beaucoup plus inclusive. ‘’Ils sont allés au niveau des sites organiser des foras avec les communes de cette région. Ce sont les communautés qui ont décidé de choisir l’option trois. Donc, nous ne pouvons pas être plus royalistes que les rois. L’option trois est la plus inclusive. Elle fait du bénéficiaire un acteur en même temps’’, souligne Dr. Ndione.

VIVIANE DIATTA

 

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