Publié le 25 Sep 2021 - 00:05
RELANCE DE L’ÉCONOMIE IMPACTÉE PAR LA COVID-19

Magal Touba, le catalyseur

 

L’économie du grand Magal de Touba peut être une piste de solution pour la relance de l’économie sénégalaise impactée par la Covid-19. C’est l’avis de l’économiste, le Dr Khadim Bamba Diagne. Il évoque, avec ‘’EnQuête’’, le modèle de gestion de cette crise sanitaire de Serigne Mountakha, le khalife général des mourides, et comment, de 1883 à nos jours, la communauté mouride à développer des capacités de résilience comme le courage, la persévérance, en gardant toujours l’optimisme, le positivisme et le sourire pour faire face aux aléas de la vie.

 
La pandémie de la Covid-19, avec les mesures de confinement, les restrictions de mobilité et les règles d'éloignement physique qui y sont associées, a non seulement entraîné une augmentation significative du chômage et des pertes de revenus considérables pour de nombreuses personnes, mais a également modifié les habitudes de dépense des consommateurs et le niveau d'inflation des prix auquel ils sont confrontés, dû en grande partie de l’augmentation du fret maritime. En particulier, les mesures de verrouillage ont affecté l'offre et la demande de certains produits et, partant, leurs prix. S’y ajoutent les mesures prises par les autorités gouvernementales, depuis le 23 mars, qui ont affecté négativement l’activités des agents économiques.
 
La conséquence de ces restrictions, selon le docteur en économiste Khadim Bamba Diagne, est la baisse des ressources pour les ménages et des recettes fiscales pour le gouvernement. Pour sortir de ces difficultés, poursuit-il, l’économie doit être relancée par une grande activité de consommation et d’investissement, comme le grand Magal de Touba. ‘’Le grand Magal est un moment unique qui réunit plus de 4 millions de personnes, des disciples et des touristes. Au-delà de l'aspect religieux, à la grande ville de Touba, il y règne une dynamique économique sans pareil. Une ville où les hommes et femmes de tout âge s'investissent au quotidien avec abnégation dans tous les secteurs d'activité, commerce, services, alimentation, production, agriculture, élevage, etc… Bref, tous les secteurs d’activité qui peuplent l’économie informelle y sont représentés. Un grand évènement aux nombreux contours économiques, avec plus de 250 milliards F CFA générés par le grand Magal, d’après une étude de l’université Alioune Diop de Bambey en 2017, il est évident que le khalife général des mourides sait avec pertinence que la rencontre entre les agents à capacité de financement et ceux en possession de biens matériels et alimentaires permettent de réduire les impacts économiques du coronavirus dans la deuxième ville économique du Sénégal’’, souligne le Dr Diagne.
 
Selon l’économiste, les vendeurs, les charretiers, les chauffeurs, les tailleurs, les artisans, les éleveurs, les grossistes, etc., gagnent forcément des revenus assez conséquents, après de longs mois de disette. ‘’Osons le dire, depuis le mercredi 8 septembre 2021 (premier jour du mois de Safar), tout le monde sent que les choses bougent. Du tailleur au mécanicien, de l’éleveur à l’agriculteur, en passant par les commerciaux, tout le monde attend les retombées du 18 Safar. Élément déclencheur de la relance, si l’on se fie à l’ensemble de ces faits, il est surtout bon de rappeler que le secteur tertiaire va plus que jamais bénéficier de la tenue du grand Magal’’, informe-t-il.
 
Khalife général des mourides, le visage de la relance économique
 
Alors, le visage de cette relance économique, renseigne-t-il, c’est bien le khalife général des mourides, Serigne Mountakha Bachir, lui qui, à travers un leadership débordant et armé de sa foi, a osé faire face à la puissante Covid-19. Cette pandémie, qui a fini de faire trembler et terrasser toutes les grandes puissances mondiales.
 
Ainsi, selon le Dr Diagne, restant toujours dans cette logique et voulant perpétuer le legs de Cheikhoul Khadim, le khalife général des mourides a très tôt compris que la relance économique reposait sur la cohabitation avec le virus. ‘’Il a été le premier à faire comprendre qu’il fallait apprendre à vivre avec le virus. Aujourd’hui, il a raison sur tout le monde. C’est alors le triomphe de la philosophie mouride, incarnée par Serigne Mountakha’’.
 
Alors, l’économiste propose la célébration du Magal pour nourrir la foi et relancer l’économie sénégalaise.
 
Le docteur Khadim Bamba Diagne ajoute que le monde a une essence adventice et possède une réalité changeante et mobile. Il est le mouvement même. Étant mouvement, il possède un sens du changement continu : il est dans un état de création perpétuelle, constamment dans un état alternatif de transformation nouvelle. Il n’est pas un seul instant où le monde ne connaisse pas cette alternative. ‘’Heureusement, l’homme n’est pas naturel, c’est un devenir. Il est le serviteur de Dieu et son représentant sur terre (Walakhad karamna bani Adama). Il a obligation de s’adapter dans le temps du monde, dans l’espace du monde et prendre le dessus sur tout le reste du monde. L’homme est un être paradoxal ; Dieu l’a créé ainsi. Il est injuste, faible, avare et ingrat. Mais il est aussi clairvoyant, savant et reconnaissant’’.
 
Ainsi, dit-il, ‘’pour diriger les hommes, il faut être avant tout maitre de soi-même, savoir surmonter sa peur et garder sa lucidité en temps de crise. Les hommes subissent une telle pression dans leur vie personnelle et professionnelle, qu’ils cherchent toujours à trouver l’équilibre dans leur vie spirituelle, si bien qu’ils ont besoin de gens qui les rassurent et leur montrent la voie à suivre. Les prières à la grande mosquée de Touba, sous la présence de Serigne Touba Serigne Mountakha Mbacké, à un moment si anxiogène, est le premier cours magistral du comportement d’un chef en temps de crise. Le 20 mars 2020, avec 36 cas déclarés de Covid-19, la peur a gagné les esprits et les cœurs des Sénégalais. Serigne Touba Serigne Mountakha Mbacké a dit : ’S’assembler avec un malade ne signifie pas forcément que la contagion se fera. Dieu nous exhorte de fuir le mal pour aller vers le bien. Ayons confiance en Dieu et rappelons-nous que seul Lui est maître des lieux. C’est Lui seul qui décide de tout, de nos vies. C’est Lui qui choisit les personnes qui tomberont malades et celles qui seront épargnées par cette pandémie. Cette maladie ne décide pas de tout. C’est une créature de Dieu.’ Cette citation est intemporelle. Apprenons à décoder les messages de cet homme de Dieu, c’est du super lourd’’.
 
‘’La résilience n’est pas héréditaire’’
 
Aux yeux de l’économiste, Serigne Mountakha Mbacké n’a jamais laissé le virus décider de tout, au moment où les Sénégalais, le monde entier, avaient peur. Le ‘’Restez chez vous’’ n’était pas simplement un concept, mais une obligation pour certains. La peur fait partie de la palette des émotions humaines. Elle se manifeste lorsque la situation échappe à l’homme, lorsqu’il n’a, ou pense n’avoir, plus aucun contrôle. Heureusement, nous avons comme khalife Serigne Mountakha, un savant, un grand intellectuel, un homme d’une dimension spirituelle et intellectuelle inégalable, d’après Serigne Sam Mbaye (paix à son âme), un homme qui ne connait pas la peur, qui ne subit pas la pression. Serigne Mountakha Mbacké se pose toujours une seule question : si c’était Serigne Touba, que serait son attitude ? C’est de la même façon que nous allons agir. Nous voyons chez Serigne Mountakha Serigne Touba. Une décision impopulaire qui surpasse l’actualité brûlante, c’est ce qu’on attend d’un guide, d’un leader, d’un chef en temps de crise’’, renseigne-t-il.
 
En désignant l’homme comme son ‘’khalifat’’ sur terre, selon le Dr Diagne, Dieu a fixé son champ d’action qui se résume en ces deux points fondamentaux, à savoir peupler la terre et mettre en valeur ses nombreuses richesses. Pour mettre en valeur les richesses de la terre, l’homme doit dominer totalement toutes les autres créatures. ‘’L’homme est un être évolutif possédant une finalité ; il doit surmonter les aléas de la vie. Il doit être résilient. La résilience permet à un individu affecté par un traumatisme de se reconstruire. Une définition ‘humaniste’ s’impose : ‘La résilience est la capacité d’une personne ou d’un groupe à continuer à se projeter dans l’avenir, en présence d’événements déstabilisants comme le coronavirus, de conditions de vie difficiles, de traumatismes parfois sévères.’ Cette formulation a le mérite de mettre en lumière la double caractéristique de la résilience qui en fait l’originalité : c’est à la fois la résistance à la destruction et la construction d’une existence valant d’être vécue. Si être résilient c’est de ne pas nier le danger, ni d’ignorer les difficultés et conséquences désastreuses qu’il cause, mais de décider à faire face pour surmonter l’évènement : Serigne Mountakha Mbacké est l’homme le plus résilient au monde’’, pense-t-il.
 
Avant d’ajouter : ‘’La résilience n’est pas héréditaire, elle n’est pas innée. C’est un processus continu qui va durer toute une vie. Mais face à l’épreuve, ça s’apprend. Serigne Mountakha fait encore un cours magistral, le jour de la Korité 2020 : ’Le Corona a été créé de la même manière que nous avons été créé par l’unique Créateur. Il suit strictement les instructions qui lui ont été données. C’est donc à nous de faire de même.’ Ce qui signifie que l’homme doit poursuivre sa mission et ne dois pas se considérer comme une victime. Il doit être flexible et enthousiaste face à une nouvelle donne, qui a aussi sa mission. Alors, il est essentiel d’accepter les situations et d’y faire face, plutôt que de les ignorer en espérant que peut-être elles disparaitraient toutes seules. Une catastrophe peut arriver sans que l’homme n’ait le contrôle. Il est nécessaire d’apprendre à surmonter les pires épreuves, car l’homme peut être, à tout moment, une cible arbitraire. Le pire, c’est que s’il se sent comme une victime, c’est là qu’il n’arriverait pas à s’en sortir.’
 
La communauté mouride face à la gestion des crises et des pandémies depuis 1883
 
En outre, selon lui, l’histoire enseigne comment, de 1883 à nos jours, la communauté mouride a développé des capacités de résilience comme le courage, la persévérance, en gardant toujours l’optimisme, le positivisme et le sourire. La pire des catastrophes dans la vie ne peut pas la briser. ‘’La résilience n’a aucun pouvoir pour repousser les difficultés, afin de nous mettre à l’abri des chocs durs de la vie, mais elle va nous permettre de résister aux difficultés et de développer en nous un être encore plus fort. Même si l’adversité croise notre route, elle nous donne l’espoir de mener encore une vie épanouie. L’espoir fait vivre ; ne nous en privons pas’’.
 
L’économiste est donc d’avis que le monde a évolué. Que Serigne Mountakha Mbacké a décidé, dès le début, de poursuivre sa mission en cohabitant avec cette créature de Dieu (Covid-19) qui aussi a sa mission sur terre.    
 
CHEIKH THIAM

 

Section: