Publié le 13 Nov 2018 - 22:37
RELATION DIABETE ET AGE

L’inquiétante propagation chez les jeunes

 

Certaines pathologies jadis notées chez les adultes prennent des proportions très inquiétantes chez les jeunes. C’est le cas du diabète dont la journée mondiale sera célébrée demain.

 

Le diabète est une maladie chronique qui ne se guérit pas, mais que l’on peut traiter et contrôler. Il est causé par plusieurs facteurs. À la longue, un taux de sucre élevé dans le sang entraîne certaines complications, notamment au niveau des yeux, des reins, des nerfs, du cœur et des vaisseaux sanguins.  Cette maladie a connu une proportion chez les jeunes. Mais pour le professeur Saïd Nourou Diop, cela n’est pas lié au mode de vie. Parce que les jeunes sont atteints par le diabète de type 1. Il l’a fait savoir hier au cours d’une conférence de presse organisée en prélude à la Journée mondiale de lutte contre cette maladie prévue le 14 novembre.

Selon le diabétologue, les types 1 et 2 de la pathologie sont les deux formes les plus importantes. Le diabète de type 2, dit-il, touche essentiellement les adultes et est lié surtout à un problème héréditaire et de mode de vie. Par contre,  celui de type 1 est lié à des facteurs qui ne sont pas encore tout à fait maîtrisés. ‘’Il y a une destruction des cellules qui produisent l’insuline, cette hormone secrétée par le pancréas et qui régule le taux de sucre de chaque individu. Les cellules qui la produisent sont détruites à au moins 70 %, ce qui  fait que ces jeunes deviennent diabétiques. Si, aujourd’hui, on dit qu’il y a des jeunes de plus en plus diabétiques, ce n’est pas lié au mode de vie. Parce que rien, dans les études, ne permet de dire que le mode de vie intervient sur ce type’’, a-t-il précisé.

Par contre, a-t-il souligné, les parents font beaucoup plus attention aujourd’hui et les enfants  meurent de moins en moins, parce qu’on les amène très tôt. Contrairement aux années précédentes où beaucoup d’enfants mourraient avant que leur diabète ne soit découvert.

Néanmoins, il a conseillé aux parents de faire encore beaucoup plus attention à leurs enfants. ‘’Quand vous voyez votre enfant maigrir, se lever trop souvent pour aller faire pipi, attention, il faut demander une consultation. C’est un des facteurs qui font qu’on a l’impression d’avoir plus de diabétiques de type 1 parce qu’ils sont dépistés plus tôt’’.

Favoriser l’allaitement maternel exclusif

D’après le professeur Maïmouna Ndour Mbaye, Directrice du centre Marc Sankalé, le diabète de type 1 est un processus auto-humain. Cela veut dire que c’est l’organisme lui-même qui se retourne contre ses propres constituants et qui détruit ses propres organes. ‘’On ne maitrise pas ce processus qui détruit le pancréas. Des études sont en cours. Il n’y a pas de médicaments, à l’heure actuelle, pour guérir le diabète de type 1, mais l’espoir est permis. Il y a beaucoup d’avancées dans la prise en charge et le traitement de ces affections à vie’’, a expliqué le Pr. Ndour.

Ce spécialiste a fait savoir qu’il y a un programme dénommé ‘’Changer la vie des diabétiques de type 1’’ (Cdac) initié au Sénégal en 2018. Dans ce programme, l’insuline, les technologies pour la surveillance de la maladie, la consultation, l’éducation sont mises à disposition gratuitement pour les sujets âgés de 0 à 18 ans. ‘’C’est un apport énorme, une aide très significative pour les patients diabétiques de type 1 et pour leurs familles. Surtout quand on sait le poids que représente cette maladie pour les familles’’, a-t-elle ajouté.

Par ailleurs, le professeur Saïd Nourou Diop a souligné que le personnel médical ignore ce qui pousse le corps à se retourner contre ses propres cellules. Par contre, il y a eu des études faites dans les pays scandinaves dans les années 1980-1990 et qui montraient que lorsqu’on nourrit les jeunes enfants de moins de 3 mois avec du lait de vache, cela peut être un facteur de destruction des cellules du pancréas. Dans une thèse hypothèse, il n’y a pas de quoi s’inquiéter au ‘’pays de la  Téranga’’. ‘’Le Sénégal va de plus en plus vers l’allaitement maternel exclusif pendant les 6 premiers mois. (…) Donc, il faut continuer à favoriser cet allaitement’’, a-t-il conseillé.

PROFESSEUR MAÏMOUNA NDOUR MBAYE,  DIRECTRICE DU CENTRE MARC SANKALE

‘’L’avancée en âge est un des facteurs de risques de développer le diabète’’

‘’Diabète et famille’’. C’est le thème choisi cette année par la Fédération internationale pour célébrer la Journée mondiale du diabète. Son choix s’explique par le fait que la maladie est une affaire de famille. Du moins, selon la directrice du centre Marc Sankalé, Professeur Maïmouna Ndour Mbaye. A l’en croire,  la famille a une grande part de responsabilité, parce que beaucoup de facteurs dépendent de l’alimentation. Elle préconise ainsi d’unir les forces autant des patients, des familles, des professionnels de santé que des médias pour sensibiliser tout le monde sur l’importance de la maladie et la prévention. ‘’Le diabète peut être prévenu par l’adoption de mode de vie saine et par les mesures qu’il faut prendre pour éviter que les sujets déjà atteints ne développent la maladie. Parce que l’avancée en âge est un des facteurs de risques’’, souligne-t-il.

Ce qui fait dire au point focal diabète de la Division de lutte contre les maladies non transmissibles au ministère de la Santé et de l’Action sociale, Docteur Babacar Guèye, que les  pays africains sont confrontés au double fardeau de la proportion des maladies non transmissibles. En plus, les 4 pathologies responsables à 80 % de la mortalité prématurée (décès qui surviennent entre 40 et 70 ans) sont le cancer, les maladies cardiovasculaires, le diabète. S’agissant du Sénégal, l’enquête steppe faite en 2015 a montré que la prévalence du diabète est de 3,4 %. Dans cette enquête, souligne le Dr Guèye, il a été relevé que plus l’âge est avancé, plus la prévalence est importante. ‘’C’est pour cette raison que dans la tranche d’âge 45-59 ans, la prévalence est de 7,9 %. La tranche 60-69 ans, elle, est de 11 %. En plus de cela, cette maladie a beaucoup de complications cardiaques liées à l’insuffisance rénale chronique.  La journée est une occasion de sensibiliser sur la prévention et le diagnostic précoce de la maladie’’, a-t-il fait savoir.

Dans la même veine, le professeur Saïd Nourou Diop, diabétologue, a souligné qu’au Sénégal, les acteurs ont très tôt compris que le diabète est une affaire de famille.  C’est pourquoi, quand un enfant se présente au centre, on demande aux parents de venir. ‘’Il fallait une mobilisation sociale et c’est seulement cette année que la fédération a pris les devants. Alors que nous, depuis très longtemps, nous nous sommes dit que si la famille n’est pas impliquée, le travail reste compliqué. C’est ce qui explique le fait que l’insuline est quasiment gratuite depuis 2004, avec une subvention de 300 millions du ministère de la Santé et de l’Action sociale’’.

VIVIANE DIATTA

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