Publié le 13 Oct 2012 - 22:57
RELATION FRANCE AFRIQUE

Cette autre ''Pomme à fric''

 

 

Très attendu 5 ans après celui révisionniste et négationniste de son prédécesseur Nicolas Sarkozy qui affirma que ''l'homme africain n'est assez entré dans l'histoire'', le discours dakarois pour le Sénégal et l'Afrique du président François Hollande a été réaliste, un brin flamboyant, parfois flatteur, à défaut d'être porteur d'une grande rupture.

 

Avant lui, à l'orée des années 60, le géant De Gaulle a dû se résoudre à lâcher aux Africains : ''Si vous voulez l'indépendance, prenez-là.'' S'en est suivie une vague de largages des amarres politiques d'avec la Métropole colonisatrice. Bien des années plus tard, dans les années 90, l'autre François, Mitterrand en l'occurrence, a balancé la bombe démocratique sous condition de l'aide au développement. Le printemps des libertés passa par là, permettant des avancées décisives un peu partout à travers le continent noir. En 2009, au Ghana, le président des États-Unis a fait fort de dire que ''L'Afrique n'a pas besoin d'hommes forts, mais d'institutions fortes''.

 

S'il dit sa confiance dans l'avenir d'un ''grand continent émergent" débarrassé de la nébuleuse Françafrique, le speech de Hollande est arrive à l'heure convenue. Il est somme toute l'émanation d'un président normal qui aspire à des relations normales avec une Afrique partenaire, elle-même parvenue à la normalité démocratique. Croyons donc Hollande, au moins sur parole, même si avant lui Sarkozy avait aussi décrété en parole, la mort de la Françafrique. Il est vrai que cette porteuse des mallettes aux hommes politiques français, de commissions occultes et dessus de table dans les passations de marchés, de parrainage de coups d'État militaire ou civil et de cautionnement de biens mal acquis planqués en Occident et autres paradis fiscaux, est préjudiciable au développement démocratique, économique et social des peuples africains.

 

Mais que dire, M. Hollande, de cette aliénation économique et donc sociale drapée des oripeaux cette fois-ci officiels du Fonds monétaire international, de la Banque mondiale, de l'Organisation mondiale du commerce, ainsi que de tous les mécanismes institutionnels étatiques et communautaires dits d'aide au développement ?

 

L'Afrique souffre autant sinon plus des stratégies de démantèlement de son tissu industriel savamment orchestré dans d'obscures officines aux services du capitalisme prédateur et du détournement légalisé. Ce transfert massifs de fonds est aussi bien le fait de multinationales peu scrupuleuses au profit de leurs actionnaires que de vos nombreux fonctionnaires, consultants et assistants techniques qui grèvent la moitié des financements par le biais de missions, consultances, séminaires, conférences et autres colloques grassement rémunérées. Lesquels, en expatriés bénis, profitent bien des traitement salariaux, logements de fonctions, équipements mobiliers et automobiles princiers et inimaginable en deçà des Pyrénées.

 

Comme si plus d'un demi siècle d'éducation et de formation n'ont pas produit de ressources humaines qualifiées, dont certains ont été vos condisciples dans vos établissements de référence. Cette autre ''France à fric'' mérite rupture pour que le respect, le partenariat et le cheminement ''épaule contre épaule'' vous installe dans le cercle restreint de ceux qui ont fait bouger les lignes de l'humanité.

 

Mamadou Lamine BADJI

 

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