Publié le 20 Nov 2018 - 05:42
RETRAIT DE L’AGREMENT DE LEAD AFRIQUE FRANCOPHONE

La société civile réclame l’annulation de l’arrêté

 

La décision prise par l’Etat du Sénégal de mettre fin à l’agrément de l’Ong Lead Afrique, désignée comme le principal bailleur de fonds du mouvement citoyen Y en a marre, est une pilule amère pour la société civile sénégalaise. Celle-ci a constitué un front et réclame le retrait immédiat de l’arrêté du ministère de l’Intérieur.  

 

Le retrait de l’agrément de l’Ong Lead Afrique francophone a poussé les organisations de la société civile sénégalaise à se retrouver dans le cadre d’une initiative spontanée. C’est pour, informent-elles, ‘’défendre et préserver les droits des citoyens, associations et Ong au Sénégal’’. Dans une déclaration commune, elles dénoncent ‘’les actions de réduction de l’espace civique et d’entrave à la liberté des citoyens et des organisations de défense des droits humains par le gouvernement du Sénégal’’.

En fait, la société civile digère mal l’arrêté pris, vendredi dernier, par le ministère de l’Intérieur ordonnant la cessation immédiate des activités de l’Ong sur le territoire national. Elle réclame son retrait immédiat. Mieux, le collectif fait savoir qu’il informera très prochainement d’un plan d’action pour donner suite à cette prise de position.

Outre cette décision qui frappe Lead Afrique francophone, les organisations fustigent la persécution dont sont victimes certaines Ong. En fait, le retrait de l’agrément a été précédé par la convocation des responsables de l’association qui ont été auditionnés, le mardi 13 novembre, de 15 h à 20 h, au commissariat central. D’ailleurs, rappelle le collectif, trois autres responsables d’Ong, notamment Enda Tiers-monde, Oxfam et Osiwa, avaient été convoqués, dans le cadre d’une enquête ouverte sur des présumés financiers irréguliers au profit de l’association Y en a marre. Un acte que les organisations de la société civile dénoncent. Aussi témoignent-elles leur solidarité aux associations Y en a marre, Enda et Lead Afrique francophone qui ‘’font l’objet de persécutions injustes’’ de la part du ministère de l’Intérieur.

Arrêt des intimidations

‘’Au-delà de cet acte grave et inacceptable dans le fonctionnement d’un Etat de droit, il faut constater des tentatives répétées, depuis un certain temps, de l’autorité publique de réduire l’espace public d’expression des citoyens et des organisations de la société civile par des menaces et actes d’intimidation qui ne peuvent prospérer dans notre démocratie qui consacre les libertés individuelles et collectives et la participation citoyenne dans sa charte fondamentale et dans l’essentiel des textes juridiques organisant la République sénégalaise’’, fustige la société civile.

Très critique à l’endroit de l’actuel régime, le collectif dit se rappeler de la décision du gouvernement sénégalais de dénoncer les accords de siège liant le gouvernement du Sénégal à certaines Ong, en 2011. Autant d’actes qui poussent les organisations à considérer ‘’que les périodes électorales sont des moments de tensions et de mise en œuvre de stratégies d’endiguement des forces sociales qui, pourtant, ne travaillent que dans le cadre de l’intérêt public à travers des actions destinées au progrès économique et social des citoyens et au renforcement de notre démocratie’’.

Face à cette situation, la société civile invite le gouvernement du Sénégal à un respect strict des principes consacrés par la Constitution, loi fondamentale du pays, ainsi que les différents engagements internationaux dont l’Etat du Sénégal est partie. Cela, indique le collectif, ‘’doit se traduire par l’annulation de l’arrêté visant l’association Lead Afrique francophone et le respect de ses droits et l’arrêt des actes d’intimidation en cours contre d’autres organisations’’.

FATOU SY

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