Publié le 19 Jan 2019 - 19:32
SAINT-LOUIS - DETOURNEMENT DE DENIERS PUBLICS, LICENCIEMENTS …

La chambre de commerce en pleine tempête

 

 Licenciement, demande d’explication, détournement de deniers publics et emprisonnement. La coupe est pleine à la chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de Saint-Louis où le président de la chambre et les employés sont à couteaux tirés. Les deux parties se rendent coup pour coup.

 

Rien ne va plus à la chambre de commerce, d’industrie et d’agriculture de Saint-Louis, si l’on se fie à Boubacar Lom. Le secrétaire national chargé du contentieux et des affaires juridiques de la Fédération Générale des Travailleurs du Sénégal (FGTS/B), dirigée par Sidiya Ndiaye, s’est rendu dans la ville expressément pour des affaires de licenciement, de demande d’explication et d’emprisonnement d’employés. Si l’affaire défraie la chronique, dans la vieille ville, Boubacar Lom l’a jugée ‘’abracadabrante’’, lors d’une conférence de presse.

Le syndicaliste, en présence de Talam Fall, secrétaire général de l’intersyndicale de la FGTS/B, d’Insa Mbodj, chargé des revendications, et de Yaya Dramé, membre du bureau exécutif, conteste le licenciement de la secrétaire générale de la chambre de commerce par le Président.  « Ce licenciement est arbitraire », martèle le syndicaliste. Qui renseigne que Cheikh Sourang l’a licenciée, sans l’avis du ministre du Commerce, parce qu’il voulait lui faire signer des papiers administratifs, financiers et des plaintes ; ce que la secrétaire générale a catégoriquement refusé.

Il s’y ajoute que le comptable Alassane Fall a été placé sous mandat de dépôt, pour « détournements de deniers publics par le Président et non pas par la chambre. C’est une affaire qui remonte de la gestion de Feu Abibou Diéye, à l’époque Président de la chambre en 2008, alors que lui n’était que membre », explique Boubacar Lom. Qui parle de représailles de la part de Cheikh Sourang qui n’a pas pardonné au comptable d’avoir syndiqué les travailleurs à la FGTS. « Il oublie qu’il traine des casseroles et que s’il nous déclare le combat, il aura la guerre », menace Boubacar Lom. D’ailleurs, il fait remarquer qu’il n’est qu’un ‘’président intérimaire et non effectif’’.

Dénonçant un ‘’vrai abus de pouvoir’’, il s’est aussi appesanti sur les demandes d’explication distribuées à certains travailleurs. « Abusant de son pouvoir et ne se fiant pas au code travail, il a amené un huissier pour constater les retards et absences, tous les jours », explique-t-il. 

La FGTS demande l’ouverture d’une enquête

La FGTS/B demande ainsi l’ouverture d’une enquête sur la gestion de Cheikh Sourang et surtout des éclaircissements sur l’argent de la réfection de la chambre de commerce financée par le COSEC. La formation syndicale souhaite aussi la lumière sur l’achat de véhicule pour le secrétariat général provenant de l’UEMOA. A l’heure où Saint-Louis se positionne, avec la découverte du gaz, du pétrole et le développement de l’agriculture qui font de la région, la 2e sur le plan économique, après Dakar, les syndicalistes considèrent qu’elle ne mérite pas un Président de la trempe de Cheikh Sourang. Ils tirent la sonnette d’alarme et invitent les autorités à prendre leurs responsabilités.

D’autant que l’institution est sur la sellette, depuis quelques mois. Des travailleurs ont même trainé le Président Cheikh Sourang devant l’inspection de travail. Mais, selon les syndicalistes, ce dernier refuse de déférer à la convocation. « Celui-là se moque des autorités et il dit partout qu’il ne répondra pas », s’étrangle-t-il. Il estime que la chambre de commerce est un bateau sans capitaine et sans équipage. « Le Président fait ce que bon lui semble et nous pensons que c’est à l’Etat, notamment le ministre de tutelle, de prendre ses responsabilités », poursuit le syndicaliste. Qui rappelle que les travailleurs sont des êtres humains, des responsables de familles qui « sont restés des mois sans salaire. Dés fois, ils sont payés au compte-goutte », peste-t-il.

A ce propos, les syndicalistes révèlent que le Président Cheikh Sourang a attendu la tenue de la 1ére foire internationale de Saint-Louis pour payer quelques mois. « Son objectif était de museler ces travailleurs, mais qu’il sache que c’est peine perdue », disent-t-ils. Avant de formuler cet avertissent : « il aura en face de lui tout le syndicat et nous allons bientôt descendre à Saint-Louis pour une marche ».

Cheikh Sourang : « j’ai l’aval des membres de la chambre de commerce ».

Face à ces accusations, le Président de la chambre de commerce a fait face à la presse pour apporter des éclaircissements. Concernant le licenciement de la secrétaire générale Madame Dia née Penda Sow, il révèle que la décision a été prise sur la base d’un dossier motivé qu’il a soumis au ministre du Commerce. « Je me suis référé à l’article 55 qui régit les chambres consulaires », dit-il. Avant d’énumérer les griefs à son désormais ex-secrétaire générale : absence de rapports trimestriels pour les membres de la chambre, rétention d’informations, mauvaise manière de servir et acte de défaillance, retards et absences.  

Documents à la main, le Président de la chambre de commerce précise que c’est un huissier qui a fait les constats. Ensuite, « le ministre a pris l’acte numéroté 31 Octobre 2018 mettant fin à sa fonction. Elle a fauté et elle a été démise de son poste de responsabilité », dit-il.

A propos de l’emprisonnement du comptable, Cheikh Sourang dit avoir constaté que, de 2008 à 2013, la somme de 8 millions 370 mille francs, provenant de la location d’un hangar à l’hydrobase appartenant à la chambre, n’a pas été versée dans les comptes. « Une lettre lui a été adressée pour des explications. Le comptable a reconnu avoir encaissé l’argent et dit l’avoir déposé dans les comptes d’ECOBANK et de la BICIS. Mais, hélas, rien n’a été fait. Par la suite, il a avoué avoir détourné l’argent », motive-t-il. Toujours, selon lui, le comptable a refusé de payer par moratoire la somme due. De ce fait, c’est à la suite d’une réunion élargie qu’il a eu l’aval de déposer une plainte contre le comptable. « J’ai eu carte blanche des membres de la chambre », précise-t-il.

Cheikh Sourang s’est aussi expliqué sur les demandes d’explication servies aux travailleurs. Il soutient que ces derniers passent leur temps à encaisser l’argent des registres de commerce. « Le matin, ils viennent déposer leurs sacs et vont au tribunal pour faire autre chose. Alors, j’ai pris la décision de leur servir des demandes d’explication et ceux qui ne veulent pas travailler vont partir. Je leur ai tous servi des lettres de mise à pied », renseigne-t-il.

Enfin, concernant les salaires non payés, le président de la chambre annonce que la chambre n’a pas encore reçu le quatrième trimestre. « Les ressources additionnelles qui pouvaient soutenir ce manque ont été détournées par ces gens-là », accuse-t-il.

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