Publié le 30 Apr 2024 - 15:44
SAINT-LOUIS : LUTTE CONTRE LES VBG DANS LES UNIVERSITÉS

L’UGB et l’UADB donnent le tempo

 

Depuis  une décennie, la violence basée sur le genre (VBG)   est devenue une réalité dans les espaces universitaires du Sénégal. Un phénomène inquiétant  qui a incité  le Réseau ouest-africain des jeunes femmes Leaders/Sénégal à mettre en œuvre le projet “Mettre fin aux violences basées sur le genre en milieu universitaire” à l'UGB de Saint-Louis  et  Alioune Diop de Bambey.  D'ailleurs, les recherches partagées par le Groupe d'études genre et société (Gestes)  nécessitent l'implication de toute la communauté universitaire pour juguler le mal.

 

La violence basée sur le genre est malheureusement devenue une réalité préoccupante dans les espaces universitaires. Elles  affectent présentement  la sécurité, le bien-être et l'épanouissement des membres de la communauté universitaire.

Selon des enquêtes du Groupe d'études genre et société (Gestes) de l'UGB, dans les VBG enregistrées, la violence physique  est la forme la plus fréquente avec plus de la moitié  des cas répertoriés (51,2 %).  Elle est l’apanage des hommes qui sont les principaux responsables dans plus de 60 % des cas.

Pour le chercheur au Gestes Diabel Ndiaye,  les VBG sont une réalité  qu'on ne peut plus ignorer dans le milieu universitaire. ‘’Les recherches démarrées en janvier  dans le cadre du projet suivent leur cours dans les universités de Saint-Louis et de Bambey. Mais les premiers résultats partagés à l'UGB montrent que les formes de violence sont diverses et variées. Elles  sont verbales, morales, psychologiques. On note aussi des cas de harcèlement et beaucoup  de  cas de violences physiques. Ces dernières  sont souvent liées aux manifestations dans les universités”, a souligné   Diabel Ndiaye. Avant  d'expliquer que  la prévalence  diffère selon le sexe, suivant  les formes  de violence. “Les étudiantes  sont plus touchées par les harcèlements,  les violences morales et psychologiques. Par contre, chez les hommes,  on note plus les violences physiques  qui ne sont pas toujours   basées sur le genre, mais sont plutôt liées  aux manifestations de grève,  entre autres”, a-t-il ajouté.  

Le chercheur  au Gestes de l'UGB a également regretté la non-dénonciation des violences dans les espaces universitaires. “Dans les universités, on enregistre un faible taux de signalements et c'est important à noter. Cette situation de faibles signalements  interpelle  les autorités  dans tous ses aspects. Raison pour laquelle il faut accentuer la sensibilisation et mettre en place des dispositifs pour permettre aux victimes de violence de dénoncer  leurs cas”, a suggéré  Diabel Ndiaye.

Les violences physiques représentent plus de 51 % des cas VBG 

Cependant, on note l’absence de politiques ou de charges pour prévenir et lutter contre les VBG dans plusieurs universités. Pourtant, l’université est un espace privilégié de production de connaissances, mais avec peu de formations sur les droits humains des femmes, d’où l’intérêt de renforcer les capacités du personnel des centres universitaires et des associations d’étudiantes sur ces droits et la nécessité de créer  un cadre permettant aux étudiantes d’étudier dans de meilleures conditions.  

Pour Rokhaya Dia Ndiaye du  Groupe d'études genre et société (Gestes) de l'UGB, l’atelier de partage des premiers résultats du projet a permis d'intégrer les autorités de l'UGB et l'ensemble de la communauté universitaire dans la lutte contre les VBG.  “L'objectif, c'est de créer un cadre d'échanges, de prise en charge des VBG en milieu universitaire.   Nous l'avons noté, les violences  ne sont pas souvent prises en charge au niveau des universités. Bien qu'il existe  des cellules genre,  des comités de dialogue social, mais ce qui manque à la chaîne, c'est  le cadre de prise en charge des VBG. C'est pourquoi nous avons beaucoup insisté sur la sensibilisation et la formation via  les différentes activités  déroulées par le projet dans les universités de Saint-Louis et de Bambey”, a déclaré  Rokhaya Dia Ndiaye. Soulignant que le concept même  de la violence pose problème parce que beaucoup n'arrivent pas à distinguer les types de violence dont ils peuvent être victimes.  “Il y a des violences  physiques, sexistes, morales, verbales et psychologiques.  Donc, il y a un problème de définition de ce phénomène. D'où la nécessité de renforcer les capacités des acteurs pour qu’ils  puissent se rendre compte de ce qu'est réellement la violence. Beaucoup  d'acteurs  dans le milieu universitaire se sont rendu compte  au cours des différentes activités  qu'ils subissent ou font de la violence sans le  savoir”, a-t-elle poursuivi.  

Il faut signaler  que  ce projet vise également à promouvoir une culture du respect, de l'égalité et de la bienveillance au sein de l'université, favorisant un environnement sûr, inclusif et respectueux pour tous. En sensibilisant les acteurs universitaires et en renforçant les capacités de prévention et d'intervention, le Réseau ouest-africain des jeunes femmes leaders/Sénégal (ROAJELF/Sénégal) aspire à transformer les normes sociales et à combattre les stéréotypes de genre qui alimentent la violence et les discriminations.

Après  les différentes activités déroulées par le projet et les ateliers de partage, de fortes recommandations sont formulées pour encourager la mise en place des structures de prise en charge des VBG.

IBRAHIMA BOCAR SENE (SAINT-LOUIS)

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