Un maître coranique au daara Serigne Saliou Mbacké de l’Unité 19 des Parcelles Assainies encourt 10 ans de prison ferme, pour le viol d’une élève de 6 ans.

Alors que le débat fait rage sur l'opportunité de fermer les daara qui sont en marge de la loi, une affaire de viol pollue l’atmosphère au niveau de l’un de ces établissements où est dispensé l’enseignement religieux. Il s’agit précisément du daara Serigne Saliou Mbacké de l’Unité 19 des Parcelles Assainies dont l'un des maîtres coraniques, S. S. Lô, est accusé d’avoir abusé d’une élève de 6 ans, le 13 février dernier.

Hier à la barre, la victime a réitéré ses accusations contre l'enseignant S. S. Lô. Lorsque la présidente de l’audience lui a demandé : ‘’Est-ce que tu connais celui-là ?’’, la fillette a répondu sans ambages : ‘’ C’est mon maître coranique’’. ‘’Qu’est-ce qu’il t'a fait ?’’ a poursuivi la juge. En toute innocence, la victime debout sur l’estrade a rétorqué : ‘’Il m’a enfermé dans le garage où il m’a giflée. A mon réveil, j’avais mal aux parties intimes’’. Justement, c’est à cause des douleurs dont souffrait sa fille que la dame F. Bèye a fini par la conduire chez un médecin pédiatre, le lendemain. ‘’Elle m’avait dit avoir reçu un coup de pied aux parties intimes, mais j’avais constaté qu’elle se tordait de douleur lorsqu’elle faisait ses besoins’’, a confié la mère de la victime.

Voulant en savoir davantage sur ces douleurs, elle l’a fait examiner. ‘’Quand j’ai regardé ses parties intimes, j’ai constaté que le trou était béat et qu’elle avait une blessure. J’ai même découvert des traces de sperme sur son slip’’, a déclaré la dame. Selon ses dires, lorsqu’elle a interrogé sa fille, celle-ci a désigné un certain Babacar qu’elle est allée chercher au niveau du daara. Seulement, arrivée sur place, la fillette a fait volte-face, en pointant un doigt accusateur sur son maître coranique, S. S. Lô, qui s'est rendu tôt le lendemain matin à Touba, sans aviser personne.

''J'ai infligé une petite correction à la fillette''

À la barre, le prévenu a nié. ‘’Mon patron était au courant de mon voyage. Je voulais profiter du jeudi qui est mon jour de repos, car mon grand-père m’avait demandé de venir à Touba à la première occasion’’, s’est-il justifié. Une manière pour lui de clamer son innocence. En revanche, il a reconnu avoir infligé une petite correction à la fillette. Brandissant les trois certificats médicaux attestant l’existence de viol, l’avocat de la partie civile a réclamé le franc symbolique. Car, aux yeux de Me Aly Fall, le maître coranique est coupable des faits qui lui sont reprochés.

Le même sentiment est partagé par la représentante du parquet qui juge suspect le déplacement du prévenu à Touba, juste après avoir été accusé. Mieux, elle reste persuadée que si le prévenu était innocent, son employeur n’aurait pas tenté un règlement à l’amiable. En fait, d’après le père de la victime, le responsable du daara a envoyé des émissaires pour arrondir les angles. ‘’Ils m’ont demandé pardon, tout en promettant de prendre en charge les frais médicaux de ma fille’’, a confié M. Diagne. Fort de ces éléments, la parquetière a requis 10 ans ferme. La défense a plaidé la relaxe, en avançant que le second certificat médical écarte le viol, contrairement aux trois autres. Délibéré le 18 mars prochain.

FATOU SY

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