Publié le 17 Jun 2021 - 03:52
SOINS DE SANTE MENTALE

L’OMS met fin aux violations des droits humains 

 

Les patients souffrant de troubles mentales font face à de multiples problèmes dans leur prise en charge. C’est pourquoi l’Organisation mondiale de la santé a donné hier de nouvelles orientations pour mettre fin à ces violations des droits humains.

 

Les personnes présentant des troubles mentales sont toujours traitées dans des hôpitaux psychiatriques. Cela, c’est dans presque tous les pays du monde. Pourtant, comme le montrent les nouvelles orientations publiées aujourd’hui par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), l’approche consistant à dispenser des soins de santé mentale communautaires respectueux des droits humains et centrés sur le rétablissement du patient est à la fois efficace et économique. Selon ces nouvelles recommandations, les soins de santé mentale doivent être assurés au niveau communautaire et englober également le soutien à la vie quotidienne. Cela peut se faire en facilitant l’accès au logement, en faisant le lien avec les services d’éducation et d’emploi. 

Selon le docteur Michelle Funk du Département Santé mentale et abus de substances psychoactives de l’OMS, partout sur la planète, les informations montrent que les atteintes graves aux droits humains et les pratiques coercitives sont encore bien trop courantes dans les pays, quel que soit leur niveau de revenu. Elles peuvent, soutient-elle, prendre la forme d’admissions et de traitements sous contrainte ‘’ou de mesures de contention manuelle, mécanique ou chimique. Elles peuvent prendre la forme de conditions de vie insalubres et de violences physiques et verbales’’, dénonce-t-elle.

En plus de cela, le Dr Funk souligne que les gouvernements consacrent l’essentiel de leur budget de santé mentale aux hôpitaux psychiatriques. Ainsi, d’après les dernières estimations de l’OMS, les gouvernements consacrent à la santé mentale moins de 2 % de leurs budgets de santé.

En outre, la majorité des dépenses de santé mentale déclarées sont consacrées aux hôpitaux psychiatriques, sauf dans les pays à revenu élevé, où ce chiffre est de 43 % environ. C’est pourquoi ces nouvelles orientations, destinées en premier lieu aux personnes chargées, présentent les mesures à prendre dans différents domaines. Il s’agit, entre autres, de la législation, des politiques et stratégies sur la santé mentale. Mais aussi de prestation de services, du financement, du perfectionnement des ressources humaines et de la participation de la société civile. Tout cela, pour s’assurer que les services de santé mentale respectent la Convention relative aux droits des personnes handicapées.

Toujours dans ce nouveau document, intitulé ‘’Orientations et dossiers techniques relatifs aux services de santé mentale communautaires : promotion des démarches centrées sur la personne et fondées sur ses droits ‘’, l’OMS affirme que les soins de santé mentale doivent se fonder sur les droits humains. Cela, conformément aux recommandations du Plan d’action global pour la santé mentale 2020-2030 adopté par l’Assemblée mondiale de la santé en mai 2021. ‘’Ces nouvelles orientations complètes plaident résolument pour une transition bien plus rapide depuis des services de santé mentale qui recourent à la coercition.  Ils sont presque exclusivement centrés sur la prise en charge médicamenteuse des symptômes, à une démarche plus globale et intégrée qui tient compte de la situation particulière de la personne. Il offre également tout un éventail d’approches de traitement et de soutien’’ renseigne le Dr Michelle Funk.

A l’en croire, depuis l’adoption de la Convention relative aux droits des personnes handicapées en 2006, un nombre croissant de pays se sont employés à réformer leurs lois, politiques et services en matière de soins de santé mentale.

Cependant, à ce jour, ils sont peu nombreux à avoir mis en place les cadres nécessaires pour opérer les profonds changements imposés par les normes internationales relatives aux Droits de l’homme. Le rapport donne aussi des informations sur le financement et les résultats des évaluations des services présentés. Les comparaisons fournies indiquent que les services communautaires recommandés produisent de bons résultats. 

‘’La transformation de la fourniture des services de santé mentale doit néanmoins être accompagnée de changements importants dans le secteur des services sociaux. Tant qu’ils n’auront pas été accomplis, on verra se poursuivre les discriminations qui empêchent les personnes atteintes de troubles de santé mentale de mener une vie complète et productive’’, souligne Gérard Quinn, rapporteur spécial de l’ONU sur les droits des personnes handicapées.

VIVIANE DIATTA

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