Khalifa Ababacar Sall étale sa peine

Face aux avocats de la défense, hier, le maire de Dakar a exprimé sa désolation née de cette procédure intentée contre lui. Clamant toujours son innocence, le député Khalifa Sall a également déploré le fait qu’il n’a jamais reçu de convocation ou de courrier provenant de l’Assemblée nationale.
Le maire de Dakar s’est prêté, hier, au jeu de questions-réponses des avocats de la défense. Mais Khalifa Ababacar Sall a commencé à montrer des signes de fatigue. Tout comme le reste de ses co-prévenus. Même le juge Malick Lamotte s’en est rendu compte. Il en a fait la remarque au directeur administratif et financier de la commune de la ville, Mbaye Touré. ‘’Vous êtes fatigué. Ce n’est pas évident de tenir pendant une semaine’’, lui a-t-il lancé. L’économiste lui a répondu avec le sourire, avant de fournir des explications à Me Ndèye Fatou Touré qui lui a posé auparavant une question relative aux fonds politiques.
A sa suite, l’avocate a appelé l’édile de la capitale à la barre. Et c’est pour lui demander s’il assurait sa fonction au niveau de l’hémicycle. Une interrogation à laquelle Khalifa Sall a pris du temps, avant de répondre : ‘’Jamais.’’ Il marque une pause avant de se reprendre : ‘’Je n’ai jamais senti mon statut de député. Je ne reçois ni de courrier ni de convocation. Pis, je n’ai jamais été convoqué à aucune réunion. Sauf que j’ai fait une procuration à mon collègue Cheikh Bamba Dièye pour se rapprocher de l’Assemblée nationale afin qu’il me règle des questions qui concernent surtout les documents administratifs.’’
Revenant sur les faits pour lesquels il a été traduit devant le tribunal correctionnel de Dakar, le maire de Dakar a révélé qu’il a discuté une fois avec une grande autorité religieuse de ce pays. Celle-ci lui a dit que ‘’ces fonds sont connus de tous’’. ‘’Il a parlé même de la caisse qu’Oumar Boun Khatab avait créée pour la communauté musulmane. C’était dédié à ceux qui étaient éprouvés par la vie et par la guerre. Mieux, il me disait qu’il fallait être vertueux dans la gestion de cette caisse d’avance. En 2009, lorsque je lui en ai parlé, il m’a donné sa bénédiction. Depuis, nous avons servi les Dakarois et jamais de nous servir de ces fonds’’, a-t-il indiqué. Non sans faire savoir qu’il a agi dans le cadre de la continuité du service et des lois et règlements qui existent et qui sont applicables. ‘’J’ai parfaitement agi dans la légalité’’, précise-t-il.
‘’Je suis quelqu’un qui ne s’est jamais intéressé ni à l’argent ni aux biens matériels’’
Plus loin, Khalifa Sall déclare : ‘’Il a raison, car je suis quelqu’un qui ne s’est jamais intéressé ni à l’argent ni aux biens matériels.’’ Le premier magistrat de la ville a ainsi signalé que les 2/3 des indemnités qu’on lui payait allaient directement chez les populations. ‘’Ce sont des mandats de maire, parce que je dis que c’est eux qui m’ont élu. C’est mon formateur Mamadou Diop qui me l’avait conseillé, en me disant que c’était comme cela depuis 1983’’, renseigne-t-il.
Etalant son patrimoine, l’inculpé a soutenu avoir acheté 3 terrains. ‘’Pour le terrain de Sacré-Cœur, je l’avais acheté depuis 1983 et jusqu’à présent, je n’ai pas de titre foncier. C’était un prêt de 5 millions de francs Cfa qui a été entièrement soldé. J’ai en un aux Parcelles-Assainies depuis en 1985, à 285 000 F Cfa. Le troisième se trouve à Niague avec 350 000 F Cfa’’, a-t-il énuméré. Le maire de soutenir qu’il a 3 comptes bancaires qui existent depuis 30 et 35 ans. ‘’J’ai même dit à l’Office national de lutte contre la fraude et la corruption (Ofnac) que je suis prêt à leur donner mandat pour qu’ils fassent des recherches sur moi, mes enfants, ma famille, etc. Et je n’ai reçu aucun acte qui contredit l’état de mon patrimoine’’, affirme-t-il. Avant de poursuivre : ‘’Ce sont des biens que j’ai et qui m’appartiennent. Je n’ai pas de compte à l’extérieur, ni dans les comptes offshores. Il faut faire toute investigation sur moi et ma famille. C’est l’exercice que je me suis astreint. Pour mes biens, tout est traçable. Chaque chose que je possède, je peux vous dire comment je l’ai acquise.’’
MAMADOU OMAR BOCOUM, ANCIEN PERCEPTEUR MUNICIPAL ‘’Je ne peux pas conduire un véhicule rempli de délinquants pour commettre un crime économique’’ ‘’J’ai été conseiller financier du maire de Dakar Khalifa Ababacar Sall. Sur les 10 années pendant lesquelles j’ai travaillé pour la commune de cette ville, je n’ai pas vu les quitus à la suite de décaissement de l’argent. Tout au long de cette procédure, je n’ai jamais dit qu’il n’existe pas de fonds politiques. J’ai dit que dans le cadre de la caisse de Dakar, il n’y a pas de texte me disant qu’il s’agit de fonds politiques. De plus, en 2014, il y a eu un changement administratif dans les collectivités locales. Les communes d’arrondissement n’existaient plus. Tout le monde le sait. Mieux, sur la base de ma gestion et l’ensemble des conseils que j’ai reçus, mon inquiétude, c’est d’être une passerelle. Personnellement, je ne peux pas conduire un véhicule rempli de personnes armées, des délinquants encagoulés qui ont l’objectif de commettre un crime économique. Aujourd’hui, il n’y a aucun acte, aucune parole attestant que je suis complice dans cette affaire.’’ |
AWA FAYE