Entre espoir et désillusion

Manipulations et désinformation dans les réseaux sociaux, émigration clandestine, péril terroriste, la jeunesse sahélienne en proie à plusieurs défis liés à la paix et à la sécurité se donne rendez-vous à Dakar, dans le cadre du Symposium de Dakar Jeunesse Paix et Sécurité, prévu en 2026, en prélude aux jeux olympiques de la jeunesse.
Jeunesse-paix et sécurité. La thématique était au cœur des discussions du symposium de Dakar initié par le cabinet Africa Azerty Groupe, en prélude aux jeux olympiques de la jeunesse Dakar 2026. À l’occadion de la cérémonie de lancement, le président d’Afrikajom Center, Alioune Tine, est revenu sur l’impérieuse nécessité d’impliquer les jeunes dans les politiques de promotion de la paix et de la sécurité.
“La paix et la sécurité, ce n’est pas seulement une affaire de l’État ; ce n’est pas non plus l’affaire des militaires. C’est une affaire des populations et en premier des jeunes”, a plaidé l’éminente personnalité de la société civile. Pour lui, il est essentiel que les jeunes s’approprient les politiques de paix et de sécurité, pour relever les défis dans ces domaines.
Alioune Tine n’a pas manqué de faire une cartographie de cette jeunesse qui peut être scindée en trois principales catégories : ceux qui n’ont plus aucun espoir, qui n’ont qu’une envie: partir quelles que soient les conditions ; ceux qui sont instrumentalisés par les marchands d’illusion, des groupes criminels en tous genres, mais fort heureusement selon lui, il y a aussi parmi les jeunes, beaucoup qui restent et qui se battent pour un devenir meilleur.
“Nous avons énormément de jeunes qui sont là et qui se battent pour la protection et la promotion de l’État de droit, de la paix et de la sécurité…. Nous nous devons de leur faire confiance, de les placer au cœur de la mise en œuvre des politiques publiques”, soutient le fondateur d’Afrikajom center.
La jeunesse, un atout et non un fardeau, selon Gl Amadou Anta Gueye
La jeunesse, a ajouté le général Amadou Anta Gueye, ancien directeur général du Centre des hautes études de défense et de sécurité (Cheds), n’est pas seulement source de problèmes, elle est également solution. Selon lui, l’atout du Sénégal et de l’Afrique c’est sa jeunesse. “Elle doit donc être au centre de nos priorités. Mais ce qu’on fait pour cette jeunesse doit émaner de la jeunesse ; elle ne doit pas être pensée sans les jeunes”, a souligné le général, qui s’est également réjoui des dynamiques positives au sein de la jeunesse sénégalaise et africaine. Une dynamique qu’il faut soutenir, encadrer et accompagner, pour en tirer le meilleur profit.
Cela dit, alerte le Général, il ne faut pas appréhender la jeunesse comme une entité homogène. La jeunesse, selon lui, est plurielle. “La jeunesse de Dakar n’est pas celle de Toubacouta ; elle n’est pas celle de Tambacounda. La jeunesse est plurielle ; il faut en être conscient pour une prise en charge efficace de ses préoccupations”, analyse le spécialiste des questions de paix et de sécurité, non sans préciser : “La sécurité c’est avant tout l’affaire de la jeunesse.”
La rencontre s’est tenue en présence de plusieurs partenaires dont des représentants du Système des nations unies à Dakar. Représentante résidente adjointe programme du PNUD, Catherine Phuong est revenue sur la centralité des jeunes dans le programme des nations unies pour la promotion de la paix et de la sécurité, avec notamment l’agenda jeunesse-paix et sécurité adopté en 2015 et qui célèbre ses 10 ans.
Une priorité pour le gouvernement et les nations unies
“Si on doit parler de développement durable pour un pays comme le Sénégal, explique Mme Phuong, on doit nécessairement faire de la Jeunesse une priorité.” Les jeunes, selon elle, ont un rôle clé dans la mise en œuvre de la résolution 2250 du Conseil de sécurité.
D’après la représentante résidente adjointe, le PNUD qui soutient le Symposium de Dakar 2026 travaille sans relâche pour la domestication de l’agenda. “L’objectif c’est de domestiquer cet agenda jeunesse-paix et sécurité, faire en sorte que cette résolution ait un impact dans les pays et sur les jeunes. C’est fondamental pour une prise en charge efficace des questions de paix et de sécurité”, a-t-elle plaidé, rappelant diverses actions engagées dans cette perspective.
Dans le même sillage, les participants ont accordé une attention toute particulière à la question du Numérique et des réseaux sociaux où prolifèrent plusieurs types de menaces pour la jeunesse et pour la stabilité des États. Pour Alioune Tine, il est impératif d’armer les populations, en particulier des jeunes, pour faire face aux différentes manipulations via internet et les réseaux sociaux.
À son avis, les Africains doivent davantage prendre conscience de ce défi et se prémunir contre les nouvelles formes de déstabilisations. Les jeunes, indique-t-il, représentent une cible particulière. “Car, ils sont tout le temps sur les RS. Les vieux on les chasse, on les insulte une fois, deux fois, après ils quittent. Moi on m’a chassé, mais je résiste”, rigole le président d’Afrikajom center très actif sur la toile.
Les jeunes, une proie pour les réseaux mafieux et les puissances étrangères
Dans son intervention, Dr Agbotton a mis l’accent sur la nécessité de transformer la jeunesse en actrice de paix. Et le sport, selon elle, est un excellent levier. “Le lien créé entre la paix, la sécurité et les jeux olympiques est extrêmement important. Parce qu’on retrouve des valeurs communes aux sportifs et aux forces de défense et de sécurité : le respect, la discipline, la persévérance pour aller au delà de nos limites…. Je pense que c’est extrêmement important pour travailler à faire de cette jeunesse un acteur clé de la paix et de la sécurité”, a soutenu Mme Agbotton.
L’éducation, le remède pour la Police nationale Partie prenante au symposium et à l’organisation des jeux olympiques de la jeunesse, la police nationale est revenue sur ses actions en direction de la jeunesse. Selon le Commissaire Mamadou Diouf, chef de la division communication et relations publiques, par ailleurs président de la commission nationale sécurité chargée de la communication et des relations publiques des JOJ pour les fds, l’éducation des jeunes et des enfants est au cœur de la nouvelle politique sécuritaire. En fait, corrige commissaire Diouf, on retient souvent de la Police, le rôle répressif, mais depuis un moment, cette dernière travaille beaucoup sur l’éducation avec le projet Edu-pol-sen (Éducation-police-Sénégal). L’idée, renseigne-t-il, est de créer une jonction entre la police et l’école -que ça soit l’école française ou le daaara-. “Nous voulons permettre aux élèves de pouvoir faire des immersions à travers des journées police portes ouvertes, de découvrir le travail des policiers, et en même temps permettre à la police d’aller à l’école pour des cours sur la sécurité routière, la drogue, la cybercriminalité, des cérémonies de levée des couleurs pour véhiculer les valeurs de la république”, a informé le commissaire Mamadou Diouf. Ces autres défis du symposium de Dakar Dans le cadre du symposium prévu en prélude des jeux olympiques de la jeunesse, il sera question de définir des instruments de réalisation d’une paix définitive dans l’espace Sahel. “Ce symposium permettra de réfléchir avec les Forces de Défense et de Sécurité et des invités venus des pays du Sahel et d’autres régions plus éloignées aux enjeux de cette époque, relativement au changement climatique, à la dynamique démographique, à l’innovation numérique avec la prégnance de l’intelligence artificielle, à la sécurité collective, à l’économie, afin de trouver des solutions qui vont assurer une projection lisible vers le futur”, soulignent les organisateurs. Une telle entre entreprise, selon eux, est un gage pour protéger, encadrer, accompagner notre jeunesse vers un horizon réconfortant. |
MOR AMAR