Publié le 12 Sep 2025 - 13:11
TRANSFORMATION DE L’AGRICULTURE EN AFRIQUE

Heifer International plaide pour des partenariats locaux solides

 

Réunis à Dakar, dans le cadre de l’Africa Food Systems Forum, les acteurs du développement agricole ont reçu un appel fort de Heifer International : renforcer les partenariats locaux pour accélérer la transformation agricole du continent. L’organisation internationale, engagée depuis plus de 80 ans dans la lutte contre la faim et la pauvreté, estime que la coopération entre gouvernements, petits exploitants, jeunes innovateurs, coopératives et secteur privé est la clé d’un avenir agricole prospère et durable pour l’Afrique.

 

L’agriculture représente près des deux tiers de la main-d’œuvre africaine, mais ne reçoit que moins de 4 % des prêts commerciaux. La Banque africaine de développement (Bad) estime le déficit de financement à environ 80 milliards de dollars par an. Une situation qui fragilise les petits exploitants et les PME agroalimentaires, responsables de près de 70 % de la production alimentaire du continent.

Selon Heifer, il ne s’agit pas uniquement de mobiliser plus de ressources, mais de construire des partenariats ‘’plus intelligents’’, qui placent les agriculteurs au centre des stratégies.

Pour Surita Sandosham, présidente-directrice générale de Heifer International, le financement flexible et adapté aux réalités locales peut changer la donne : ‘’L’avenir de l’agriculture africaine reposera sur des partenariats solides et un financement qui aide les innovations à passer de l’idée à l’échelle’’, a-t-elle déclaré. Heifer met en avant le rôle clé de la philanthropie, à condition qu’elle soit alignée avec les besoins du terrain, afin de stimuler l’innovation et d’attirer des investissements privés complémentaires.

Des exemples concrets sur le terrain

À travers son initiative AYuTe NextGen (Agriculture, Youth, and Technology Next Generation), l’organisation place les jeunes et la technologie au cœur de l’avenir agricole. Plusieurs réussites témoignent de cette approche. Au Nigeria, en partenariat avec Hello Tractor, plus de 20 000 agriculteurs ont désormais accès à des services de mécanisation abordables. En Ouganda, des start-up dirigées par des jeunes développent des services mobiles de santé animale et de conseils agricoles, séduisant les investisseurs. Au Kenya et au Rwanda, les coopératives laitières accompagnées par Heifer ont réduit les pertes de lait de 30 %, améliorant les revenus des éleveurs.

Pour Adesuwa Ifedi, vice-présidente Afrique de Heifer International, les résultats montrent qu’’’il faut considérer les agriculteurs comme des partenaires, donner aux jeunes innovateurs des opportunités pour prouver leurs modèles et structurer des financements plus justes’’. L’organisation insiste également sur la nécessité d’intégrer pleinement les femmes et les jeunes, souvent exclus des terres, du financement et des marchés, alors qu’ils constituent l’essentiel de la main-d’œuvre agricole du continent.

L’appel de Heifer rejoint les ambitions du Programme détaillé de développement de l’agriculture africaine (PDDAA/CAADP), qui prévoit plus de 100 milliards de dollars d’investissements agroalimentaires, dont 30 % au bénéfice des femmes et des jeunes. Des entrepreneures comme Carolyne Mwangi, PDG de Kimplanter Seedlings and Nurseries (Kenya) et lauréate d’AYuTe NextGen, rappellent que ‘’les jeunes innovateurs africains ont des solutions, de la mécanisation à la logistique. Ce qu’ils demandent, ce sont des partenaires qui comprennent la réalité agricole et qui les relient aux marchés’’.

Un appel à dépasser les actions fragmentées

En conclusion, Heifer International appelle à rompre avec les interventions ponctuelles et fragmentées pour bâtir des systèmes solides et intégrés, capables de rapprocher agriculteurs, gouvernements, investisseurs et partenaires du développement. Avec des partenariats locaux mieux conçus, l’organisation est convaincue que l’Afrique pourra non seulement renforcer sa sécurité alimentaire, mais aussi offrir des opportunités viables aux investisseurs et assurer des revenus durables aux petits exploitants.

 

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