Publié le 21 Feb 2024 - 13:50
USURPATION D’IDENTITÉ NUMÉRIQUE ET USURPATION DE FONCTION

 Un ASP se faisait passer pour un général et un ministre

 

Après onze jours de détention préventive, Mamadou Rassoul Diouf recouvre la liberté grâce à la peine assortie qui lui a été infligée. Jugé hier devant la barre du tribunal des flagrants délits de Dakar, cet ASP, s’il ne se faisait passer pour le général Meissa Sellé Ndiaye, se faisait passer pour le ministre Birame Faye. Parmi les personnes qu’il a cherché à tromper, il y a l’astronome sénégalais Maram Kairé. C’est sans peine que celui-ci l’a démasqué.

 

Mamadou Rassoul Diouf compte impressionner à tout prix les gens. Agent de sécurité de proximité (ASP) de son état, il a eu l’outrecuidance de se faire passer pour Birame Faye, ex-directeur général de l'Agence d'assistance à la sécurité de proximité (ASP), devenu ministre de l'Artisanat, ou le général Meïssa Sellé Ndiaye, aide de camp du président de la République. Même l’astronome sénégalais Maram Kairé n’a pas été épargné par sa folie.

Pour parvenir à ses fins, celui-ci, chargé de la logistique et gérant la flotte au niveau de l’ASP, a utilisé un numéro de fonction. Avec ce numéro, il a créé un compte whatsapp intitulé ‘’République du Sénégal’’. Il était attribué à l’ex-DG Birame Faye. Mais Mamadou Rassoul Faye s’est abstenu de désinstaller l’application whatsapp installée avec ce numéro. Ne pouvant pas se rapprocher de l’astronome qu’il suivait, a-t-il dit, il a eu l’idée, sur un coup de tête, de lui envoyer un message en utilisant ce numéro de fonction.

Se faisant passer pour le général Meissa Sellé Ndiaye, il lui envoie un message en lui disant : ‘’Je vais vous envoyer un CV. Si le profil vous intéresse, vous pouvez le recruter. Le cas contraire, vous pouvez laisser tomber.’’

Au bout de deux semaines, l’astronome lui répond en lui demandant de voir le CV. L’ASP, qui ne pouvait plus reculer, lui a envoyé son propre CV. Mais Maram Kairé n’est pas tombé dans son piège. L’ayant démasqué, il lui a proposé un appel vidéo, mais celui-ci a refusé.

Placé sous mandat de dépôt depuis le 9 février pour usurpation de fonction et usurpation d’identité numérique, Mamadou Rassoul Diouf a fait face, hier, aux juges du tribunal des flagrants délits de Dakar. À la barre, il a reconnu avoir envoyé un message à Maram Kairé. ‘’Je suivais Maram Kairé.  Je l'ai appelé sans succès avec mon numéro personnel. Un jour, de retour de l'hôpital, j'ai appelé en me présentant comme l’aide de camp du président de la République, le général Meissa Niang’’.

À l’en croire, ce n’est qu’après qu’il s’est rendu compte de sa folie. S’il a prétendu n’avoir commis cette erreur qu’une seule fois, le président lui a rappelé également qu’il a été retrouvé dans son portable un message envoyé à un certain Abdou Mbaye et où il se faisait passer pour le ministre Birame Faye. Celui-ci qui l’avait contacté en premier, lui disait : ‘’Monsieur le Ministre, la situation de Keur Massar est alarmante. Il faut aviser le président de la République.’’  Et le prévenu de lui répondre : ‘’Il ne faut pas baisser les bras. Keur Massar sera renforcé.’’ Mais il persiste dans ses dénégations en affirmant n’avoir jamais répondu à ce message.

À la suite du maître des poursuites qui a requis l’application de la loi, les avocats de la défense ont sollicité une application bienveillante de la loi. ‘’L’usurpation d'identité est incontestable. Mais l’usurpation de fonction n’est pas établie.  En réalité, il a fait une déclaration mensongère, mais n'a pas commis d'acte entrant dans la fonction (gendarmerie). C'est quelqu'un qui a regretté. Il a reconnu avoir fait de la folie. La partie civile s'est désistée, car elle a compris. Il souffre d'une maladie incompatible avec le milieu carcéral. Tendez-lui la perche, c'est un délinquant primaire’’, a plaidé Me Moussa Diouf.  Son confrère Me Ousseynou Fall a précisé : ‘’L'erreur, c'est d'avoir conservé le whatsapp alors que Birame Faye utilisait le numéro.’’  

Au terme de leurs plaidoiries, le tribunal, qui a relaxé Mamadou Rassoul Diouf du délit d’usurpation de fonction, l’a reconnu coupable du chef d’usurpation d’identité numérique. Il a écopé d’une peine d’emprisonnement de deux ans assortis du sursis.

MAGUETTE NDAO

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