Publié le 30 May 2016 - 10:07
VERDICT DU PROCES DE HISSEIN HABRE AUJOURD’HUI

Le peuple tchadien à l’écoute des Chambres africaines 

 

Accusé de crimes internationaux, l’ancien Président tchadien Hissein Habré sera édifié aujourd’hui. Les Chambres africaines extraordinaires (CAE) rendent le verdict tant attendu par les victimes.

 

Après près de 25 ans de quête de justice, les victimes présumées du régime du Président tchadien sauront, ce 30 mai 2016, ce que la justice internationale réserve à leur présumé bourreau, Hissein Habré, accusé de crimes internationaux. Ce lundi, la Chambre d’assises des Chambres africaines extraordinaires (CAE) rend son verdict dans le procès qui s’est ouvert le 20 juillet 2015. Et dont les débats d’audience ont pris fin le 11 février 2016. Né en 1942 à Faya-Largeau (Nord Tchad), le troisième Chef d’Etat tchadien, arrivé au pouvoir après un putsch, est poursuivi pour crimes contre l’humanité, crimes de guerre et crimes de tortures. Selon l’accusation, durant son règne, du 7 juin 1982 au 1er décembre 1990, il a commis des assassinats politiques et autres répressions qui ont engendré des milliers de victimes.

La commission d’enquête nationale, créée le 29 décembre 1990, a identifié 3 780 morts et estime à 40 000 les assassinats politiques. Si jamais le juge Gberdao Gustave Kam et ses assesseurs suivent le réquisitoire du parquet général, l’ancien dictateur tchadien, placé sous mandat de dépôt depuis le 2 juillet 2013, restera en prison pour le restant de sa vie. Le Procureur général avait requis la prison à la perpétuité et la confiscation de l’ensemble de ses biens. Mais la défense a tout naturellement demandé l’acquittement de l’ancien Président. Les avocats des victimes ont, eux, demandé que l’accusation soit corsée, puisque lors de leurs plaidoiries, ils avaient demandé que le viol soit également retenu contre Hissein Habré.

Défense de rupture

Il faut relever que ce procès a été marqué par beaucoup de péripéties. Après inculpation des personnes visées, la commission d’instruction des CAE a effectué plusieurs commissions rogatoires au Tchad où 2 446 victimes ont été entendues, ainsi que 76 témoins. Mais, finalement, une centaine de victimes et témoins ont comparu à la barre de la Chambre d’assises des CAE. Et tous ont fait un témoignage à charge avec des récits des plus poignants. Du côté de l’accusé, c’était le silence total. Hissein Habré, qui conteste la légalité des CAE, a adopté ce que les juristes appellent une ‘’défense de rupture’’. Inventée par le célèbre avocat français Jacques Vergès, la défense de rupture se définit comme la stratégie judiciaire consistant à jouer l'opinion publique contre l'institution de la justice.

Ainsi, depuis le début de l’instruction, l’ex-président n’a pas répondu aux questions des juges. Il a adopté la même attitude à la barre, sauf le premier jour du procès lorsque Hissein Habré s’est mis à injurier les juges, au moment de la lecture de l’acte d’accusation. A un moment, il a refusé de comparaître. Le président Kam a été obligé de recourir à la force publique, après l’échec de la sommation à comparaître servie à l’inculpé par voie d’huissier. Entre l’instruction et la tenue du procès, la défense de Hissein Habré s’est fortement rétrécie. Mes Doudou Ndoye, Ciré Clédor Ly, Cheikh Ahmed Ndiaye et El Hadj Diouf n’étaient plus conseils de l’ex-Président défendu aujourd’hui par Mes Ibrahima Diawara et François Serre. Encore que ces deux avocats ont boycotté le procès sur demande de leur client. Pour parer à cette défection, les juges ont commis Me Mounir Ballal, Abdou Gningue et Mbaye Sène pour assurer la défense de l’accusé tout au long du procès.

Un procès mouvementé avec l’arrestation à deux reprises de proches de Hissein Habré pour trouble d’audience. Les cinq personnes arrêtées, le 7 septembre 2016, avaient finalement bénéficié de la magnanimité du juge Kam. Tout le contraire de l’étudiant tchadien Mahamat Togoy, condamné, quelques jours plus tard à cinq mois d’emprisonnement ferme. Alors que Mahamat Hassan Abakar, président de la ‘’Commission nationale d’enquête sur les crimes et détournements commis par Habré de 1982 à 1990’’, répondait aux questions de l’un des avocats de Hissein Habré relativement à l’imputabilité des faits, l’étudiant s’était mis à le traiter de menteur. Lorsqu’il a été convoqué à la barre, il s’était mis à injurier les juges, en les accusant d’être à la solde de l’Occident. Ensuite, le procès s’est déroulé dans le calme, avec un Hissein Habré enturbanné dont le visage a tout le temps été dissimulé derrière des lunettes noires. Il a assisté à son procès comme un spectateur et a semblé afficher une totale indifférence à ce qui se passait autour de lui. 

FATOU SY

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