Souleymane Macalou, un compatriote sénégalais vivant en France, a passé une après-midi cauchemardesque au consulat du Sénégal à Paris, alors qu’il était venu renouveler son passeport. Un des gendarmes en faction, accuse-t-il, l’a roué de coups avant de le jeter dehors. Il a porté plainte au commissariat de police du 16e arrondissement de Paris. Ce n’est pas l’unique cas, dit-on.

C’est avec un visage complétement défiguré, meurtri dans sa chair, que notre compatriote Souleymane Macalou a franchi le portail du commissariat de police du 16e arrondissement de Paris, pour déposer une plainte, à la suite d’une agression dont il dit avoir fait objet à l’intérieur du consulat du Sénégal à Paris. Devant les hommes du Roland Courraze, le gardien de la paix en fonction à Paris 16, il a relaté son cauchemar dans les moindres détails.

Selon le natif de Tambacounda, il avait déposé son passeport pour renouveler. Un rendez-vous lui a été donné pour le récupérer le 6 courant. Le jour J, il est resté plusieurs tours d’horloge. ‘’Des gens m’ont trouvé sur place, mais puisqu’ils parlaient peulh, ils ont tous reçu leurs passeports. J’ai demandé à quelqu’un qui y travaille la raison de ce comportement. Il m’a répondu que ce n’est pas ce que je crois, que tout se passe bien. En ce moment, un gendarme, qui était venu pour récupérer un passeport et qui a entendu notre discussion, m’a traité de menteur, en m’agressant. Je lui fais savoir que je ne cause pas avec lui. Il m’a répondu qu’il parle comme il le souhaite’’, a dit M. Macalou devant les enquêteurs.

Lorsque l’homme en tenue s’est approché de lui en pointant un doigt sur lui, il s’est levé. Le ton est monté. ‘’Cinq gendarmes sont venus. Devant mon fils, ils m’ont amené dans un bureau où il y avait personne, loin des yeux et des caméras de surveillance, malgré mon refus. J’ai été malmené. L’un d’eux a commencé à me frapper. Malgré le fait que les autres l’en ont dissuadé, il a continué. J’ai reçu 4 coups de lui. Il est, par la suite, sorti pour revenir me battre avec une matraque. C’est seulement à ce moment qu’il a été arrêté par les autres’’.

Lorsqu’il leur a dit qu’il allait porter plainte, ‘’ils m’ont dit que rien ne va se passer, car il y a plusieurs plaintes de ce genre sans suite. Ensuite, ils m’ont jeté dehors comme un malpropre et ils ont retenu ma convocation. Le lendemain, ma femme est allée la récupérer en parlant leur langue. Il est connu de tous que le consulat favorise la langue peulh. On les fait passer en priorité’’, confie le natif de Tambacounda.

Après avoir déposé une plainte, il est allé dans un hôpital parisien pour se procurer un certificat médical. Contacté hier par ‘’EnQuête’’, il a confirmé les propos tenus dans sa plainte devant les enquêteurs. Avant d’ajouter : ‘’Je suis aux urgences. Je suis en train de faire mon certificat médical. Les policiers qui m’ont entendu m’ont dit qu’ils ont reçu plusieurs plaintes de ce genre, mais qu’ils vont tout envoyer au Sénégal, puisque c’est une affaire d’Etat. J’ai la vidéo (qu’’’EnQuête’’ a visualisée. Elle montre des hommes en tenue parler la langue wolof pour calmer un des leurs) de tout ce dont que je vous parle. Ils ne m’ont pas laissé le temps de voir le consul, mais ils m’ont fait savoir que je ne peux rien contre eux. J’ai eu des blessures à plusieurs endroits : nuque, yeux. J’ai le visage défiguré. Muni de mon certificat médical, je vais aller voir le médecin de la police, afin qu’il puisse attester que j’ai été blessé.’’

‘’Même si le procès dure 20 ans, je suis prêt’’

Souleymane Macalou ne compte pas se laisser faire. Après avoir dénoncé son agression devant sa fille, il compte aller jusqu’au bout, pour obtenir gain de cause. ‘’Hormis le fait que j’ai été blessé, mon bourreau a cassé mon téléphone qui coûte plus de 1 000 euros. Il l’a piétiné devant moi, parce que j’ai filmé les choses. Heureusement que les images étaient dans la carte mémoire. Je fais confiance à la justice française. Même si le procès dure 20 ans, je suis prêt. Il est temps que cette injustice cesse. Elle ne sera pas comme les autres qui ont lieu dans ce même lieu’’, conclut-il, optimiste.

Les résultats du certificat médical délivré par un toubib parisien fait état de : ‘’Œdème et petite dermabrasion de la pommette droite, Cat, Cmi.’’ Selon le document parcouru par ‘’EnQuête’’, ces lésions font état, sauf complication, d’arrêt de travail dont la note ne détermine pas la durée.

Du côté du ministère des Affaires etrangères contacté par nos soins, on soutient ne pas pouvoir se prononcer, pour l’heure sur la question, car ils n’ont pas encore reçu d’information officielle. Le moment venu, ils le feront, même s’ils soulignent être au courant de l’incident.

CHEIKH THIAM