Deux soldats au bord de la radiation

Deux soldats en service au Camp Dial Diop encourent trois mois de prison ferme pour vol et complicité de vol au préjudice d’élèves de l’Ecole de santé militaire (ESM).
Engagé dans les rangs de l’armée, depuis 2010, Ousseynou Ndiaye risque de s’arrêter au grade de soldat de première classe et de retourner à la vie civile. Sa carrière est hypothéquée par une affaire de vol qui risque de le conduire à la radiation. Car, si jamais le tribunal militaire suit le parquet dans ses réquisitions, Ousseynou Ndiaye, en service à la Compagnie de soutien de l’ESM, sera condamné à trois mois ferme. La même sanction plane sur la tête de son frère d’arme et complice Mouhamed Diarra. Seulement une telle peine a pour effet leur radiation des rangs de l’armée.
Comment les deux militaires en sont-ils arrivés là ? Tout est parti d’une série de vols au dortoir de l’Ecole de santé militaire (ESM), durant le premier trimestre de l’année 2015. Les élèves-médecins déclarent avoir perdu au total 5 ordinateurs et 7 téléphones portables. Selon leurs explications, certains vols ont été commis pendant qu’ils dormaient la nuit. A cause des multiples complaintes, le Commandant de l’ESM a porté plainte à la brigade de recherches de Dakar-ville. Au cours de l’enquête, les gendarmes ont fait une réquisition à Sonatel. Celle-ci a permis de localiser un des téléphones volés, notamment un ‘’Black Berry’’, auprès de la nommée Françoise Seck.
Interrogée, cette dernière a indiqué aux pandores avoir acheté le téléphone à la ‘’Salle de vente’’ auprès d’un certain Badiane. Interpellé sur l’origine de la marchandise, le commerçant a exhibé la photocopie d’une carte d’identité d’une personne qui se trouve être le frère du militaire Mouhamed Diarra. Lorsque ce dernier a été entendu, il a balancé son collègue Ousseynou Ndiaye, comme étant son fournisseur. Ousseynou Ndiaye, préposé à l’entretien des chambres des pensionnaires de l’ESM, a alors été entendu. Il a reconnu les faits sans ambages.
Hier, à la barre du tribunal militaire, il a tenté de faire porter le chapeau à Diarra qui était absent. Mais lorsque le président Bara Guèye lui a rappelé ses aveux faits à l’enquête, Ousseynou Ndiaye a fini par plaider coupable. Toutefois, il a cherché des circonstances atténuantes, en se réfugiant derrière l’envoûtement. ‘’J’ignore pourquoi j’ai commis ces vols. Peut-être qu’on m’a jeté un mauvais sort’’, s’est-il défendu. Par la suite, il a donné des justifications rationnelles, en soutenant qu’il fait face à des difficultés financières. Selon ses explications, il avait fait un prêt de 800 000 F CFA à la banque. Etant donné qu’il a un salaire de 75 000 F CFA, il n’arrivait plus à joindre les deux bouts, du fait des coupures à la solde.
Pour le représentant du parquet, cet argument ne saurait justifier l’acte du prévenu. A son avis, le soldat ne mérite aucune circonstance atténuante, puisque le vol est inadmissible pour un civil, a fortiori un soldat. Pour la répression, il a requis trois mois ferme. ‘’Cela équivaudrait à la radiation, car s’il est radié, il ne pourra pas dédommager les victimes’’, a réagi le défenseur militaire, le Commandant Wane. Il a déploré la non-comparution des receleurs, avant de demander que de larges circonstances atténuantes soient accordées à son client, pour qu’il sauve sa carrière militaire. Les victimes réclament des dommages et intérêts d’un montant de 1,115 million de F CFA.
Le tribunal militaire édifiera les deux soldats, le 26 février prochain.
FATOU SY