Publié le 6 Mar 2018 - 00:46
KOLDA - AFFAIRE DE SORCELLERIE A LA BARRE DU TRIBUNAL

4 accompagnateurs du ‘’Fambondy’’ emprisonnés

 

Ibrahima Sané, Ousmane Kaossou Badji, Aladji Sané et Idrissa Kémo Badji ont été condamnés, ce mercredi 28 février, par le Tribunal de grande instance de Kolda, à 2 mois de prison ferme chacun. Ils ont tous été reconnus coupables des délits d’association de malfaiteurs et de diffamation au préjudice d’une dame qu’ils ont fait passer pour une sorcière. 

 

L’affaire de sorcellerie qui avait fini d’alimenter les débats, dans le village de Mame Bignet, dans la commune de Diacounda (département de Bounkiling), a finalement connu son épilogue. Ce mercredi 28 février, le verdict a été rendu par le juge du Tribunal de grande instance de Kolda en faveur de Maïmouna Goudiaby, accusée d’être une sorcière qui voulait ‘’dévorer’’ des enfants dudit village. ‘’Des enfants nous ont dit que pendant leur sommeil, ils rêvaient être pourchassés par un singe. Ainsi, j’ai convoqué tous les habitants du village. A l’issue d’une réunion, nous avons convenu de sortir le ‘’Fambondy’’ (un génie protecteur). Ainsi, les jeunes du village ont accompagné cet esprit pour aller débusquer le sorcier qui, selon eux, écumait le village’’, a expliqué Abdoulaye Badji, chef du village de Mame Bignet.

Ibrahima Sané, Ousmane Kaossou Badji, Aladji Sané et Idrissa Kémo Badji, les accompagnants du ‘’Fambondy’’, déclarent qu’ils ont, ainsi, visité concession après concession, jusqu’à arriver à la maison de Vieux Diédhiou, mari de la victime. Une fois dans la demeure, le ‘’Fambondy’’ s’est introduit dans une chambre et a fait sortir Maïmouna Goudiaby. C’est ainsi qu’elle a été conduite au domicile du chef de village, en l’occurrence Abdoulaye Badji. C’est là où a commencé tout le calvaire de la dame. ‘’Ils m’ont fait sortir de force de la chambre où j’étais avec mon mari. Ils m’ont trainée dehors comme une vulgaire personne nuisible à la société.

Au vu et au su de tout le monde, ils m’ont battue, ils m’ont traitée de tous les noms d’oiseaux avant d’être expulsée du village, le lendemain matin, après 21 ans de mariage sans enfant dans ce village. Ousmane Kaossou Badji, un des accompagnants, a introduit sa main dans mon sexe devant la foule, pour enlever, dit-il, quelque chose qu’il n’a d’ailleurs jamais daigné exhiber, de mon vagin’’, témoigne la dame. Visiblement ahurie, elle assène : ‘’J’ai été vraiment humiliée et blessée au fond de mon âme. C’est pourquoi j’ai décidé de porter plainte contre Abdoulaye Badji, chef du village, Ibrahima Sané, Ousmane Kaossou Badji, Aladji Sané et Idrissa Kémo Badji pour que justice soit faite. Car je n’oublierai jamais ce qu’ils m’ont fait vivre.’’

Interpelé, Ousmane Kaossou Badji a rejeté en bloc toutes les accusations faites par la victime. ‘’Je n’ai jamais introduit ma main dans ses parties intimes. C’est une fausse accusation’’, s’est-il défendu. A la question de savoir en tant que mari de la victime, pourquoi il ne s’est pas opposé, lorsque les jeunes battaient sa femme et a laissé les gens expulser du village son épouse sans réagir, Vieux Diédhiou, mari de la victime, a répondu : ‘’Je me suis plié à la décision du village. C’est pourquoi je ne pouvais rien faire.’’ ‘’Est-ce que ce n’est pas le fait que votre femme ne vous a pas donné d’enfants que vous avez accepté de coopérer avec les habitants du village ?’’, poursuit le juge. ‘’Non’’, rétorque le mari, avant d’ajouter : ‘’Procréer est un don de Dieu. C’est Dieu qui donne des enfants. Je suppose que c’est de sa volonté, si ma femme n’a pas procréé.’’

S’adressant aux cinq prévenus, le juge leur a demandé si Maïmouna Goudiaby est une sorcière. ‘’Maïmouna Goudiaby n’est pas une sorcière’’, ont-ils répondu contre toute attente. ‘’Et pourquoi donc vous l’avez chassée du village, si elle n’est pas sorcière ?’’, a poursuivi le juge. Les prévenus ont été incapables d’apporter une réponse à cette question et ont préféré se taire tout simplement.

Au finish, ils ont tous les cinq été reconnus coupables des délits d’association de malfaiteurs et de diffamation, et ont été condamnés à 2 mois de prison ferme. Quant au chef du village Abdoulaye Badji, il a été relaxé au bénéfice du doute.

EMMMANUEL BOUBA YANGA

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