Publié le 4 Sep 2018 - 21:39
MIGRATION CLANDESTINE

Le Maroc éloigne ‘‘ses’’ Subsahariens de Ceuta  

 

Dans le nord Maroc, des rafles de grande envergure de migrants d’Afrique subsaharienne à Tanger et à Tétouan, dont celle de vendredi dernier, font grincer des dents. Ces candidats vers l’Espagne, pour la plupart, sont transportés dans les localités Sud plus éloignées de l’enclave espagnole de Ceuta.

 

Le document publié hier par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (Hcr) est accablant. Entre janvier et juillet 2018, la traversée de la mer Méditerranée s’est révélée être létale, car ‘‘plus de 1 600 personnes sont mortes ou ont disparu en essayant d'atteindre l'Europe’’, explique la structure dans un communiqué.

Par ailleurs, au cours de 2018, les routes empruntées par les migrants en Méditerranée ont changé. Les arrivées sur les côtes espagnoles ont bondi sur les sept premiers mois de cette année de 130 % par rapport à la même période de 2017 (27 600 personnes contre 12 100 sur janvier-juillet 2017). Occasion saisie par Ousseynou Dieng, le responsable de Proyecto Med Atadumun, un projet d’accueil intégral signifiant Méditerranée solidaire, pour dénoncer les tracasseries que vivent les migrants dans le royaume chérifien, avec la protestation des migrants subsahariens de vendredi dernier dans la commune de Boukhalkef.  Cette localité se trouve à Tanger (à 77 km de l’enclave espagnole de Ceuta), l’un des points de passage préféré des migrants.

La goutte d’eau a débordé du vase, après que 200 personnes, de passage dans le Nord marocain ou y résidant, ont été arrêtées dans la ville de Tétouan (40 km de Ceuta), deux semaines plus tôt, avant d’être refoulées vers des localités du sud du pays. Et à l’image du durcissement de la politique migratoire des pays européens, le point de passage que constitue le royaume chérifien pour l’Espagne est devenu de plus en plus ‘‘hostile’’. ‘‘Ces hommes, femmes et enfants traqués dans les rues ont, à cet occasion, vu et vécu l’irruption inédite de la police marocaine dans leurs domiciles, en faisant, dans certains cas, un usage excessif de la force, démolissant portes et fenêtres, pour les arrêter et les refouler vers le sud du Maroc’’, avance M. Dieng. 

Selon lui, tout se résume à un délit de faciès. Dans un premier temps, beaucoup de ces migrants ont été ainsi déplacés par la force à Tiznit, une ville située à environ 600 km de Tétouan. D´autres le seront, les jours suivants vers Agadir, Fès, Casablanca… Le but étant de les éloigner le plus loin possible du nord du Maroc, loin des villes comme Tétouan et Tanger, du fait de leur proximité avec l’Espagne. ‘‘Ces pratiques de déplacement ou éloignement vers d’autres localités sont des stratégies qu’utilisent les autorités marocaines, depuis très longtemps d’ailleurs, pour décourager les potentiels ou réels candidats à franchir la frontière qui sépare les enclaves espagnoles de Ceuta et de Melilla et le Maroc’’, poursuit-il.

Les garanties marocaines

La marche de ce vendredi 31 août à Tanger est mal tombée. La veille, des officiels marocains étaient réunis avec le corps diplomatique africain pour expliquer les motifs des rafles menées récemment contre les groupements de migrants subsahariens au nord du royaume.  Le ministre des Affaires étrangères, Naser Bourita, et deux de ses homologues, Abdelouafi Laftit et Abdelkrim Benatiq, ont indiqué que ces arrestations ‘‘ne remettent pas en cause et ne sont pas contradictoires’’ avec la politique de régularisation des migrants au Maroc, lancée en 2013 et ayant déjà permis la régularisation de plus de 50 000 personnes.

Malgré ces restrictions marocaines, la tendance à l’accostage sur les côtes espagnoles est à la hausse. Le communiqué d’hier du Hcr estime qu’au cours de 2018, les routes empruntées par les migrants en Méditerranée ont changé. Les arrivées sur les côtes espagnoles ont ainsi bondi sur les sept premiers mois de l'année de 130 % par rapport à la même période de 2017 (27 600 personnes contre 12 100 sur janvier-juillet 2017). Les rafles de la police marocaine affectent aussi les migrants subsahariens qui résident à Tanger, avec le même modus operandi observé à Tétouan : rafles dans les rues et irruption dans les domiciles. Contrairement à Tétouan, la ville de Tanger compte une plus forte présence de citoyens d’origine subsaharienne. Les réseaux d’entraide et de solidarité y sont plus nombreux et mieux organisés.

Délit de faciès

‘‘Les rafles ont toujours existées dans le nord du Maroc, sauf qu’à cette occasion, en plus des arrestations dans les rues, les forces de police ont forcé portes et fenêtres pour accéder aux domiciles de pas mal de migrants et arrêter aussi bien ceux qui sont dans une situation irrégulière que ceux qui disposent de la carte de séjour’’, avance M. Dieng qui relate les témoignages des migrants. ‘‘Ce qui est frappant avec les arrestations et les expulsions, c’est le fait inhabituel que beaucoup de personnes ont le permis de résider légalement dans le pays. De là un sentiment généralisé d'impuissance et de confusion chez une grande partie des migrants’’. C’est ce qui a expliqué la protestation des migrants dans les rues de Tanger avant que les autorités marocaines ne décident de les y délocaliser. En 2015 déjà, quatre migrants subsahariens avaient trouvé la mort après des affrontements sanglants avec les résidents locaux.

OUSMANE LAYE DIOP

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