Pour la défense de l’Agence sénégalaise de presse, les députés ont formé deux blocs. Pour la Rts, les appréciations s’accordaient suivant les appartenances politiques. Pour ‘’Le Soleil’’, pas un mot. Pour les médias privés, la situation des reporters est dénoncée. Les députés ont, hier, fait le procès de la presse, lors du passage du ministre de la Communication, des Télécommunications, des Postes et de l’Economie numérique, Abdoulaye Bibi Baldé, pour le vote du budget 2019 de son département.

En ce qui concerne la presse, ce sont toujours les mêmes clivages. Les griefs sont soulevés selon l’appartenance politique. Cette année encore, la gestion des médias est au cœur des débats. La Rts en a eu pour son grade. ‘’Le Soleil’’ est souvent oublié. Protection et appui à l’Agence de presse sénégalaise (Aps), clamaient tous hier encore, lors du vote du budget du ministère de la Communication.

RTS

‘’Il est dommage que le directeur général de la Rts soit un militant de l’Apr’’, ont regretté certains. Une manière de dire qu’il serait difficile de compter sur ce médium pour avoir une impartialité dans le traitement de l’information. Les députés de l’opposition ont ainsi déploré la présence quasi abusive du président de la République dans les programmes de la chaine publique, au moment où aucune place ne leur est faite. ‘’Le journal de la Rts, c’est 30 minutes pour Macky Sall, 15 minutes pour le Premier ministre et 10 minutes pour le reste du gouvernement’’, a caricaturé Nango Seck. ‘’A la Rts, on a reculé d’au moins 35 ans’’.

‘’La communication est une arme, on ne saurait vous la laisser’’, leur a rétorqué Aminata Diao de la majorité. Elle est convaincue que c’est le contenu qui irrite. ‘’Ce qui vous dérange, c’est le fait qu’on montre les réalisations du président. A chaque fois qu’on le montre à la télévision, il est en train d’inaugurer de nouvelles infrastructures. Cela ne peut donc vous plaire’’, a-t-elle dénoncé. Il n’y a pas de quoi s’enorgueillir, semble dire Mame Diarra Fam. ‘’Vous inaugurez les projets que nous avons entamés ou pensés, c’est pourquoi il faut nous inviter’’, a-t-elle ironisé.

La Rts est dans son rôle. Sentence d’Abdoulaye Bibi Baldé : ‘’Le président est une institution. Il est normal que la Rts couvre ses activités. On n’a jamais montré, ou très rarement, les meetings de l’Apr. La Rts a même l’obligation de rendre compte des activités du chef de l’Etat dans leur intégralité, pour permettre au Sénégal de comprendre. C’est important pour l’information du citoyen. La Rts prend en compte la diversité culturelle, avec une bonne couverture du territoire et un pluralisme de l’information’’. ‘’On ne dit pas que la Rts ne doit pas couvrir les activités du président. On est clair : si elle montre les activités du président, qu’elle montre aussi celles de ceux qui sont contre le président’’, a précisé Mamadou Diop Decroix.

Plus lucide dans son analyse, la députée de la majorité, Adji Diarra Mbergane, a plaidé pour le retour, dans la grille des programmes de la Rts, de l’émission ‘’Pluriel’’. Le plateau qui permettait un débat contradictoire.

Aps

Pour l’Aps, toutes les voix ont été concordantes. Comme chaque année, il est reconnu par les députés que la part réservée à l’Agence de presse sénégalaise est dérisoire. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles Mamadou Lamine Diallo a refusé de voter le budget soumis à son appréciation. Tous reconnaissent le travail qu’abattent les agenciers. Pour tenir et garder cet instrument important du paysage médiatique, il faudrait résorber une bonne fois les problèmes financiers. Il faudrait donc leur octroyer le milliard que réclament les syndicalistes. Le ministre leur a rappelé les efforts faits dans ce sens sur demande du chef de l’Etat, mais également le soutien technique apporté par l’Agence de l’informatique de l’Etat (Adie).

Presse privée

Au-delà de l’Aps, des députés ont demandé un appui conséquent de l’Etat pour l’amélioration des conditions de vie des journalistes. ‘’Les journalistes sont fatigués’’ ; ‘’les journalistes sont envoyés sur le terrain sans un sou, ils ne mangent pas et passent la journée à travailler’’ ; ‘’les patrons de presse se sucrent sur le dos des journalistes’’… Voilà autant de phrases prononcées hier à l’hémicycle.

La Poste

Des députés ont également peur pour l’avenir de La Poste. ‘’Il est dommage que même pour les publicités de La Poste, le directeur général prenne des comédiens de Thiès. La Poste appartient à tous les Sénégalais et non à une seule région’’, a dénoncé Nango Seck. Embouchant la même trompette, un autre parlementaire s’est désolé que Ciré Dia ne recrute que des jeunes de la ville des cheminots. Mais le ministre Abdoulaye Baldé ne partage pas cet avis. Pour lui, il faut reconnaître au directeur général son indépendance de recruter son personnel. Donc, on ne peut et ne doit lui en vouloir.

Celle à qui il est légitime d’en vouloir, est la Sonatel. Les redevances qu’elle doit aux collectivités territoriales n’ont pas été versées. Avec le ministre du Budget Birima Mangara, ils ont pris l’engagement de veiller à ce que les dettes soient épurées.

Le projet de budget 2019 arrêté à 28 056 604 939 F Cfa contre 15 388 696 100 F Cfa a été voté. Les 12 milliards de ce budget sont alloués à l’Agence de régulation des télécommunications et des postes (Artp). ‘’Que fait l’Artp pour avoir un budget de 12 milliards ? Je ne le sais pas moi’’, a dit Mamadou Lamine Diallo.

BIGUE BOB