La saisine de la Cedeao envisagée

Le dossier Cheikh Béthio Thioune relatif au double meurtre de Médinatoul Salam risque d’atterrir devant les juridictions internationales comme la Haute Cour de justice de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Selon Seydi Gassama, Directeur exécutif d’Amnesty Sénégal, c’est la seule solution au ‘’ déni de justice’’ dans cette affaire.
En détention préventive depuis 2012, les 16 thiantacounes inculpés dans le dossier du double meurtre de Médinatoul Salam n’en peuvent plus d’attendre leur procès. Ils perdent patience d’autant plus que leur guide, Cheikh Béthio Thioune inculpé dans cette affaire est en liberté provisoire. Il s’y ajoute que l’instruction est bouclée depuis 2013. Leurs nombreuses grèves de la faim et tentatives de suicide n’ayant pas toujours payés, leurs avocats n’excluent pas de saisir les juridictions internationales afin qu’ils soient jugés. Seydi Gassama, l’a fait savoir avant-hier, lundi, lors d’un face-à-face avec la presse.
A en croire le Directeur exécutif de la section sénégalaise d’Amnesty international, avec la défense, la saisine de la Haute cour de justice de la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao) est envisagée. ‘’J’en ai parlé avec leurs avocats, il y a Mes Lénine, Ibrahima Mbengue et d’autres commis par les familles des inculpés’’, a-t-il fait savoir. Poursuivant, il révèle : ‘’des avocats m’ont dit qu’il ne reste plus qu’une seule chose, trouver les moyens d’aller à la Cour de justice de la Cedeao. Ils disent qu’ils ne peuvent plus rien faire car l’instruction est bouclée et il ne reste qu’au Procureur d’enrôler le dossier’’.
Seydi Gassama a laissé entendre que les avocats sont aussi désemparés que les Thiantacounes inculpés, à cause de cette lenteur dans l’enrôlement du dossier. ‘’Lorsque l’instruction est terminée, l’avocat doit aller au procès pour défendre son client. Qui doit enrôler ? C’est le Procureur. Si ce dernier n’enrôle pas, les avocats de la défense ne peuvent rien faire. Tout ce qu’on peut faire, c’est aller à Abuja, au Nigéria pour dénoncer un déni de justice’’, s’est désolé M. Gassama.
Ce retard dans la tenue du procès, le Directeur exécutif d’Amnesty Sénégal l’impute au pouvoir. A son avis, le dossier est bloqué parce qu’il y a la main de l’Exécutif qui ne veut pas organiser le jugement. Pour étayer ses propos, le défenseur des droits de l’homme rappelle que les chambres criminelles ont commencé à fonctionner à Mbour depuis longtemps. ‘’Il y a déjà eu deux sessions. L’une à la mi-octobre, l’autre a démarré le 17 décembre dernier. Le Procureur avait promis aux Thiantacounes d’enrôler leur dossier au mois d’octobre mais il n’a pas tenu promesse. Car, durant cette session, on a jugé des personnes qui ont trouvé les ’’Thiantacounes’’ en prison’’, a souligné M. Gassama. Il ne comprend pas non plus que les disciples de Cheikh Béthio Thioune n’aient pas été programmés durant la session tenue du 17 au 22 décembre dernier.
Quoiqu’il en soit, Ibrahima Sall, le président de l’Association pour le soutien et la réinsertion sociale des détenus (Asred) estime qu’il est plus que temps que les inculpés soient jugés au regard des conditions difficiles dans les prisons. ‘’Ces Thiantacounes ne veulent pas être libérés mais veulent un procès juste et équitable’’, souligne-t-il.
Les familles des inculpés ne disent pas autre chose et craignent surtout pour l’état de santé de ces derniers. Fally Sarr, parent de Momar Talla Diop, un des grévistes de la faim alerte. ‘’Il n’a plus goût à la vie. Il a été évacué trois fois après avoir bu de l’eau de javel. Il a mis sa vie en danger pour lancer un signal aux autorités’’, rapporte-t-il.
FATOU SY