Publié le 7 Dec 2019 - 02:48
POLLUTION DE L’AIR A DAKAR

Il est temps de faire quelque chose

 

La pollution extérieure avec un parc automobile vétuste, les activités industrielles… et celle intérieur, avec le ‘’thiouraye’’, les pesticides, le charbon… ont été hier au cœur des débats, lors de la deuxième session ordinaire du Conseil économique et social et environnemental. Plusieurs scientifiques et conseillers ont poussé des coups de gueule et fait des recommandations pour régler le problème.

 

La capitale sénégalaise, selon le rapport de l’Organisation mondiale de la santé en 2016, est la deuxième ville la plus polluée d’Afrique. Dakar ne représente que 0,3% de la superficie du Sénégal pourtant compte à elle seule 3 millions d’habitants. A cette concentration humaine, s’ajoute un parc automobile de plus en plus grandissant mais surtout vétuste : 330 125 véhicules dénombrés dont 56% ont plus de 16 ans. Autant de facteurs qui font grimper le taux de pollution de l’air qui risque d’ôter la vie à 7 millions de personnes dans le monde dont 3 500 000 en Afrique. ‘’La pollution de l’air est le plus souvent observé dans les grandes agglomérations, particulièrement à Dakar. Elle est le résultat de plusieurs causes dont le trafic automobile, les activités industrielles, le brulage à l’air libre de la biomasse qui entraîne une pollution massive ainsi que la poussière’’, renseigne le professeur en toxicologie Mamadou Fall.

En outre, d’autres actions de l’homme tels que les feux de brousse (quel que soit le lieu), les canaux à ciel ouvert participent à l’augmentation des particules toxiques (le dioxye de carbone, le benzène, le nitrate, l’éthane…) dans l’air.  Pour combattre cette réalité, le Centre de gestion de la qualité de l’air, grâce à ses six stations de mesure (Hlm, Yoff, Guédiawaye, Hann Bel Air, Medina, Boulevard de la République), a mis en place un dispositif permettant de mesurer les indices de la qualité de l’air dans la région de Dakar. Entièrement financé par l’Etat du Sénégal, il est chargé de la réalisation de rapports réguliers sur le niveau de pollution et les causes, en plus de l’information du public sur les dispositions à prendre, en cas de forte pollution.

Selon le directeur de l’environnement et des établissements classés, Cheikh Fofana, l’information a un coût. D’où la nécessité de nouer un partenariat fructueux avec les médias sénégalais. Il invite également le gouvernement à soutenir les travaux de recherches du centre qui est le seul existant dans le Sahara et l’implantation de plusieurs autres stations de mesure à l’intérieur du pays. Par ailleurs, une autre forme de pollution souvent oubliée fait également des ravages. Il s’agit de l’utilisation abusive de l’encens (‘’thiouraye’’ surtout en cette période de froid), des pesticides, du charbon ou du bois pour la cuisine qui créent une pollution intérieure qui, selon le chercheur, est supérieur à celle extérieure. D’autant plus que l’aération dans les appartements de Dakar laisse à désirer.

 Augmentation de la stérilité masculine…

Chaque être humain inhale en moyenne 15 000 litres d’air par jour soit 10 L par minute, l’équivalent de 20 Kg. Il va de soi que la pollution de l’air s’accompagne d’un fort impact sur la santé, en plus de la destruction de la couche d’ozone. Au Sénégal, depuis 30 ans, on assiste à la multiplication des maladies respiratoires dont la pneumonie, principale cause de mortalité chez les moins de cinq ans, des allergies, des douleurs abdominales, des maladies cancérogènes, l’augmentation de la stérilité masculine et bien d’autres pathologies, en raison de la mauvaise qualité d’air.

Considérant que c’est de l’action de l’homme que découle cette forme de pollution, le responsable du bureau Environnement et développement durable du Congad (Conseil d’administration des Ong du Sénégal), Birame Diouf, estime que le fond du problème se résume à un manque de connaissance des populations et au non-respect des règles établies. ‘’Nous nous empoisonnons nous-mêmes et pourtant dans ce pays nous avons toutes les lois possibles en matière de protection de l’environnement et de lutte contre la pollution.  Nous sommes champions dans la rédaction de textes parfaits, mais au final, personne ne respecte rien. Je propose un grand programme de communication et de sensibilisation pour combattre l’incivisme. Il faut que les gens soient éduqués, il faut revenir au service militaire obligatoire. Il faut qu’on forge un nouveau type de citoyen à vision systémique’’, a-t-il déclaré.

‘’Notre pays est la poubelle de l’Europe’’

De l’avis des conseillers du Cese, il est temps de faire appliquer les sanctions, en raison de la généralisation de la problématique. En effet, dans la région de Thiès, par exemple, la pollution engendrée par les industries extractives demeure encore sans solutions. A Dakar, le nœud du problème n’est autre que la vétusté du parc automobile, accentuée parfois par une mauvaise qualité de carburants. ‘’Il ne sert à rien d’avoir une règlementation sans qu’elle ne soit appliquée. Chacun fait ce qu’il veut, les gens n’ont plus peur de rien. Notre pays est la poubelle de l’Europe. La plupart des véhicules qui atterrissent ici sont en mauvais état et ce sont les plus grands pollueurs’’, martèle le conseiller Aziz Ndiaye. D’aucuns proposent une semaine dédiée à la lutte contre la pollution, une journée sans véhicules, mais surtout l’éducation et la sensibilisation des plus jeunes dans les établissements.

Si le Centre de gestion de la qualité de l’air procède à la visite technique des véhicules (en partenariat avec le Cetud), pour mesurer le taux de pollution des gaz d’échappement, il est toutefois lié en matière de sanctions. D’où une collaboration recommandée avec les services de la police et de la gendarmerie. Son directeur plaide pour la poursuite du renouvellement du parc automobile entamé par l’Etat et le renforcement du transport de masse et du transport non motorisé. Du côté du Forum civil, on déplore le fait que l’Etat du Sénégal dépense énormément dans la santé, parce que le volet prévention est délaissé.

EMMANUELLA MARAME FAYE

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