Publié le 10 Apr 2020 - 01:33
MATAM - EN GREVE DE LA FAIM

Les travailleurs de la SERPM exigent 5 mois d’arriérés

 

Après moult formes de lutte expérimentées, les travailleurs de la SERPM (Société d’études et de réalisations des phosphates de Matam) sont passés à la vitesse supérieure, en entamant, ce mercredi, une grève de la faim pour exiger le paiement de 5 mois d’arriérés de salaire. Pour ces travailleurs aux visages osseux et aux rides profondes, la vie a perdu sa saveur depuis bientôt un semestre. ‘’Nous avons décidé de faire une grève de la faim pour le paiement de nos salaires. Cela fait 5 mois que nous courons derrière’’, lance Aliou Guissé Koundoul, leur porte-parole.

Pourtant, la SERPM est la première entreprise à s’implanter dans les domaines de Ndendory, commune du département de Kanel, avant que la Somiva ne vienne la rejoindre dans l’exploitation des phosphates. Cette situation a permis une rentrée conséquente de fonds pour la société dirigée par le célèbre homme d’affaires Cheikh Amar. Mais cela ne semble pas impacter sur la situation des travailleurs qui courent derrière des arriérés de salaire.

‘’Nous avons exposé notre problème à toutes les autorités administratives, que ce soit le sous-préfet de Ouro Sidy, le préfet du département de Kanel et le gouverneur de la région de Matam, mais la situation n’a pas évolué. Nous sommes arrivés à un tel niveau de précarité que nous n’avons plus autre alternative que de faire cette grève de la faim. Peut-être que si nous mourrons, ils auront bonne conscience’’, martèle Koundoul. Qui poursuit : ‘’Nous n’avons plus rien à manger et rien à donner à nos familles. C’est impensable qu’une société dont le président du Conseil d’administration est Cheikh Amar, puisse rester plus de 5 mois sans payer ses employés. La situation s’est compliquée avec le couvre-feu et on est en train de mourir à petit feu.’’

La SERPM est restée confinée dans le silence. Les tentatives de recueillir leur version sont restées vaines.

Le premier jour de grève a été bien éprouvant, mais les grévistes ne comptent pas abdiquer, avant d’avoir eu gain de cause. Cependant, ils devront se préparer à mener seuls leur combat, puisqu’aucune autorité du département de Kanel, encore moins de la région de Matam n’a daigné s’enquérir de leur situation. La seule réaction que leur diète a suscitée est une convocation à la brigade de gendarmerie de Ndendory ce jeudi.

Il faut rappeler que la Société d’études et de réalisations des phosphates de Matam (SERPM) avait, dès ses premières heures, suscité le courroux des populations qui l’accusaient d’exploiter les ressources sans compensation. Mais elle s’était toujours défendue, en arguant être au stade d’études, même si les nombreux camions remplis de phosphates à destination de Dakar ont fini par convaincre les habitants de sa phase d’exploitation.

Ainsi, selon le dernier rapport de l’ITIE en 2018, la quantité de phosphates exploitée à Ndendory est évaluée à 540 mille tonnes. Et selon toujours le même rapport, cette quantité a connu une baisse de plus de la moitié par rapport à l’année précédente, qui était de 1 million 100 mille tonnes.

Avec les mesures drastiques contre la propagation du coronavirus qui vont crescendo, les grévistes espèrent que les autorités prendront à temps leur bâton de pèlerin avant que leur pronostic vital ne soit engagé.

Djibril Ba

Section: