Publié le 25 Jan 2021 - 15:49
DIOURBEL

Un défaut de spécialistes noté

 

La crise sanitaire liée à l’épidémie de Covid-19 a fait émerger, au Sénégal et dans le monde, des enjeux politiques, économiques et surtout médicaux. Derrière les premières problématiques (impact du confinement, développement de pistes thérapeutiques…), la question de la prise en charge des patients dans les hôpitaux et centres de traitement des épidémies est aujourd’hui devenue centrale.

Au niveau de la région de Diourbel, la prise en charge des patients victimes de la Covid-19 se pose avec acuité. Les patients victimes de coronavirus risquent, pour la plupart du temps, de passer de vie à trépas. Telle est la conviction de ce technicien supérieur en anesthésie-réanimation. Sous couvert de l’anonymat, il confie et renseigne : ‘’C’est parce que nous ne sommes pas outillés et n’avons pas les moyens de prendre en charge les patients gravement atteints. Nous gérons la réanimation ordinaire, classique.

Pour la Covid-19, on ne donne que l’oxygène et on surveille la saturation du sang en oxygène. C’est parce que la réanimation Covid ne peut être jumelée à la réanimation classique, parce que les risques d’infection sont élevés. Tout le matériel nécessaire n’existe pas. Nous ne leur administrons que du paracétamol pour les moins graves et pour les autres qui sont dans un état très préoccupant ou ceux qui sont dans un état de détresse ou de coma, il nous est impossible de faire quelque chose’’. Le plus souvent, ces patients meurent.

Les malades sont évacués vers les centres dédiés au réa-Covid. Or, dans ces centres, ‘’il n’y a pas un personnel spécifique et formé pour cela. La situation est compliquée et grave. En temps normal, le Sénégal a des problèmes d’anesthésistes-réanimateurs. Les blocs fonctionnent souvent avec des techniciens supérieurs. Les médecins-réanimateurs sont une denrée très rare’’, informe le technicien supérieur en anesthésie.

 Qui ajoute : ‘’C’est très rarement qu’on procède à une intubation, parce que c’est le médecin anesthésiste-réanimateur qui l’évalue. A dire vrai, nous ne les faisons pas. Il faut savoir que nous sommes très différents des pays comme la France, car, ici, le budget est très insuffisant et ne peut prendre certaines charges. D’ailleurs, c’est avec la Covid-19 que les gens s’intéressent aux urgences et à outiller les services de réanimation.’’

Tous les lits de réanimation ont-ils les commodités nécessaires pour la réanimation Covid-19 ? A cette question, notre interlocuteur s’esclaffe et lance : ‘’C’est du sabotage, si vous posez cette question ! Les lits ne l’ont pas.’’

Un tour au niveau de certains centres dédiés de la région a permis de se rendre compte que la méthodologie qui sied pour les cas graves, c’est-à-dire un traitement au début avec oxygène, ensuite l’usage d’un masque à haute protection, une ventilation non invasive, et puis, si la situation devient plus compliquée, l’intubation du patient avec un tube dans la trachée pour le faire respirer par la machine, ne se fait pas. La raison ? Ce responsable répond : ‘’En région, il n’y a pas de moyens pour ça.’’  

Avec l’augmentation des cas de Covid-19, les patients admis au centre de traitement des épidémies de Touba crient leur détresse, parce que obligés de mettre la main à la poche pour payer leurs ordonnances. Un agent de santé : ‘’Les malades paient leurs ordonnances. L’Etat ne paie rien. La finalité de l’Etat, c’est de se désengager des CTE.’’

A Diourbel, classée 3e région la plus endémique après Dakar et Thiès, les personnes âgées sont malheureusement les plus infectées à la Covid-19, avec 85 % des cas recensés. Elles sont suivies des femmes et des jeunes qui représentent environ 1 %. Beaucoup de décès sont aussi notés chez les personnes du 3e âge.

Là aussi, le constat amer à faire, c’est que les hommes viennent encore en tête de peloton. Au niveau de la région de Diourbel, il existe le CTE de Toscana avec une capacité de 25 lits, Matlaboul Fawzény avec 9 lits (il est prévu une augmentation des lits). Dans la commune de Diourbel, une salle est aménagée au centre hospitalier régional Heinrich Lübke pour accueillir des malades de Covid-19, tandis qu’à Bambey, un aménagement spécifique a été fait en dehors des salles habituelles et des salles d’hospitalisation qui accueillent les autres patients.

Boucar Aliou Diallo

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