Publié le 10 Sep 2021 - 08:22
SAINT-LOUIS - PÉNURIE D'EAU POTABLE

Des villages crient leur soif

 

Si le foncier est à la base de beaucoup de manifestations des populations rurales, la rareté de l'eau potable est aussi un autre problème préoccupant dans cette zone. Une pénurie d’eau dont certains villages du département de Saint-Louis ne sont pas épargnés. Il est rare de rester un mois sans que des populations ne battent le macadam pour crier leur soif et exiger le liquide précieux. Les villages de Mbaye-Mbaye, de Ndiawsir et la zone de Thianialdé, dans l'arrondissement de Rao, en sont des exemples patents. 

 

Situé dans la commune de Gandon et à moins de 10 km de la ville de Saint-Louis, le village de Ndiawsir souffre de nombreux maux dont le plus récurrent demeure la pénurie d'eau potable. Pour les 2 000 habitants de la localité, se procurer le liquide précieux en quantité suffisante est un luxe. Les femmes du village et des hameaux environnants réalisent un véritable parcours du combattant pour se procurer de l'eau et souvent dans des conditions très difficiles. Les deux bornes fontaines publiques ont malheureusement montré leurs limites de ne pouvoir satisfaire la forte demande des populations. 

Malgré tout, les femmes font la queue pendant des heures, attendant leur tour pour puiser. Ce sont des centaines de bidons de 20 litres qui ornent le décor des alentours des fontaines. "La corvée de l'eau a fini d'épuiser les femmes de Ndiawsir. Nous qui habitons les coins les plus difficiles d'accès, nous sommes obligés de débourser doublement pour satisfaire les besoins de nos familles en eau potable. On paye l'eau au robinet et ensuite pour le transport des bidons. En tout cas, les autorités doivent trouver des solutions, parce que nous sommes des Sénégalais à part entière", peste une dame d'une trentaine d'années. 

Depuis quelques années, le village a connu une expansion fulgurante. Beaucoup de familles de la langue de Barbarie, victimes des raz-de-marée et d'autres familles impactées par les inondations ont déménagé à Ndiawsir, sans aucun accompagnement. Une situation qui a accentué davantage le manque d'eau dans la zone. "Même si quelques familles qui habitent l'entrée du village ont bénéficié de branchements à domicile, le manque criard d'eau est à l'origine de tous les problèmes de la localité. Mes parents éleveurs souffrent le martyre pour abreuver leurs troupeaux. Chaque jour, il faut débourser une certaine somme pour acheter de l'eau pour le bétail. Ce n'est pas facile, surtout en cette période de crise. Il faut que le gouvernement de Macky Sall corrige cette inégalité, alors que notre village est à la porte de la commune de Saint-Louis", dénonce Moussa Sow, chauffeur et habitant le village. 

La situation n'est pas plus reluisante au village de Mbaye-Mbaye Sarr et dans la zone rurale de Thianialdé, dans la commune rurale de Mpal. Il y a quelques semaines, pour des raisons de pénurie d'eau, les populations de Mbaye-Mbaye Sarr avaient manifesté pour se faire entendre. Fort de 3 000 âmes, les femmes du village font toutes sortes de gymnastique pour disposer de l'eau à boire et pour les besoins des autres travaux domestiques. "Le forage marche à intermittence. Il arrive que les robinets restent fermés des semaines. D'ailleurs, pour juguler la pénurie d'eau, il faut se lever tôt pour avoir de l'eau dans les puits. Les femmes du village n'ont plus de mains lisses, à cause des cordes tirées des puits à longueur de journée. Et comble de malheur, nos multiples interpellations n'ont reçu aucune réaction sérieuse et durable de la part des autorités municipales de Fass Ngom", fustige la dame Fatou Wade.  

15 milliards mobilisés pour combler le déficit

Pourtant, l’Etat du Sénégal a entrepris une politique pour un accès équitable à l’eau potable pour tous les Sénégalais. C’est dans ce cadre, d’ailleurs, que plusieurs projets structurants visant à renforcer l’alimentation en eau potable ont été mis en place par le ministère de l’Hydraulique et de l’Assainissement. "A l'image de ce qui se fait dans les autres localités et autres grandes villes, à Saint-Louis également, les autorités se sont attelées à renforcer l’alimentation en eau potable du département, surtout dans les zones déficitaires, notamment dans le Gandiolais et dans une bonne partie de l'arrondissement de Rao", informe le Service régional de l'hydraulique de Saint-Louis. 

Ce qui a été confirmé par le DG de la Sones, de passage à Saint-Louis. A en croire Charles Fall, un projet d'un financement global de 15 milliards F CFA pour la construction, à Saint-Louis, d’une grande usine de traitement des eaux, d’une unité de prise d’eau, pour le renforcement de la capacité de stockage d’eau à travers la construction d’un château d’eau à Sanar, sera lancé très prochainement et les travaux vont durer 24 mois. "Une croissance démographique exponentielle est notée dans le département de Saint-Louis où, du fait d’une urbanisation galopante, les populations ont besoin d’un volume d’eau beaucoup plus important pour survivre. Donc, ces nouvelles infrastructures d’alimentation en eau potable viendront renforcer le château d’eau de Leybar. Ce qui nous permettra d’assurer, à l’horizon 2032-2035, la fourniture de ce liquide précieux à nos paisibles et braves concitoyens de Saint-Louis, Sanar, Ngallèle, Maka-Toubé et des localités environnantes du département de Saint-Louis", avait renseigné Charles Fall.

Ibrahima Bocar SENE (Saint-Louis)

 

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