Publié le 18 Apr 2025 - 08:48
BILAN 2024 DE LA POLICE NATIONALE  

Les chiffres de l’insécurité  

 

La présentation du rapport annuel d’activités de la Direction générale de la Police nationale a servi, hier, de prétexte au directeur général de la Police nationale pour donner les statistiques de 2024, parler des défis qui attendent la police, mais aussi pour proposer des solutions. 

 

L’inspecteur général de police, Mame Seydou Ndour, a présidé, hier, la cérémonie de présentation du rapport annuel d’activités de la Direction générale de la Police nationale.  En 2024, ses services ont été confrontés aux atteintes à la paix publique (7,70 %), aux atteintes à la propriété (42,89 %), à la cybercriminalité (0,83 %), aux trafics et abus de drogues (25,72 %), à la fraude documentaire et à la migration irrégulière (0,69 %). Ce qui lui fait dire que la police nationale, malgré ses moyens humains et logistiques à améliorer, continue de jouer son rôle primordial avec dévouement au service de nos concitoyens pour garantir la paix publique.

Le rapport renseigne que, sur les 20 478 individus interpellés par les différentes directions de la police nationale, les faits liés à la drogue occupent 5 266 cas. Aussi, 1 036 cas de vol de deux-roues ont été enregistrés, dont 313 à Thiès, 229 à Diourbel et 145 à Dakar. S’agissant toujours de ce moyen de locomotion, les enquêtes et autres opérations ont permis d’interpeller 1 432 personnes.

Le document renseigne aussi que 217 personnes ont été déférées au parquet pour viol, 80 pour viol et détournement de mineurs, neuf tentatives de viol, six harcèlements, deux actes contre nature et un attentat à la pudeur.

La police, l’année dernière, a procédé à la saisie d’une grande quantité de chanvre indien, notamment à Kaolack, Thiès, Diourbel et Dakar. La Docrtis renseigne, ainsi, avoir saisi 4,66 t de chanvre indien, 6,05 kg de haschich, 9 665 pilules et 265 g de MDMA d’ecstasy, ainsi que 25 kg d’héroïne.

S’agissant du chanvre indien, la quantité saisie a fortement augmenté : 4 688,42 kg en 2024, contre 3 456,729 kg en 2023. Soit une augmentation de 35,63 %.

Les services de police, révèle le document, ont été témoins de 12 610 cas d’accident. Dans le détail, on parle de 5 945 accidents matériels, 6 375 corporels et 290 mortels. Le rapport souligne que 2024 a été l’année qui a enregistré le plus grand nombre d’accidents routiers, depuis 2021.

La migration a continué à être dynamique. Trois millions deux cent soixante-seize mille quarante-neuf personnes sont entrées au Sénégal, contre 3 481 498 sorties et 6 169 visas ont été accordés l’an dernier. La Mauritanie, renseigne le document, a expulsé, pour séjour irrégulier, 641 Sénégalais.

La police annonce la production totale de 463 601 passeports, dont 367 295 au niveau national, 29 987 à Paris, 25 021 à Madrid et 18 631 à Milan.

Chez les étrangers, le racolage (52 %), les injures publiques (32 %) et les jeux de hasard (32 %) sont les délits qui ont été les plus enregistrés.

Renforcement des moyens et des stratégies de lutte contre l’insécurité urbaine

Face à ces chiffres, l’inspecteur général de police, Mame Seydou Ndour, a souligné que le premier défi a été de gérer avec abnégation les crimes et délits contre la paix publique, ainsi que les trafics et abus de drogues, la fraude documentaire et la migration irrégulière.

En effet, les résultats enregistrés par les services d’enquête de la Direction de la Police judiciaire (DPJ), de la Direction de la Sécurité publique (DSP), de la Direction de la Surveillance du territoire et du renseignement (DST), de la Direction de la Police de l'air et des frontières (DPAF) et de la Direction de l'Office central de répression du trafic illicite des stupéfiants (Docrtis) mettent en exergue plusieurs cas d’interpellation et d’opération de saisie.

Les infractions recensées portent essentiellement sur le faux et l’usage de faux, la violence urbaine, le blanchiment de capitaux, les détournements de deniers publics, la diffusion de fausses nouvelles, l’usage de drogues et l’abus de confiance, entre autres. 

Le deuxième défi, selon le DGPN, a été d’assurer avec professionnalisme la production des documents administratifs (documents de transport et cartes d’identité) au profit des usagers du service public, ainsi que la couverture sécuritaire des grands événements de l’année 2024, notamment les élections législatives et présidentielles, ainsi que les événements religieux comme le grand Magal et le Gamou. À cet effet, 956 514 agents ont été mobilisés.

Face à ces défis, plusieurs axes stratégiques ont guidé son action. Le général Ndour a évoqué le renforcement des moyens et des stratégies de lutte contre l’insécurité urbaine, à travers, d’une part, l’extension et la densification des opérations de patrouilles de jour comme de nuit, dans les zones périurbaines et les banlieues, pour lutter contre la délinquance urbaine, les cas d’agression et de vol. D’autre part, il a été question d’adapter la doctrine du maintien de l’ordre et des règles d’engagement pour mieux respecter les droits humains, surtout lors des manifestations.

Lutte contre la migration irrégulière : 4 496 individus interpellés

Le renforcement des moyens de lutte contre la migration irrégulière et le trafic de stupéfiants a également été souligné, car au cours de l’année 2024, les services de police pour la lutte contre la migration irrégulière ont interpellé 4 496 individus, dont 3 210 Sénégalais et 1 286 étrangers.

Il a aussi été question du renforcement de la proximité avec les citoyens, la presse et les autres partenaires privilégiés, à travers l’amélioration de l’accueil et de l’orientation des usagers du service public, la facilitation de l’obtention des documents administratifs délivrés par les services de la police nationale, notamment le passeport, la carte nationale d’identité, les différents certificats et autres documents.

Des cadres d’échange permanents avec les usagers et les partenaires de la police nationale ont également été mis en place, ainsi qu’une réorganisation de la communication de l’institution.

"La mise en œuvre de ces actions a permis à la police nationale, dans le cadre de sa mission de sécurisation, d’enregistrer une baisse significative des actes de délinquance dans plusieurs zones sensibles et criminogènes, une meilleure coordination des interventions en situation d’urgence et une amélioration sensible du taux de satisfaction des usagers.

Toutefois, dans un dynamisme de renforcement institutionnel et de modernisation des structures pour répondre au besoin croissant de sécurité des populations, certaines perspectives sont visées. Il s’agit de la création de directions régionales au niveau des pôles identifiés pour assurer une meilleure coordination de l’ensemble des services de police au niveau territorial, la poursuite du maillage du territoire avec des unités spécialisées grâce à l’activation des unités spéciales de patrouilles aux frontières, et la création d’une Division nationale de lutte contre la fraude documentaire et à l’identité. La modernisation des contrôles aux frontières inclura un dispositif électronique de contrôle des véhicules via Securiport, ainsi que l’amélioration des infrastructures (construction de postes frontaliers, électrification, renforcement de la surveillance maritime et fluviale)", informe le patron de la police.

L’inspecteur général Mame Seydou Ndour compte également poursuivre le renforcement du parc automobile, en passant par l’acquisition de moyens roulants (motos quads et véhicules) pour améliorer l’opérationnalité des services de police, le renforcement des capacités, en mettant l’accent sur les ressources humaines et logistiques, le développement de capacités techniques avancées, et le renforcement des coopérations avec les partenaires nationaux et internationaux.

Il confie, dans ce sens, que la cartographie des points de trafic et la modernisation des outils de surveillance (drones, logiciels de reconnaissance, bodycams) seront des leviers essentiels pour l’amélioration.

La modernisation du service communication, le renforcement de la coopération, la mise en service du nouveau laboratoire ADN, et la dématérialisation des procédures au sein de l’institution sont également prévus. "Je souhaite que ce rapport ne soit pas seulement un bilan, mais aussi un levier de dialogue. Nous avons besoin de l’appui de toutes les forces vives de la nation : élus, enseignants, parents, journalistes, leaders communautaires. La sécurité publique ne peut être une affaire de spécialistes seulement. Elle est l’affaire de tous", souligne le DGPN.

CHEIKH THIAM

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