Les conducteurs d’engins lourds du Sénégal réclament une meilleure formation

L’Association des conducteurs d’engins lourds du Sénégal (Acels) a organisé un point de presse pour alerter l’opinion publique et interpeller les autorités sur la précarité croissante de leurs conditions de travail. À travers la voix de son président Ousmane Fall, l’association tire la sonnette d’alarme sur les multiples défis qui menacent la sécurité, la dignité et l’avenir de leur métier.
Dans un secteur en pleine expansion, notamment dans le cadre des grands chantiers nationaux et des activités minières, les conducteurs d’engins lourds restent paradoxalement les grands oubliés. Exposés quotidiennement à des risques humains et matériels, ces professionnels dénoncent une absence criante de protection sociale, un manque de reconnaissance et des horaires exténuants. ‘’Nous travaillons dans des conditions très dures, souvent sans équipements de sécurité adéquats, sans repos réglementaire ni couverture sociale’’, déplore Ousmane Fall. Il souligne également le manque de dialogue entre les conducteurs et les entreprises du secteur, où les droits syndicaux sont rarement respectés.
L’un des principaux griefs de l’Acels reste l’insuffisance, voire l’absence de formation professionnelle structurée pour les conducteurs d’engins lourds. Or, face à la technicité croissante des équipements modernes, le besoin en formation de qualité devient un impératif.
‘’L’avenir de notre profession dépend de la mise en place d’un système de formation professionnelle adapté aux standards internationaux’’, martèle M. Fall. Dans cette optique, l’association plaide pour la création d’un centre de formation moderne, équipé de simulateurs, de matériel à la pointe de la technologie et encadré par des experts certifiés.
Cette initiative viserait non seulement à rehausser le niveau de compétence des conducteurs sénégalais, mais aussi à réduire les risques d’accident liés à la mauvaise manipulation des engins. L’Acels interpelle le ministère de la Formation professionnelle pour un accompagnement pédagogique et le ministère des Mines afin que cette réforme soit intégrée dans les politiques du secteur extractif.
En marge des revendications professionnelles, Ousmane Fall a également pris la défense d’un des membres de l’association, Cheikh Niang, actuellement détenu dans le cadre de l’enquête sur l’effondrement d’un immeuble à Dakar. ‘’Nous réclamons une justice équitable, sans stigmatisation de notre métier. Cheikh Niang mérite un procès juste où les responsabilités seront établies objectivement’’, a-t-il plaidé.
Au-delà des revendications immédiates, l’Acels milite pour une reconnaissance officielle du métier de conducteur d’engins lourds, considéré comme essentiel dans les secteurs du BTP, des mines et des infrastructures. L’association propose une certification nationale des compétences, des conventions collectives adaptées et l’instauration de normes de sécurité obligatoires pour tous les employeurs.
En somme, le cri d’alarme lancé par l’Acels résonne comme un appel à la modernisation, à la justice sociale et à la dignité professionnelle.
Reste à savoir si les autorités compétentes répondront à l’urgence exprimée par ces acteurs clés du développement économique national.
Ndeye Diallo ( Thiès)