Trois morts, six portés disparus et des blessés

La brèche a encore tué. Dans la nuit du mercredi au jeudi, 5 pirogues ont chaviré, au moment où elles tentaient de la traverser nuitamment. Il y a eu des morts et des blessés. Les populations de Guet-Ndar ne décolèrent pas.
Le coup est rude pour les pêcheurs de Saint-Louis et leurs familles qui ont vécu l’horreur, dans la nuit du mercredi au jeudi. Trois d’entre eux ont trouvé la mort, lorsque leurs pirogues, au nombre de cinq, ont chaviré. Six autres sont portés disparus. Nos sources renseignent qu’il y a de nombreux blessés dont certains ont été admis au centre hospitalier régional de Saint-Louis. Hier, dans la journée, les familles des victimes sont allées récupérer les corps gardés à la morgue, en présence des autorités hospitalières et de la police.
Visiblement abasourdis et meurtris, les parents et proches des blessés ont passé de moments à attendre, le plus souvent accroupis devant le service des urgences, d’avoir des nouvelles. En colère, ils pointent un doigt accusateur sur le gouvernement. ‘’Depuis des années, on ne cesse d’alerter sur le danger que constitue cette brèche qui est devenue un mouroir pour nos familles’’, fulmine Macoumba Dièye. Lui comme les autres portent peu d’intérêt à la décision du chef de l’Etat de tenir un Conseil interministériel sur l’avancée de la mer. Tout ce qu’ils veulent, c’est une solution définitive pour cette ‘’brèche de malheur’’.
‘’Les problèmes de Guet-Ndar se résument à un seul : c’est la gestion de la brèche’’, soutient, mordicus, Latyr Fall, adjoint au maire chargé de la pêche, venu au chevet des blessés qui sont ses voisins. Pour lui, le dragage et le balisage sont devenus des urgences fortes pour Guet-Ndar.
Mauvais temps
Le drame est survenu à cause du mauvais temps, selon plusieurs témoignages. Certains pêcheurs affirment que la mer était très agitée, dans la nuit du mercredi allant au jeudi. ‘’Dès que j’ai vu que la mer était très agitée, j’ai appelé mes fils pour leur demander de rester en haute mer’’, témoigne Ibrahima Diop, la soixantaine. Venu à l’hôpital pour s’enquérir de l’état de ses voisins blessés, il se désole de voir ce qui se passe sur la Langue de Barbarie. ‘’Si ce n’est pas l’avancée de la mer, c’est la brèche qui, malheureusement, nous prend quotidiennement nos vies’’, lance-t-il avec dépit. Ainsi, ajoute-t-il, le temps est venu pour le gouvernement d’arrêter de jouer avec leurs sentiments. ‘’Les autorités attendent qu’il y ait des morts pour venir ici avec des sacs de riz et des enveloppes. Qu’elles sachent qu’on n’en a pas besoin. Notre souhait est de voir le balisage et le dragage de la brèche réalisés et un mur de protection posé pour atténuer les dégâts de l’avancée de la mer’’.
Les raisons du drame
Baye Diallo, Président du Clp, explique l’accident par l’ensablement à hauteur de la brèche. ‘’Il y a beaucoup de sable, à cause des fortes vagues, et cela entrave le passage des pirogues’’. Ainsi, du fait qu’elles étaient remplies de produits halieutiques capturés en haute mer, ‘’les embarcations étaient lourdes, les vagues fortes, la brèche ensablée. Ainsi, tout était réuni pour qu’il y ait une telle tragédie’’.
Guet-Ndar continue ainsi à payer un lourd tribut à l’inconséquence qui a prévalue à l’ouverture de cette brèche, en dépit de tout bon sens. Inconsolables, les pêcheurs se disent que leur forte mobilisation organisée, il y a quelques semaines dans les rues de Saint-Louis, pour demander des solutions idoines aux dégâts humains et matériels sur la brèche, n’a pas fait bouger les lignes. ‘’Le gouverneur et le préfet ne se sont même pas déplacés, le jour de notre marche, pour venir recueillir le mémorandum’’, dénonce le jeune Moussa Diaw. Ce dernier propose un autre rassemblement devant les grilles de la gouvernance, pour forcer les autorités administratives à sortir prendre langue avec eux sur les problèmes qui noient Guet-Ndar.