Publié le 27 Sep 2012 - 17:26
ABDOULAYE DIAW

« Pape Diop a été l'homme du renouveau du foot sénégalais»

 

 

 

Qui fut Pape Diop, ancien sélectionneur des Lions ?

 

Pape Diop est l'un des tout premiers professionnels sénégalais en France au milieu des années 1950. il a joué au Foyer France Sénégal, l'ancêtre du Jaraaf. En France, il a atterri directement à Nîmes, qui fut l'une des plus grosses écuries de l'Hexagone avec Reims et le Racing Club de Paris. Quand il est arrivé à Nîmes, il doublonnait avec un Français d'origine antillaise, Charles Alfred, celui-ci devait être le remplaçant de Robert Jonquet qui était à Reims. À l'époque, il n'y avait qu'un demi-centre et non deux. Finalement, Pape Diop est parti. Quand il est rentré, il a évolué comme libero. Sa carrière d'entraîneur débute à la fin des années 1960. Il a été trois fois sélectionneur du Sénégal. Il a d'abord pris le relais de feu Mawade Wade après la CAN d'Asmara 1968 (en Érythrée).

 

Dès son premier match à Dakar, le Sénégal s'impose (5-1) face au Togo. Par la suite, il a été limogé avant d'être rappelé au milieu des années 1970. Il a été encore limogé et rappelé à nouveau dans les années 1980. Quand nous sommes allés au Caire en 1986 (en Égypte), c'est avec Pape Diop. Donc il a été rappelé trois fois. Et c'est lui, l'homme du renouveau du football sénégalais. Entre-temps, il a entraîné le Jaraaf de Dakar avec qui il a réussi le doublé (Coupe-Championnat) en 1982.

 

Comment a-t il pu surmonter ce traitement ?

 

Il était rompu à la tâche pour avoir été professionnel. Voilà comment il prenait très bien ses limogeages et ses rappels. Parce que dans le monde du football professionnel, se séparer d'un joueur ou d'un entraîneur, ça va très vite.

 

Il connaissant cette situation pour l'avoir vécu à Nîmes. Je vous le rappelle qu'on l'avait trouvé très bon mais il y avait Charles Alfred qui était très solide au poste. C'était un sportif accompli. Il comprenait très bien les séparations et les recommencements. Il le prenait avec philosophie. Il se disait : ''Le football ne m'appartient pas, je répondrais présent chaque fois qu'on ferait appel à moi. Tant qu'on sentira que je serai utile à quelque chose, je serai prêt à le faire''. Il l'a fait en équipe nationale et avec son association de toujours, le Jaraaf.

 

Dans ce club, il a constitué avec Karim Diack, son ami de toujours, un redoutable duo. Pape Diop était un homme de défi parce qu'il aimait reprendre les équipes qui ne marchaient pas bien. Après 18 ans de traversée du désert, il s'est donné comme objectif de ramener le Sénégal dans l'élite africaine. Pendant 18 années, des entraîneurs n'avaient pas réussi à le faire. Voilà comment Pape Diop s'est retrouvé entraîneur au milieu des années 80.

 

Que retenez-vous de lui ?

 

Je retiendrai de lui l'homme de la résurrection du football sénégalais pour avoir ramené le Sénégal dans l'élite africaine après 18 années de purgatoire. L'intelligence de Pape Diop, c'était d'échanger avec tout le monde. Je trouvais du plaisir à aller aux entraînements de l'équipe nationale, tant et si bien qu'il m'arrivait rarement d'entrer dans les vestiaires si ce n'est pour prendre la liste des adversaires. Il trouvait le malin plaisir de me poser des questions dans la constitution de l'équipe, dans l'approche. Il aimait discuter pour être convaincu dans ses choix.

 

À chaque fois qu'il rendait public un onze de départ, le public applaudissait. Comme en 1985 contre le Zimbabwe (en éliminatoires de la CAN 1986), quand j'ai donné la liste de Cheikh Seck et Thierno Youm. C'était une explosion de joie du public qui avait souscrit au onze de départ de Pape Diop alors que l'équipe était encore dans les vestiaires. Parce que c'est quelqu'un qui aimait prendre des informations pour tendre vers le onze idéal. Par rapport à l'expertise locale, Pape Diop était une source intarissable. Il venait de remplacer Mawade Wade, Joe Diop et Lamine Diack qui rentraient d'Asmara, et on avait cru en lui.

 

C'était plus qu'un entraîneur, c'était un formateur. Parce qu'il a dirigé pas mal de stages. Voilà comment il a cru à l'expertise locale, il se faisait des choix sur des hommes qu'il a formatés, il les jetait à l'eau. Il croyait dur comme fer à l'expertise locale. La preuve, il aimait s'entourer des joueurs qu'il avait formés. Quand on allait au Caire, son adjoint était Yérim Diagne. En 1968, il était d'abord seul puis il s'est rapproché de Joe Diop. C'était l'un des héritiers de Lamine Diack et de Mawade Wade.

 

Adama COLY

 

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