Les libéraux dénoncent le «régime de terreur» de Macky Sall
Les militants du Parti démocratique sénégalais (PDS) se sont massivement mobilisés devant la Brigade des affaires criminelles (BAG), logée au Palais de justice, pour manifester leur soutien à l’endroit de leur «frère», Me El Hadj Amadou Sall. Lequel était entendu pour des propos jugés «offensants» contre le chef de l’Etat, tenus à l’occasion de l’audition de Karim Wade, ancien ministre de la Coopération internationale, des Transports aériens et de l’Énergie, la semaine dernière.
Massés sur le parking qui fait face au Temple de Thémis, les libéraux, dopés par la présence massive des responsables du parti dont Oumar Sarr (coordonnateur national), Me Ousmane Ngom, Modou Diagne Fada, Me Madické Niang, ont bravé le vent frisquet venant de l'océan tout proche. Comme pour démontrer leur détermination face au régime de Macky Sall qui «a choisi de régner par la terreur», ils se sont vautrés dans des chaises en plastique installées pour la circonstance.
Sous le regard vigilant des forces de l’ordre qui n’ont pas répondu à la provocation de militants surexcités. Et à mesure que les minutes passent, l’adrénaline monte d’intensité sur les lieux. Un militant libéral, qui a voulu accrocher une banderole sur les grilles du tribunal, est vite sommé de l’enlever. «C’est Abdoulaye Wade qui a construit ce bâtiment», lance-t-il sans oublier d'obtempérer malgré tout.
Il est 17 heures passées. L’ancien ministre de la Justice n’est toujours pas sorti des locaux de la BAG. Les supputations vont alors bon train. Oumar Sarr, leader désigné du parti, soupçonne un transfert de Me Sall dans un autre lieu. Un soupçon conforté, selon des témoignages, par le «refus» des limiers de laisser le frère de l'ex-Garde des Sceaux apporter son repas au «détenu». Les responsables du PDS décident alors d’improviser un Comité directeur sur place sanctionné par une déclaration dans laquelle ils dénoncent les conditions d’arrestation de celui qui a fait office de porte-parole du candidat Abdoulaye Wade à l'élection présidentielle de février-mars 2012.
«Me Amadou Sall vient d’être arrêté, ce 25 décembre, par des policiers armés jusqu’aux dents et amené manu militari à la DIC (NDLR : Division des investigations criminelles, une branche de la BAG). Ceci est particulièrement intolérable et ne saurait être accepté par un quelconque militant», déclare Oumar Sarr.
Pourtant, poursuit le député-maire de Dagana, «la nuit dernière, en accord avec lui, ses avocats ont adressé une lettre au commissaire de la DIC pour demander le report de la convocation au 26 décembre 2012, notamment en respect pour la célébration de la fête de Noël.» Un argument qui n’a pas convaincu les policiers qui sont allés cueillir Me Sall.
En guise de solidarité, les libéraux ont décidé alors d'amplifier les propos qui valent l'audition à l'ancien ministre (afin que) cette convocation soit suivie par d’autres. Selon le Comité directeur du Pds, «Macky Sall ramène notre pays dans les années noires du régime socialiste, années pendant lesquelles la répression était la seule réponse face aux revendications légitimes des populations».
Après ce moment «show», les libéraux ont été priés par les forces de l’ordre de se disperser. Ils obéissent sans broncher. Karim Wade, lui, tente le coup du héros en s’opposant à la sommation. Sans succès, le fils de l’ancien président de la République finit par rejoindre ses amis de parti, après les sages conseils d’un de ses proches...
Pour rappel, Me Amadou Sall avait accusé le président de la République Macky Sall de faire dans la sorcellerie à l'endroit de Karim Wade dont les convocations récurrentes le jeudi obéiraient à des impératifs mystiques.
DAOUDA GBAYA