‘’La part allouée à la santé mentale est très faible’’

La perte d’un être cher, la pauvreté, le chômage, une maladie physique, l’usage nocif de l’alcool, la consommation de drogues, ou encore des situations traumatiques peuvent être à l’origine d’une dépression. Cette année, la journée mondiale de la Santé, célébrée vendredi dernier, a été consacrée à la santé mentale. La ministre Awa Marie Coll demande des moyens pour cette pathologie.
La santé mentale est le parent pauvre du secteur. Ce point de vue est confirmé par la ministre de la Santé et de l’action sociale, Professeur Awa Marie Coll Seck. ‘’Il faut qu’on réfléchisse ; il y a des jeunes filles qui se suicident. En plus de cela, vous pouvez être exécrable, sans oublier la stigmatisation. Nous avons beaucoup de défis à relever, aidez-nous à avoir beaucoup de partenaires pour appuyer la santé mentale. L’Etat aussi doit nous aider car la part allouée à la santé mentale est très faible. Alors que cette maladie, c’est comme les urgences ; cela peut arriver à l’improviste’’, a plaidé la ministre qui présidait la cérémonie, lors de la journée mondiale de la santé sur le thème : ‘’La dépression, parlons-en.’’ Elle a en outre précisé qu’il faut se battre pour avoir plus de moyens, car c’est la dépression qui explique qu’il y a beaucoup de gens dans la rue.
Embouchant la même trompette, le représentant-résident de l’Organisation mondiale de la santé, Docteur Déo Nshimirimana, a soutenu que les ressources pour prévenir, identifier et traiter des troubles mentaux comme la dépression sont très rares. La région africaine, dit-il, connaît une grave pénurie de professionnels de santé mentale qualifiés, avec seulement un psychiatre pour un million d’habitants et un ratio identique pour les psychologues. ‘’Le nombre de personnels de santé mentale - infirmiers psychiatres, ergothérapeutes et travailleurs sociaux - reste insuffisant. Le manque de médicaments, de psychothérapie bien structurée appuyée par d’autres mesures efficaces prises au niveau des services de soins de santé primaires pour traiter la dépression constituent autant de sources de préoccupation’’, a relevé Dr. Nshimirimana. Sur ce, il a demandé à tous les pays de soutenir les programmes d’action pour la santé mentale, en allouant des ressources humaines et financières suffisantes pour répondre à la charge croissante due à cette affection. ‘’Je lance un appel aux Etats membres pour qu’ils incluent la santé mentale dans leurs programmes nationaux de développement sanitaire’’, a-t-il déclaré.
332 millions de dépressifs dans le monde
Par ailleurs, selon les estimations de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), la dépression touche environ 332 millions de personnes dans le monde. Elle est la principale cause d’incapacité à l’échelle mondiale et contribue fortement à la charge mondiale de la maladie. Près de 30 millions de personnes souffrent de cette affection dans la région africaine. ‘’Nous sommes tous exposés au risque de dépression. Elle touche les personnes de tous les âges et de tous les horizons, dans tous les pays’’, prévient le représentant résident de l’Oms docteur Déo Nshimirimana.
Ces principales causes sont, entre autres, la perte d’un être cher, la pauvreté, le chômage, une maladie physique, l’usage nocif de l’alcool, la consommation de drogues ou encore des situations traumatiques telles que la violence et la guerre. Dans le pire des cas, révèle Dr Nshimirimana, la dépression peut conduire au suicide, lequel représente la deuxième cause de mortalité chez les 15-29 ans. ‘’La dépression varie selon l’âge et sévit avec plus d’acuité chez les adultes âgés de 55 à 74 ans, même si les enfants et les adolescents sont concernés par cette affection. Si elle n’est pas traitée, elle peut être récurrente, perdurer et devenir invalidante’’, informe-t-il.
Pour sa part, le chef de la division de la maladie mentale, Professeur Aïda Sylla, a alerté que la dépression est une tristesse a-normée avec une inhibition du corps qui dure plus de 15 jours. D’où la nécessité d’aider les personnes à mieux comprendre cette maladie. Sur ce, un guide que la division de la santé mentale a élaboré pour aider tous les acteurs à reconnaître les maladies mentales a été présenté. ‘’On a encore des difficultés à considérer les troubles mentaux comme des maladies. Quelqu’un qui a mal au ventre ou à la tête, dans une structure sanitaire, on va très vite le soigner. Mais on peut voir un malade mental devant un dispensaire, habiter là-bas, et on n’aura pas le réflexe de lui porter secours. Ce guide servira à intégrer tous les soins mentaux’’, a soutenu la psychiatre.
VIVIANE DIATTA