Publié le 28 Sep 2016 - 18:36
BIGNONA - VASTE RESEAU DE FUF EN ACTES AUTHENTIQUES A L’ETAT CIVIL

Des agents de l’état civil et du tribunal déférés

 

Les limiers du commissariat urbain de Ziguinchor ont démantelé un réseau de faussaires. Ils s’activaient dans le faux et usage de faux (FUF) en actes authentiques à l’état civil de Bignona. Il s’agit du peintre C. Faty, de S. Sané, de la secrétaire à l’état civil, de El. Sané, archiviste à l’état-civil et d’I. Dramé, un bénévole qui travaille comme archiviste au tribunal départemental. Un certain A. Diallo est en fuite.

 

Il y a un mois, un individu s’est introduit dans une boutique à Mpack (situé non loin de Bignona). En repartant avec un carton d’arôme ‘’Doli’’, il a été pris en chasse par les riverains. Le voleur a pu s’échapper, mais il a laissé derrière lui un sac contenant divers documents dont de faux extraits de minutes du greffe, des extraits de naissance, une copie de sa pièce d’identité et un reçu de transfert d’argent via le réseau Wari. Ce transfert avait été effectué par une personne répondant au nom de C. Faty. Munis de ces informations, les hommes du Commissaire Mamadou Diallo du commissariat de Ziguinchor ont retrouvé le sieur Faty qui, interrogé, a nié la tentative de vol. Par contre, il a reconnu être un facilitateur dans l’obtention de faux extraits de naissance. Que ses complices A. Diallo, S. Sané et El. Sané travaillent à l’état civil de Bignona. Il a également renseigné qu’ils bénéficient d’une complicité au niveau du tribunal départemental en la personne d’I. Dramé.

Après ces aveux, les éléments du Commissaire Diallo ont pris le temps d’investiguer. Ils se sont rendus successivement au centre d’état civil de Bignona et au tribunal départemental munis de réquisitions pour récupérer les registres de l’année 2008 et les jugements de la même année, objet du contentieux. Il s’est avéré que les extraits de minutes du greffe retrouvés dans le sac de C. Faty ne figurent dans aucun jugement. En plus, il s’agit de pré-imprimés scannés. D’autres découvertes ont été faites. Notamment, il n’y avait pas de répertoire de jugement pour l’année 2008, mais des pré-imprimés de jugements vides, numérotés, datés et comportant la signature cachetée de l’ancien président du tribunal. Ce sont ces pré-imprimés dont se servait le nommé I. Dramé pour délivrer des extraits de minutes qu’il avait copiés en couleur avec la signature de l’ancien greffier en chef, N. Sadio.

Leur modus operandi bien huilé

Lors d’un autre interrogatoire, C. Faty a renseigné que les faux extraits de minutes du greffe retrouvés dans son sac sont tous accompagnés de faux extraits de naissance qu’il a remis aux demandeurs. Mais qu’il n’est pas en mesure d’identifier ou d’aider à localiser les bénéficiaires. Que ces faux documents lui ont été remis par les nommés S. Sané, El. Sané et A. Diallo moyennant la somme de 6 000 F CFA, avec la complicité d’I. Dramé qui officie au tribunal. Ce dernier percevait une somme de… 2400 F CFA.

Interrogé à son tour sur ses relations avec le prévenu, S. Sané a reconnu avoir reçu des mains de C. Faty la somme de 6 000 F CFA. Elle a prélevé 1000 francs pour remettre le reste à I. Dramé qui se chargeait de délivrer les extraits de minutes du greffe sur lesquels elle se basait pour établir les extraits de naissance qu’elle soumettait à signature. Elle a également admis avoir remis à trois reprises des extraits de naissance à C. Faty. Le nommé El. Sané a aussi été interrogé.

Il  a nié toutes relations avec C. Faty, outre le cousinage à plaisanterie. Il a également déclaré n’avoir jamais reçu des mains de C. Faty une quelconque somme d’argent, encore moins l’avoir aidé dans l’obtention d’un acte à l’état civil de Bignona. Sur ses relations avec le nommé I. Dramé officiant au tribunal, il a déclaré n’entretenir que des relations de cousinage. Qu’il lui arrive aussi de le solliciter pour l’établissement de certificats de nationalité.

Mais, une deuxième audition a permis à tout ce beau monde de reconnaître tous les faits qu’on lui reproche. Il ressort des différents interrogatoires et auditions que les mis en cause, en l’occurrence I. Gassama, S. Sané, El. Sané et A. D ont utilisé leur position voire leur situation au sein des deux entités concernées (Mairie et Tribunal) pour entretenir un vaste réseau de faussaires moyennant la modique somme de 6 000 F CFA. Pour sa part,  A. D qui est cité dans cette affaire de faux en écriture, comme coauteur dans la confection des faux extraits de naissance, est  en fuite. Il est activement recherché. Les autres ont été déférés au parquet de Ziguinchor, hier.

CHEIKH THIAM

 

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