Mohamet Massamba Sèye, l’alternative jeunesse de la ville de Dakar

A moins de 35 ans, le président du parti PED/Natangué veut donner aux jeunes l’opportunité d’élire un des leurs à la tête de la mairie de Dakar.
A côté des affiches représentant les grands favoris pour occuper le fauteuil de maire de la ville de Dakar, un nouveau visage interpelle. Il n’a pas l’expérience politique d’un Doudou Wade, la puissance financière d’un Pape Diop, la fougue et l’aura d’un Barthélemy Dias. Mais Mohamet Massamba Sèye croit en ses chances d’être, au soir du 23 janvier prochain, le premier magistrat de la capitale sénégalaise. Et cet espoir se fonde sur une offre nouvelle de gouvernance : la jeunesse au pouvoir. ‘’La force de travail et de développement résident en la jeunesse. J’ai du respect pour les six autres candidats avec qui je partage la course pour la mairie de Dakar. Mais les jeunes sont décidés à prendre les commandes, et pour une première, accéder aux instances de décision’’, assure-t-il.
A 33 ans, Mohamet Massamba Sèye est l’un des plus jeunes chefs de parti du Sénégal. Ce natif de Dakar, digne fils de la commune des HLM, est à la tête du Parti pour l’émergence et le développement (PED/Natangué). Lébou pur jus, le jeune politicien est écartelé entre Ouakam où son père Djiby Sèye occupe le statut de Ndiambour dans le Conseil des sages, et Bargny, où sa mère, fille du célèbre dignitaire Babacar Mandaw Diouf, est originaire. Ces branches éparpillées autour de Dakar de son arbre généalogique lui confère-t-il le droit de réclamer le soutien des 12 ‘’Pinthieu’’ de Dakar (les collectifs lébous) ? L’intéressé en est persuadé.
Mais c’est bien aux HLM que Mohamet revendique son identité dakaroise. Là où il a effectué ses études primaires à l’école HLM 4 E. S’ensuit un passage à l’école Diaraf Falla Paye (ex-Libération) pour l’obtention du Certificat de fin d’études élémentaires. Le collège et le lycée se feront à l’école Saint-Michel.
Bac G en poche, le nouvel étudiant part se former au Maroc pour décrocher une Licence en finances. Cette formation se fait en même temps que quelques jobs étudiants dans les centres d’appel.
Un Dakarois revendiqué
De retour au pays, il se heurte à la réalité du marché du travail, malgré un Master en banque finances. A force de chercher un emploi rémunéré, il se lance dans l’entrepreunariat avec succès. Mais il prend surtout conscience des problèmes d’emploi que rencontre la jeunesse sénégalaise. L’influence d’une mère politicienne aidant, et l’exemple des bonnes recettes appliquées au Maroc, Mohamet s’est trouvé une vocation, montrer que les jeunes doivent s’investir en politique pour changer leur quotidien : ‘’Le Sénégal ne manque de rien. Nous avons une bonne économie, de bonnes ressources humaines, des ressources naturelles et pourtant, rien ne marche. C’est ainsi qu’on a jugé très tôt nécessaire de nous engager pour essayer de donner une nouvelle offre politique. Et pour moi, tout ceci ne pouvait se faire qu’en mettant en place notre propre parti politique pour ne pas être phagocyté par la masse des politiques politiciennes constatée dans les partis classiques.’’
Car Mohamet et la politique, c’est une longue histoire. A 23 ans et encore étudiant, il reçoit le récépissé de son parti politique légalement constitué, délivré par le ministère de l’Intérieur, à la date du 3 mai 2012. Depuis, ‘’notre parti trouve son identité dans l’émergence du devoir citoyen’’. La voie veut se démarquer des rouages de la servitude morale et intellectuelle. ‘’Notre ardente volonté, argue le leader du PED/Natangué, est de tracer des perspectives claires et justes pour accélérer le processus de développement qui relativise notre engagement politique. Nos cibles : une jeunesse dépoussiérée de ses lacunes et engagée dans les voies du progrès, des femmes libérées du servage les retenant dans la simple configuration politicienne, des adultes avertis, capables de s’impliquer dans l’ensemble des routes des espérances que requiert la cité. Le 3e âge ne serait pas en reste ; il mettra la main à la pâte pour ceinturer le grand conseil de la cité’’.
La galère avant la participation
Un moyen de marquer le coup après dix années d’existence est d’offrir une alternative jeune aux Dakarois, un choix nouveau pour refaire le visage de la capitale. L’occasion est offerte par les Locales de janvier prochain. Mais tout ne fut pas de tout repos. Lorsqu’il se présente au bureau du préfet de Dakar, Mor Talla Tine, pour déposer sa candidature, le mercredi 3 novembre 2021 à 23 h 45, s'ensuit un long moment de tractation avec l’administrateur territorial. C’est finalement aux alentours de 4 h du matin que le préfet a accepté le dépôt. Deux jours après, une notification tombe : ‘’Un rejet de mon dossier de candidature à cause d’un nom qui a figuré deux fois sur la liste des suppléants. Une erreur qui s’explique par l’acharnement du préfet, au soir du dépôt, qui a fait que dans la précipitation, un dossier est rangé en double’’, se remémore-t-il.
Mohamet Massamba Sèye n’a donc pas échappé à cette période de polémique sur le rejet des listes de l’opposition. Si son cas n’a pas fait la une des journaux, il a suivi le même procédé que la bande à Ousmane Sonko et Khalifa Sall. Conférences de presse en moins.
En effet, il dépose un recours à la Cour d’appel de Dakar le lundi 8 novembre. Un délibéré rendu le jeudi qui suit le rétablit dans son droit de procéder à la modification et de redéposer. Muni de la décision de la cour d’appel, il se rend alors à la préfecture. Le maitre des lieux lui demande de présenter l’arrêt de la Cour d’appel de Dakar.
Ce précieux sésame n’a toutefois pas suffi pour convaincre le préfet d’accepter la candidature de la tête liste de la coalition Jammi Sénégal, alors qu’une circulaire du ministère de l’Intérieur demandait à l’Administration territoriale de ne pas appliquer les décisions des cours d’appel sur la réintroduction des listes de l’opposition. Ce n’est que le 14 novembre qu’il apprendra, après l’arrêté n°0156/P/D/DK du 12 novembre 2021 portant publication des déclarations de candidature à l’élection des conseillers municipaux de la ville de Dakar du 23 janvier 2022, qu’il verra le nom de sa coalition inscrit sur la liste de celles retenues par la préfecture de Dakar.
Un programme simple et réaliste
Le plus dur commence maintenant : convaincre les Dakarois de le choisir devant des mastodontes politiques. Sans sourciller, Mohamet croit en son programme. Celui-ci se fonde sur des politiques de revalorisation de l’enseignement et de motivation des élèves et parents d’élèves ; la lutte contre la spoliation foncière ; un accompagnement des artisans dans la mise en place d’activités génératrices de revenus ; un relèvement du plateau médical, entre autres actions à mener.
Pour la tête de liste de la coalition Jammi Sénégal, il est temps que l’on donne sa chance à la jeunesse, ‘’pour prendre les commandes et apporter sa pierre à l’édifice dans la grande construction de notre pays’’. Bien au-delà de la politique, Mohamet Massamba Sèye veut aussi être un modèle d’inspiration pour la jeunesse. Car, déplore-t-il, celle-ci ‘’est souvent laissée à elle-même et utilisée dans les servitudes politiciennes qui dérivent pour la plupart dans des affrontements avec les forces de l’ordre’’.
Une solution plus intelligente peut être de s’engager en politique afin d’avoir plus d’emprise sur leur destinée.
Lamine Diouf