Publié le 18 Apr 2020 - 19:08
CAS COMMUNAUTAIRES AU SENEGAL

Macky Sall envisage de réajuster les horaires du couvre-feu

 

L’accroissement des cas communautaires inquiète l’Etat du Sénégal. Hier, en plus de l’appel lancé par le ministre Abdoulaye Diouf Sarr, le président Macky Sall a jugé la situation grave. Il prévoit d’allonger la durée du couvre-feu nocturne, de 18 h à 7 h du matin.

 

Depuis maintenant une semaine, le Sénégal n’arrive pas à résoudre la grande équation des cas issus de la transmission communautaire qui donnent des migraines au ministère de la Santé, au personnel soignant et inquiètent la population. Ils deviennent difficiles à gérer, au point que le président Macky Sall envisage de prendre de nouvelles mesures. Soulignant sa préoccupation face aux transmissions communautaires, dans un entretien accordé à France 24 et RFI, le chef de l’Etat n’exclut pas d’aller vers un confinement total du pays.

‘’La communication au niveau des communautés est très importante. Si toutefois cela ne suffit pas, en fonction de l'évolution de la maladie, nous n'excluons pas d'aller vers des mesures plus fortes. Mais, en attendant, j'avais souhaité confiner d'abord totalement tous les contacts avec les malades, plutôt que de confiner la population. Mais si, demain, on devrait y arriver, on le ferait. Tout dépendra de l'évolution de la maladie’’, précise-t-il.

Cependant, dans un premier temps, souligne le chef de l’Etat, le plus opportun, c’est d’allonger la durée du couvre-feu nocturne. La première mesure était la fermeture des écoles, des aéroports et le port maritime. ‘’Ensuite, nous sommes passés à l’état d'urgence et au couvre-feu qui va de 20 h à 6 h du matin. Certainement, avec les nouveaux cas communautaires, nous allons réajuster les horaires du couvre-feu pour les remonter un peu plus de 18 h et un peu plus tard à 7 h du matin’’, souligne-t-il.

Les cas communautaires sont le plus grand risque

Toutefois, depuis le 12 avril, le nombre de guéris a dépassé celui de malades dans les hôpitaux. ‘’Cette courbe progresse à son terme, si nous arrivons à régler l’autre problème majeur que nous avons, c’est-à-dire la contamination communautaire qui ne relie pas le malade à des cas connus’’, déclare le chef de l’Etat. Avant d’ajouter qu’‘’aujourd’hui, les cas communautaires, c’est le plus grand risque que nous avons. Nous allons prendre également de nouvelles mesures pour contenir cette contamination. L'autre objectif est de renforcer les contrôles au niveau des frontières, pour éviter que d’autres cas importés soient répertoriés’’, ajoute le président Sall.

Il précise que ces mesures seront détaillées ultérieurement, à l'issue de la réunion avec les responsables du ministère de la Santé.  En outre, le président de la République demande à la population de rester à la maison. Sur sa page tweeter, il juge la situation de ces cas très grave. ‘’L’accroissement des cas communautaires est plus que préoccupant. C’est une situation grave. Ensemble, mes chers compatriotes, soyons plus vigilants et mobilisés face à cette nouvelle donne. Respectons les mesures édictées, pour éviter une propagation générale’’, lance Macky Sall. 

30 cas communautaires ont ceinturé le pays

Dans la même veine, le ministre de la Santé et de l’Action sociale affiche la même inquiétude. C’est sur un ton grave, empreint de solennité qu’Abdoulaye Diouf Sarr s’est adressé, hier, aux Sénégalais, au moment de faire le point sur les résultats des tests du jour. Il a d’abord annoncé que les cas importés sont maitrisés ; que les cas contacts sont bien localisés et mis en quarantaine. Cependant, précise-t-il, il faut admettre que les cas communautaires sont préoccupants. Il recommande fortement le port systématique du masque, en particulier dans les marchés, les transports et autres lieux publics.

En outre, face à cette menace de plus en plus pernicieuse, il demande à chaque chef de famille, à chaque responsable d’une dynamique communautaire, aux leaders d’opinion, chef religieux et coutumiers de se lever pour barrer la route à la pandémie de Covid-19. Abdoulaye Diouf Sarr recommande également à la population de respecter scrupuleusement les consignes pour vaincre cette pandémie. Car, jusqu’à hier, 30 cas communautaires ont ceinturé le pays. Ils sont installés dans les communes de Louga, Saint-Louis, Ziguinchor, Touba, Mbour, Thiès, Keur Massar, Diamniadio, Rufisque, Pikine, Thiaroye Gare, Yeumbeul Sud, Mbao, Médina, Gueule Tapée-Fass-Colobane, Plateau, Golf Sud, Parcelles-Assainies, Pikine Ouest, Hann Bel Air, Derklé-Dieuppeul.

Egalement, le Sénégal a enregistré, hier, 7 cas positifs sur les 287 tests réalisés. Il s’agit de 5 cas contacts suivis et 2 cas issus de la transmission communautaire à Ziguinchor. Ces cas communautaires sont un père de famille et son fils qui habitent le quartier de Diabir, à la périphérie de la capitale sud du pays. ‘’Quatre patients hospitalisés sont contrôlés négatifs et donc déclarés guéris. L’état de santé des patients hospitalisés est stable’’, a informé Diouf Sarr.

A ce jour, 342 cas ont été déclarés positifs au Sénégal dont 198 guéris, 3 décédés (voir ailleurs) 1 évacué et 141 sous traitement.

Tout ceci fait dire au ministre de la Santé et de l’Action sociale qu’une nouvelle situation se présente dans la riposte face à la Covid-19. A ce propos, le chef de la Plateforme d’immunologie à l’Institut de recherche en santé de surveillance épidémiologique et de formation (Iressef) et membre de l’Observatoire Covid-19 Sciences technologies et innovation (STI) du ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation (MESRI), Professeur Tandakha Ndiaye Dièye, informe que les cas communautaires arrivent parce que, quelque part, il y a des asymptomatiques qu’on n’a pas décelés. C’est-à-dire : ‘’Vous avez par exemple 20 cas suspects. Si les deux sont positifs, les autres, vous les laissez partir après 15 jours d’incubation ou après confinement. Au moment où vous les avez libérés, ils ont peut-être la Covid-19, mais sont asymptomatiques. Ils vont contaminer les autres sans le savoir. On va parler des cas communautaires, mais en réalité, c’est des cas contacts’’, clarifie-t-il.

La transmission communautaire se produit lorsqu’une personne contracte la Covid-19 d’une source inconnue et qu’aucun lien épidémiologique ne peut être établi. Ce qui laisse entendre que le virus se propage au sein d’une communauté, d’une personne à une autre.

VIVIANE DIATTA

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