‘Une si longue lettre’ en version en wolof

Dirigée par l’écrivain Boubacar Boris Diop, la collection Céytu publie en wolof trois chefs-d’œuvre de la littérature, dont Une si longue lettre, de Mariama Bâ.
On peut désormais lire Une si longue lettre, le chef-d’œuvre de Mariama Bâ, en wolof. Ceci est désormais possible grâce à une traduction entreprise par une collection dirigée par l’écrivain Boubacar Boris Diop. Le label est baptisé Céytu, du nom de ce village de Diourbel où est inhumé le célèbre égyptologue sénégalais Cheikh Anta Diop.
Traduit par Mame Younousse Dieng et Arame Fall, Une si longue lettre devient en wolof, Bataaxal buguddenii.
Le roman de Mariama Bâ est la correspondance d’une femme, Ramatoulaye qui, à la mort de son mari, prend la plume pour se confier à sa meilleure amie, Aïssatou. Elle y évoque leurs aspirations, dénonce la polygamie et la condition des femmes sénégalaises.
Dans leur travail de traduction, Younousse Dieng et Arame Fall expliquent dans une note qu’elles “ont eu parfois l’impression troublante que Mariama Bâ a écrit son livre dans la langue de Kocc Barma plutôt que dans celle de Molière.
Traduire “Une si longue lettre en wolof”, c’est une “incongruité” corrigée puisque ce classique de la littérature africaine, publié originellement en 1979 aux Nouvelles éditions africaines, est devenu un best seller mondial traduit dans 25 langues. L’œuvre est d’ailleurs classée en 3e position parmi les 100 meilleurs livres africains du 20e siècle.
La collection Céytu a été initiée par l’écrivain sénégalais Boubacar Boris Diop en collaboration avec les maisons d’édition Zulma, installée à Paris, et Mémoire basée à Montréal.
“Cette collection a pour objectif de publier des incontournables de la littérature francophone en wolof”, indique un communiqué de presse
Deux autres œuvres littéraires prestigieuses ont été traduites. Il s’agit d’‘Une saison au Congo’, la sanglante tragédie d'Aimé Césaire. Le poète de la négritude y relate les derniers jours de l’ancien Premier ministre Patrice Lumumba, lâchement assassiné. Elle est traduite par Boris Diop lui-même sous le titre ‘Nawetu Deret’.
Sur les rayons de la collection, Céytu, figure également l’écrivain Jean Marie Gustave Le Clézio, prix Nobel de littérature en 2003. Son roman L'Africain est traduit en wolof par Daouda Ndiaye sous le titre ‘‘Baay sama, doomu Afrig’’.
L’Africain, est un récit autobiographique du Franco-mauricien JMG Le Clézio, dans lequel il parle de son enfance, de la figure de son père, médecin à Onitsha, tombé amoureux du continent africain …
Dans un entretien accordé au Point Afrique, paru en février dernier, Boubacar Boris Diop explique que cette collection est « un effort d'internationalisation du « wolof qui va crânement à la conquête du monde ». Aussi, d’après l’auteur de Doomi Golo, « le wolof invite les langues minorées à suivre le même chemin. « Depuis longtemps, je pense que la meilleure façon de dire, c'est de faire. Nous participons au développement de la langue wolof et suscitons des vocations», a précisé le directeur de la collection Céytu.
ABDOU RAHMANE MBENGUE