Publié le 28 Nov 2019 - 23:14
COMMENTAIRE

Tous coupables !

 

Tiens donc, les souteneurs du maître coranique tortionnaire de Ndiagne sont en colère, au point d’avoir saccagé un tribunal ! Un lieu sanctuarisé, dans tous les pays du monde et dans toutes les civilisations, depuis les origines. Voilà, donc, une grosse pierre dans le jardin des autorités. Qu’elles lavent l’affront ! Mais que ces souteneurs du sieur Cheikhouna Guèye sachent qu’ils n’ont pas le monopole de la colère. La nôtre est sans commune mesure à celle qui les étreint.

Il faut dire aussi que leur comportement est la manifestation d’un obscurantisme, une manière rétrograde et inacceptable de voir le monde. Et surtout de voir les enfants. Au nom de quelle logique, de quels us et coutumes devrait-on cautionner que d’innocents enfants, qui ne demandent qu’à grandir en intelligence et en sagesse, entourés de l’amour de leurs parents et de la bienveillance de leurs instructeurs, soient brimés, enchainés et traités comme du bétail ?

Dernièrement, quelqu’un a eu le toupet de dire qu’il ne s’agit pas là d’esclavagisme, puisque nos aïeuls déportés par nos chers ‘’amis’’ Blancs étaient soumis à un travail forcé ; ce qui n’est pas le cas pour nos pauvres talibés.

Mais, diantre, que font les enfants de la rue, à longueur d’année, à arpenter les rues de Dakar et autres capitales régionales ? N’y sont-ils pas dans l’unique but d’enrichir un quidam qui se drape du manteau de la religion pour subvenir à ses besoins ? Cette comparaison est encore plus inacceptable qu’elle laisse entendre que la seule différence, entre le traitement fait aux esclaves et celui fait aux enfants talibés, est le travail forcé. Que tout le reste (les conditions terribles de vie, l’absence de soins, du minimum vital, l’exposition quotidienne au danger, les sévices corporels, les abus sexuels…) est acceptable. Qu’ajouter à cela ?

Que fait l’Etat pour mettre fin à cette exploitation des enfants par des adultes, plus abjecte que toutes les formes d’esclavage qui ont existé et existent encore aujourd’hui ? Que fait la société pour conjuguer au passé cette page sombre et inacceptable de l’histoire du Sénégal qui se targue d’être un pays religieux ? Je doute fort que Dieu regarde d’un œil bienveillant la manière dont le peuple sénégalais traite ‘’ses’’ enfants. Jésus Christ ne dit-il pas, dans Mathieu 19-14 : ‘’Laissez les petits enfants, et ne les empêchez pas de venir à moi ; car le royaume des cieux est pour ceux qui leur ressemblent.’’ Et je ne doute pas un seul instant que le Prophète Mohamed (Psl) n’ait pas le même regard protecteur envers les tout-petits.

Ainsi, la balle est dans notre camp, nous citoyens de ce pays qui ne cautionnons pas la mendicité des enfants. Le moment est venu de se lever et de dire non ! De refuser, tous ensemble, de donner, à partir, d’aujourd’hui, un seul kopeck à un jeune talibé. Car c’est le meilleur moyen de le maintenir dans la rue. Notre conviction est que : tant qu’il y aura une main pour donner, il y aura une pour recevoir.

Nous sommes coupables de ne rien faire, face à la détresse de ces milliers d’enfants. Qui, pour la plupart, deviendrons les grands bandits de demain. Car on leur aura volé leur enfance, les aura vidés de toute leur humanité pour ne laisser que des loques humaines. Des êtres incapables d’empathie dont ils n’auront jamais bénéficié. En effet, on mésestime les ravages psychologiques de ces années d’errance et de sévices pour ces talibés.

C’est dommage que l’ancienne Cour d’assises ait arrêté de mener des enquêtes de moralité des accusés jugés pour les crimes les plus graves. Celles-ci montraient que la plupart d’entre eux avaient été talibés dans leur prime enfance. Et ce serait bien qu’il y ait des études sur l’évolution psychologique de ces enfants appelés à devenir des adultes dans un avenir proche. D’ailleurs, il est aussi intéressant de voir que les maitres coraniques adeptes de ces brimades ont eux aussi été victimes de ces pratiques qu’ils considèrent comme une norme.

Mais nous devons tous convenir que, devant l’arbitraire et l’injustice, celui qui ne dénonce pas est complice. Cette position de neutralité est un aveu de lâcheté. Faisons justice à ces milliers d’enfants et sortons-les de la rue !

 

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