Abdoul Mbaye annonce 127 milliards de F Cfa, sur les 552 que demande la région

Sur les 552 milliards de F Cfa estimés par le conseil régional pour le développement de Matam, le Premier ministre Abdoul Mbaye n'a annoncé que 127 milliards pour les trois prochaines années. C'était lors du conseil interministériel, en prélude au conseil des ministres décentralisé.
Le constat est là. Matam tarde à décoller. D’ailleurs les populations ne ratent jamais la moindre occasion pour rouspéter et attirer l’attention de l’Etat sur les nombreux problèmes qui empêchent leur ville de se développer. Le sixième conseil des ministres décentralisé est celui de la chance, dit-on dans le Fouta. Dans cette région tout est priorité et l’on se demande si les quelques 552 milliards demandés pour son envol, sur estimation du conseil régional, suffiront pour mettre cet extrême Nord du Sénégal sur les routes du développement. Alors qu’au sortir du conseil interministériel, le premier ministre Abdoul Mbaye a annoncé 127 milliards pour les trois prochaines années à venir pour développer la zone.
Avec cette enveloppe, Matam sortira-t-il de sa situation de pauvreté. Toutefois le Plan Régional de Développement Local réalisé par le conseil régional dans tous les secteurs est catégorique : «Les besoins sont nombreux». L’état chaotique des routes constitue un véritable frein de développement. Les infrastructures et services de transport sont des priorités centrales. En effet, la plupart des routes sont en mauvais état, ce qui entraîne des conséquences économiques et sociales énormes dans la mesure où elles rendent plus difficiles les déplacements vers les différentes collectivités locales. Des zones comme le département de Ranérou sont presque inaccessibles. S’y rendre est la croix et la bannière.
Les automobilistes qui empruntent ces routes éprouvent d’énormes difficultés pour se déplacer sur une chaussée dégradée qui présente des nids de poules et de nombreuses fissures qui occasionnent des désagréments importants aux chauffeurs des véhicules de transport en commun et des véhicules utilitaires. D’ailleurs, à cause de la défectuosité de la route qui rallie le Fouta, il faut rouler pendant dix tours d’horloge. Sinthiou Bamambé, Kanel, Ourossogui sont devenus des localités très reculées.
Ainsi, des infrastructures de qualité sont indispensables pour le développement durable. «Comme toutes les régions , Matam a besoin de systèmes sanitaires, de transport et de communication efficaces pour être en mesure de prospérer et d’offrir à ses populations un niveau de vie décent», a souligné le Président du conseil régional Abdoulaye Dramé. L’amélioration de la mobilité passe , selon lui, par le désenclavement de la région et la remise en état des infrastructures routières. Il s’agit de la réalisation d’ouvrages de franchissement par la réhabilitation des ponts de Bondji, et Aouré, la construction des ponts de Matam, celui de Diamel.
De même que celui qui se trouve sur l’axe Bow-Sorhingo. Parmi les préoccupations figurent la redynamisation du transport fluvial à travers le désensablement des principaux axes de navigation, la réhabilitation des quais de Matam et Gourel Oumar Ly , la mise en place d’un bac pour assurer la liaison Matam-Waoundé. Il en est de même pour la promotion du transport aéroportuaire, avec la mise aux normes de l’aérodrome de Ourossogui, la construction des héliports dans les trois chefs lieux de département.
L’eau potable, liquide rare dans le Fouta
Située à moins de 700 km de Dakar, la vaste région de Matam est traversé par le Fleuve Sénégal constituant une ligne de séparation avec la république de Mauritanie. Cette vaste étendue d’eau constitue de loin une aubaine pour les populations. Les localités sans eau potable sont nombreuses. Certains villages reculés de la région de Matam situés à quelques kilomètres de la commune de Kanel ont vraiment soif. Les populations de ces localités sont obligées de galérer tous les jours pour disposer d’un petit volume d’eau argileuse qui leur permet de se désaltérer.
Les populations des villages de Foumékhara et Demboubé, situés à 5 kilomètres de la commune de Kanel, se livrent quotidiennement à une grande corvée pour obtenir de l’eau qu’elles sont obligées d’extraire du sous sol à partir des couches argileuses presque inaccessibles. Elles passent le plus clair de leur temps à creuser pour obtenir ce liquide précieux mélangé avec l’argile. Pour étancher cette soif de dromadaire, les populations se bousculent et jouent des coudes pour disposer de cette eau argileuse. Ce calvaire pour avoir de l’eau repose le problème de l’accès à ce liquide dans notre pays où de nombreux villages continuent de consommer de l’eau saumâtre, de l’eau souillée des cours d’eau, de certaines mares et de certains bassins de rétention. Cependant les émigrés tentent d’installer des forages dans certains villages pour faire face à la rareté de ce liquide précieux.
127 milliards, trop peu
Ce n’est plus un secret de polichinelle. Matam est frappé par la pauvreté extrême. Il faut une enveloppe de près de 552 milliards pour développer Matam où le sans emploi touche ¾ des jeunes. Les femmes ont des projets mais elles éprouvent des problèmes de financement. A Matam, la principale activité des femmes, c’est le commerce et l’artisanat mais les moyens ne suivent pas .Et toutes ces préoccupations ont été listées dans l’enveloppe financière demandée par les populations. «Nos potentialités montrent que nous pouvons être le grenier du Sénégal car nous avons des terres fertiles, de l’eau en abondance, un ensoleillement qui favorise la photosynthèse et des bras valides», soutient le Président du conseil régional de Matam.
Abdoulaye Dramé pense qu’il faut 552 milliards pour faire décoller la région. Mais au sortir du conseil interministériel le premier ministre Abdoul Mbaye a annoncé que 127 milliards seront investis dans la région au cours des trois prochaines années. Ainsi, une série de recommandations ont été formulées. Pour les mesures immédiates, le conseil a retenu «le démarrage du Projet d’appui au développement agricole et à l’entrepreneuriat rural (PADAER), qui intervient dans les régions de Tamba, Kédougou, Kolda et Matam. Le financement d’un montant de 20 milliards est assuré par le Fonds international de développement agricole (FIDA) ». Ainsi, 500 ha de périmètre polypole équipé de système goutte-à-goutte sera mise en place, de même que l’installation de 10 nouveaux unités pastorales. Il est également prévu «la réalisation de l’aménagement de 2 000 ha de périmètres irrigués villageois (Piv) pour un financement assuré par la Boad».
Pour ce qui concerne l’urbanisme, l’habitat et l’artisanat, il s’agira de «diligenter la procédure de marché pour la construction de la Chambre de commerce et d’industrie de Matam, et de prévoir dans l’enveloppe budgétaire des ministères concernés la construction de l’inspection régionale du travail et de la sécurité sociale, contrôle régional des finances et du centre des services fiscaux».En ce qui concerne les mesures à court terme, elles concernent, la programmation dans le prochain programme triennal d’investissement public 2014-2016, le projet du développement touristique communautaire de Matam et un programme culturel d’un montant de plus d’1,6 milliard comprenant la création de la maison des arts et de la culture, incluant la réalisation d’un musée régional, et un appui aux manifestations culturelles entre autres.
Pour le volet sécurité, il est prévu le renforcement des conditions de sécurité par la création de nouvelles brigades de gendarmerie, de commissariats et de postes de police pour veiller au bon maillage du territoire régional. Pour le secteur de la Santé, il a été demandé «la mise en place d’un plan d’investissement prioritaire d’un coût de 4 milliards qui comprend la construction et l’équipement de postes de santé, de case de santé, maternité, l’acquisition d’ambulance médicalisées, construction et réhabilitation de l'hôpital de Ourossogui et le relèvement de son plateau technique». S’agissant des mesures structurelles, elles tournent autour de la mise en œuvre d’un programme d’aménagement de 5 000 ha de périmètre rizicole pour un coût de 15 milliards. Il s’y ajoute l’érection d’une institution supérieure d’enseignement professionnel à Matam, la recherche de financement nécessaire pour la réhabilitation de la route Ndioum-Ourossogui-Bakel longue de 335 km et d’autres axes.
Fara SYLLA
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