Publié le 16 Jun 2021 - 17:54
CONSEIL PRESIDENTIEL TERRITORIAL DE MATAM

 450 milliards pour le développement de la région, d’ici 2025

 

Le Conseil présidentiel délocalisé à Matam a duré, hier, plus de cinq tours d'horloge et s'est avéré productif et réactif par rapport au chapelet de doléances des autorités locales. Une enveloppe de 450 milliards sera injectée, à l'horizon 2024, pour booster le développement de la région. L'université de Matam a été validée. Elle va accueillir 25 mille étudiants.

 

Le gouvernement de Macky Sall veut s'appuyer sur des investissements massifs pour doper l'émergence de la 11e région du Sénégal. À l'horizon 2024, le chef de l'État a prévu d'injecter 450 milliards de francs. Un objectif, à court terme, qui rendra plus saillantes ses réalisations, depuis qu'il a accédé au pouvoir en 2012. En effet, selon les chiffres annoncés par le gouverneur Mouhamadou Moctar Watt, dans le domaine sanitaire, la région ne comptait qu'un seul hôpital en 2012. Aujourd'hui, neuf ans plus tard, Matam dispose de trois hôpitaux et de six centres de santé, alors qu'elle n'en comptait que quatre à la fin du mandat d’Abdoulaye Wade. En outre, le secteur de l'hydraulique a connu un bond remarquable en avant, a souligné l'exécutif régional, avec un existant de 187 forages actuellement, contre 123 en 2012.

En outre, le président de la République a décidé d’accélérer le déploiement rapide à Matam du programme d’urgence pour l’insertion socio-économique et l’emploi des jeunes. Dans les domaines de l’agriculture, de l’élevage, de la pêche et de l’hydraulique, Macky Sall compte réaliser le domaine agricole communautaire (Dac) de Matam pour 6 milliards de francs CFA. Sans oublier d’amplifier et d’étendre les aménagements agricoles avec un redéploiement de la Saed. 

L’Etat du Sénégal, à travers l’AGEROUTE, a entrepris un programme de désenclavement et d’accessibilité des zones de production agricole et minière du Nord du Sénégal et le renforcement des corridors y menant. L’objectif principal de ce programme est d’ouvrir ces zones de production agricole et minière de la vallée du fleuve Sénégal aux marchés nationaux et sous régionaux. En ce sens, la construction de la route du Dandé Mayo lancée par le président de la République, va permettre de désenclaver les zones de production agricole et minière notamment le Dandé Mayo (zone fluviale de la région de Matam) et renforcer les corridors Nord à travers la réalisation des travaux d’aménagement de 200 km de route du Dandé Mayo, de ponts et de pistes associées.

La mise en œuvre de ce programme va consolider la transformation en cours de Matam avec l’élargissement des bases productives de la région et le renforcement de l’accès des populations aux services sociaux de base, notamment l’eau, l’électricité, l’éducation et la santé. Dans tous les secteurs, il y est prévu des investissements stratégiques qui vont définitivement impacter l’économie locale. 

Selon le chef de l’Etat, le gouvernement a investi à Matam le double du montant validé lors du Conseil des ministres décentralisé qui y a été organisé en 2013. L’engagement d’investir 126,8 milliards de francs CFA dans divers secteurs a été porté dans cette région près de 249 milliards de francs CFA. Loin de se sentir rassasié, Macky Sall a partagé l’idée vectrice de tous ces investissements. « Mon ambition, souligne le chef de l’Etat, est que tout jeune naît dans la région, puisse étudier, suivre son cursus universitaire et trouver une insertion à Matam ». 

Le Conseil présidentiel offre une université au Nord

La véritable grande information reste la validation de l'université de Matam, une vieille doléance qui figurait dans toutes les plateformes revendicatives des populations. Le Nord aura enfin son temple du savoir et il sera de grande envergure, avec une capacité d'accueil de 25 mille étudiants. Podor avait fait des mains et des pieds, en mandatant le lead du Dandé Lenol, Baba Maal. "Monsieur le Président, la doléance des jeunes du Fouta est de voir une grande université être érigée ici à Podor. Et cette université, nous aimerions qu'elle porte le nom de Cheikh Oumar Foutiyou Tall", a-t-il déclaré devant Macky Sall.

Donc, c'est finalement Matam qui abritera cette université qui sera construite, dans un délai de cinq ans, avec un grand accent mis sur les filières de l'histoire et de la culture. L’autre grande satisfaction de ce Conseil présidentiel de développement, est l'octroi d'indemnités aux chefs de village (voir ailleurs).

Le chef de l'État a aussi été interpellé par la députée du département de Kanel sur l'impérieuse nécessité d'ériger la localité de Ndioth en commune. "Les populations de villages de Ndioth et environs sont confrontées à toutes sortes de difficultés pour trouver un extrait de naissance. C'est parce qu’Aouré, chef-lieu de commune, est assez éloigné des autres villages ; ce qui pose un réel problème de proximité entre les administrés et les autorités municipales. Nous voulons aussi que le programme de Promoville arrive à Kanel-commune. Nous avons vu comment cet important programme a changé le visage de Matam. Nous voulons des routes bitumées dans les quartiers de Kanel, qui est une ville centenaire qui date de l'époque coloniale", a déclaré la parlementaire Néné Marième Kane. 

Des manifestants mettent le feu à une partie de la maison de Macky Sall

La journée d’hier a connu quelques moments difficiles pour le président de la République, en tournée économique dans le nord du Sénégal. Deux gros incidents ont apporté quelques sentiments troubles au retour de Macky Sall, dans son « titre foncier » qu’est le Fouta. A Nguidjilone, village originaire de la famille de la maman du président de la République, le chef de l’Etat a lancé les travaux de la route du Dandé Mayo. Sur place, il a été accueilli en grande pompe par le maire Sada Kane et fait maire honoraire de Nguidjilone.

Seulement, en allant dans la terre des origines de sa mère, le président ne s’est pas arrêté à Ndoulmadji, étape non inclus dans le protocole, d’où est originaire de son père. Ce qui a été ressenti comme un affront par les habitants de Ndoulmadji, dont certains ont brulé des pneus dans la rue. Mais d’autres ont mis le feu à une partie de la maison construite sur place par le président de la République. Toutefois, les choses sont rentrées dans l’ordre, car le président de la République, qui a passé la nuit à Matam, a reçu une délégation composée d’habitants de Ndoulmadji.

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INDEMNITE MENSUELLE DES CHEFS DE VILLAGE

Macky Sall sur les pas de Wade

Le président Macky Sall a décidé, hier, lors du Conseil présidentiel territorialisé de développement de Matam, d’octroyer une indemnité de 50 000 F CFA aux chefs de village, à partir de juillet 2021, pour rendre hommage à leur rôle prépondérant dans l’accompagnement des autorités étatiques. Cette mesure constitue un retour en arrière, dans la mesure où le leader de Benno avait mis fin auxdites rémunérations, à son arrivée au pouvoir, en 2012.

MAKHFOUZ NGOM

C’est un revirement à 360 degrés ! L’information sonne comme un retour en arrière dans la prise en charge des préoccupations des chefs de village, cellules de base de l’organisation territoriale. Le président Macky Sall, à son arrivée au pouvoir en 2012, avait mis fin au statut et aux émoluments des chefs de village institués par son prédécesseur. Il a décidé de revenir partiellement sur sa décision.

En effet, le chef de l’Etat, qui a pris le pouls du monde rural, à travers ses tournées économiques, a décidé, hier, lors du Conseil présidentiel territorialisé de développement à Matam, d’octroyer à nouveau une indemnité de 50 000 F CFA aux chefs de village, à partir de juillet 2021.

Cette mesure, assure-t-il, ne vise qu’à rendre hommage à leur rôle prépondérant dans l’accompagnement des autorités et aussi à réparer une injustice dont ils seraient les victimes, dans la mesure où les délégués de quartier des communes bénéficient déjà d’une indemnité mensuelle. Cette mesure ‘’sociale’’ est susceptible de rencontrer l’hostilité des opposants au régime qui risquent d’y voir une décision ‘’purement électoraliste’’.  

Le régime de Macky Sall, qui fait face à une forte défiance depuis la crise économique liée à la pandémie de la Covid-19 et des émeutes liées à l’affaire Sonko, en mars dernier, cherche à renforcer ses points d’ancrage dans le monde rural. Pour plus d’un observateur, le soutien de près de 15 000 chefs de village au Sénégal est crucial pour s’assurer d’un fort soutien populaire, lors des Locales du 23 janvier 2021.

Une démarche qui risque, par ailleurs, de susciter une levée de boucliers de l’opposition qui ne manquera pas de dénoncer une volonté de s’attacher la ‘’loyauté’’ des chefs de village.

Sur ce point, la question de l’indemnité des chefs de villages est une vieille rengaine et doléance. Déjà en janvier 2020, El Hadj Demba Diallo, Président de l'Association des chefs de village de l'arrondissement de Kaël (région de Diourbel) avait réclamé le rétablissement de leur statut et de leurs rémunérations supprimés en 2012.  Il précisait que Wade leur avait donné un salaire mensuel et promis un véhicule de fonction. Un salaire qu'ils ne percevront qu'une seule fois, avant que le président Macky Sall ne vienne remettre en question cet avantage, en 2012.

En effet, le président Abdoulaye Wade avait fait la promesse aux 2 000 chefs de village convoqués à Dakar, le 19 juillet 2011, qu'il allait revaloriser leur statut et une indemnité financière de 50 à 70 000 F CFA.

Ainsi, le Conseil des ministres du jeudi 29 septembre de la même année, avait adopté le projet de décret fixant le statut et les émoluments des chefs de village. Cette proposition avait provoqué une levée de boucliers chez de grands leaders de l’opposition comme Macky Sall, Tanor Dieng et Moustapha Niasse, qui avaient accusé alors le ‘’Pape du Sopi’’ de vouloir ‘’acheter’’ des chefs de village, à une année de la Présidentielle de février 2012.

Pis, au lendemain de la deuxième alternance, le nouveau gouvernement, au nom de la réduction du train de vie de l’Etat, avait retiré aux communautés rurales tous les véhicules mis à leur disposition par le régime précèdent. Dans l’optique de l’élection locale du 23 janvier 2021, le gouvernement semble s’être engagé dans une dynamique de renforcement des ‘’mesures sociales’’ pour tenter de contenir un éventuel mécontentement populaire lié à la cherté de la vie et à la crise économique susceptible d’entrainer un revers électoral pour la majorité présidentielle, lors de ce scrutin.

Le président Macky Sall, qui vient de boucler deux tournées ‘’économiques’’ dans le Centre et le Sud-Est (Fatick, Kaffrine, Tambacounda, Kédougou) et aussi dans le Nord (Saint-Louis, Matam), entend galvaniser son camp, à la veille des Locales du 23 janvier 2022.

MAMADOU LAMINE DIOUF ET DJIBRIL BA (MATAM)

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