Publié le 13 Apr 2016 - 21:18
CROISSANCE MOYENNE DU PIB

L’Afrique de l’Ouest avance à reculons

 

La croissance moyenne du Pib en Afrique au sud du Sahara a connu une baisse en passant de 4,5% en 2014 à 3% en 2015. C’est ce que révèle le rapport ‘’Africa’s Pulse’’, publié hier par la Banque mondiale.

 

La situation économique de l’Afrique de l’Ouest est loin d’être reluisante. En 2015, la croissance moyenne du Pib des pays au sud du Sahara a connu une baisse sensible. Le rapport de la Banque mondiale sur la situation économique, dénommé ‘’Africa’s Pulse’’, révèle que le taux de croissance moyenne du Pib dans la sous-région est de 3% au cours de l’année écoulée contre 4,5% en 2014.

Cependant, malgré une moyenne régionale en baisse, le Sénégal a affiché, en 2015, un taux de croissance de 6,4%. Mais la moyenne régionale est loin d’être une performance car la Banque mondiale rappelle que ce taux de 3%, la région ne l’a plus connu depuis 2009. Un recul de 6 années en arrière.

Toutefois, les autorités de la Banque qui ont animé une conférence de presse hier depuis le siège de l’institution à Washington, sont largement revenues sur les chocs endogènes et exogènes qui ont fortement contribué à la baisse de la croissance du Pib. Première explication de la Banque, la baisse des prix des cours des matières premières. Au cours de l’année 2015, les prix des produits comme le pétrole ont fortement baissé. Ainsi, beaucoup de pays dont les économies sont fortement tributaires à l’exportation de ces produits ont vu leur taux de croissance baisser.

C’est l’exemple du géant d’Afrique le Nigeria. Selon l’économiste en chef par intérim de la Banque mondiale pour l’Afrique, Punam Chuhan-Pole, le taux de croissance du Nigeria est passé de 6,4% en 2014 à moins de 3% en 2015. Ensuite, parmi les chocs endogènes, le rapport de la Banque mondiale indexe les ‘’pénuries d’électricité’’ dans la plupart des pays de la région, la ‘’sécheresse’’ ou encore ‘’l’incertitude politique et les menaces pour la sécurité nationale’’. Ces deux aspects, ajoute le texte, ‘’sont venus aggraver les conséquences négatives de la baisse des prix des matières premières’’.

Par ailleurs, la Banque mondiale qui a fait un diagnostic de la situation économique de l’Afrique n’a pas manqué d’indiquer quelques pistes de solutions. Les pays africains doivent apporter une riposte s’ils veulent atteindre des taux de croissance qui permettront de réduire durablement la pauvreté qui reste toujours élevée dans le continent. Surtout que les perspectives de croissance sont encore ‘’moroses’’, d’après le rapport. En 2016, la croissance moyenne de l’Afrique au sud du Sahara est projetée à 3,3%. Toutefois, le rebondissement de la croissance est surtout attendu dans deux ans c’est-à-dire entre 2017 et 2018.

Les villes, un moteur de croissance

Pour Mme Punam, les pays africains doivent réagir face aux conditions moins favorables au niveau mondial. La meilleure riposte à ces chocs, dit-il, est d’apporter des réformes profondes dans le secteur de l’agriculture qui emploie près de 80% de la population de cette région. ‘’Si on veut sortir les gens de la pauvreté, il faut accroître les recettes qu’ils gagnent de l’agriculture’’, conseille-t-elle. L’économiste en chef par intérim de la Banque mondiale pour l’Afrique pense aussi que les pays du continent doivent mobiliser davantage les ressources nationales pour financer leurs économies. Son constat est que dans la plupart de ces pays, les impôts mobilisés sont trop faibles alors qu’il y a une marge énorme à exploiter.

L’autre moteur de croissance pour le continent reste ses villes. En Afrique, l’urbanisation est galopante. Presque 40% de la population réside dans les villes. Maintenant, la BM conseille aux dirigeants de bien administrer ces cités afin de tirer profits du ‘’potentiel économique de l’urbanisation’’. ‘’Afin de favoriser la croissance, il faut que les villes deviennent plus abordables pour les entreprises et qu’elles parviennent à attirer les investisseurs’’, pense Punam Chuhan-Pole. Poursuivant son propos, cette dernière estime que ‘’les villes doivent être plus accueillantes vis-à-vis de leurs résidents en leurs offrant davantage d’équipements et de services’’. Pour cela, elle pense qu’une ‘’réforme du marché en zone urbaine’’ s’impose, en plus de la réglementation et de la coordination des investissements dans le domaine des infrastructures. 

ALIOU NGAMBY NDIAYE

 

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