Publié le 21 Oct 2022 - 12:47
DÉFIS CLIMATIQUES EN AFRIQUE

Laver l’affront de Rotterdam à Sharm El-Sheik.

 

Lundi 5 septembre 2022, sur les berges du vieux port de ROTTERDAM, dans un bâtiment cossu et futuriste, s’est tenu devant une dizaine de chefs d’état africains dont l’actuel Président en exercice de l’Union Africaine le  «sommet sur l’adaptation en Afrique » - le premier du genre hors d’Afrique.

Un marqueur pour l’Union Africaine, la Banque Mondiale et le Centre Mondial pour l’Adaptation climatique dont le siège se trouve sur le site du vieux port des Pays-Bas.

Ce sommet fut une gageure, après Paris et Glasgow sur les engagements du monde vis – à – vis du continent africain fortement impacté – voire menacé -  par les changements climatique et ses effets dévastateurs que sont les inondations, la sécheresse, les températures extrêmes qui affectent les rendements agricoles et  les  forêts d'Afrique.

 Avec seulement  4% des émissions mondiales de Co2 provenant du continent, 300 000 000 millions d’africains vivant de l’agriculture, d’élevage, de  pêche et surtout de produits forestiers sont directement impactés par l’injustice environnementale dans le monde. Le continent pollue trop peu, mais il souffre  plus que tout le monde, faute de politique et mécanisme de résilience adéquate contre l’effet climat.

Notre continent  accueillera 2 milliards de personnes en 2050, soit le double de la population actuelle, la majorité de cette population "dépendra de l'agriculture pour leurs moyens de subsistance". Selon le PNUE - Programme des NU pour l'env. -  94% de  l’économie agricole et forestière continentale dépendront de la pluviométrie et effets futurs du changement climatique dont l'augmentation des sécheresses, des inondations et de la montée du niveau de la mer, qui pourraient  réduire le rendement des cultures dans certaines régions d'Afrique de 15 à 20%", et affecter conséquemment les forets qui sont des puits de carbone.

Un défi supplémentaire  pour l’Afrique  surtout en zone sahélienne ou il faut lutter contre le terrorisme et le djihadisme, les migrations intérieures des populations, et dorénavant s’ajoute le défi climatique et environnemental.

Les fortes inondations au Niger et au Sénégal  sont une bonne illustration des dérèglements climatiques subis par  une Afrique non industrialisée et pauvre   qui paie pour l’extrême pollution provoquée et émise  par les économies  asiatiques, européennes et nord américaines.

Dès lors, on ne peut que s’étonner de l’absence de l’Europe ou d’une partie d’entre elles au sommet de Rotterdam. Le boycott du sommet de ROTTERDAM par l’Europe – sur ses propres terres-   est irresponsable, ça relève même du délit environnemental au regard des engagements fermes pris au sommet de Paris et de Glasgow. 

L’Afrique aura besoin Le coût d'adaptation est de 7 à 15 milliards de dollars par an selon la Banque Africaine de Développement. Une estimation minimale au regard des énormes challenges qui accablent le continent africain.

Selon le principe qui pollue - paie, l’Europe, l’Amérique et l’Asie devaient passer à la caisse en déboursant  juste 250 millions de dollars US   promis pour le Programme d’accélération de l’adaptation en Afrique (AAAP). Ce n’est ni une aide, ni une subvention mais un engagement assimilable à une dette  envers l’Afrique.

Malheureusement pour l’Afrique des dirigeants européens ont boycotté   Rotterdam, ce qui  est diplomatiquement  inélégant surtout au regard des dirigeants africains qui ont fait le déplacement  pour un sommet essentiel pour la survie du continent et la sauvegarde de la planète. Avant le prochain sommet de Sharm EL Sheik, il faut impérativement évaluer la stratégie continentale vis-à-vis surtout de l’union européenne sur le climat.

L’Union Africaine doit revoir le due diligence de l’organisation continentale  après le sommet ROTTERDAM qui fut juste  un monologue  hors du continent avec l’absence des parties prenantes européennes, asiatique et américaines.    

Avec le  FMI et Banque Mondiale, l’Afrique devrait s’essayer à une ingénierie environnementale novatrice , en explorant d’autres moyens comme la conversion des engagements financiers des pays développés pollueurs  en Droits de Tirages Spéciaux du FMI  pour les projets  d’atténuation climatique sur le continent. Aussi des obligations carbone peuvent être envisagées  pour l’Afrique dans un mécanisme financier et bancaire qui libère de la liquidité pour l’Afrique. Nous devons nous africains dans un contexte de pré- récession en Europe faire preuve d’innovation en proposant des solutions bien élaborées au lieu d’espérer toujours du cash et des transferts monétaires.  L’Afrique se rebiffe.

 
Moustapha DIAKHATE
Expert en Consultant Infrastructures
Ex Conseiller Spécial  Premier Ministre
Apprenant en Finance carbone.
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