Publié le 15 Jun 2015 - 12:28
DEFENSE DU LITTORAL

La Perl s’attaque au dépeçage sur la Corniche

 

Dans le prolongement de leur combat contre l’érection du mur de clôture de l’Ambassade turque sur la corniche ouest de Dakar, les défenseurs du littoral sont toujours sur l’offensive. Une caravane a été organisée hier par la plate-forme pour l’environnement et la réappropriation du littoral (PERL) pour dénoncer une mainmise continue sur les terres du littoral.

 

Une longue liste de griefs de la Perl contre la prédation foncière sur la corniche, matérialisée par une caravane partie  de Ngor au Terrou-bi. La visite qui a commencé par un constat sur le domaine maritime, au Virage plus précisément, a permis de constater l’ampleur de ce phénomène. Pierre Goudiaby Atepa a déclenché la première salve de critiques envers l’acquisition et la construction de ‘L’Hôtel Le Virage’, propriété de Youssef Saleh. ‘‘ On a fait vrai avec du faux. Qu’il m’amène au tribunal ! Il s’est arrangé pour disposer d’un titre foncier. Que l’Etat le détruise !’’ lance-t-il, demandant la démolition de ce complexe, en compagnie d’Oumar Diagne, chargé du plaidoyer de la plate-forme. Malgré une action en justice intentée en 2005, le collectif a été débouté. Sur le même alignement, le terrain d’Abdoulaye Wade avec les préfabriqués rouillés, qui accueillait un village lors du Festival mondial des arts nègres (Fesman) ; le remblaiement voisin d’une station d’essence en construction, la troisième dans un rayon de moins de 100 mètres ; et les aménagements incontrôlés des installations de plaisance avancent leurs jetées dans la mer.

‘‘Les gens y construisent des maisons alors qu’ils n’ont pas à le faire. Si on vous donne 1000 mètres carrés, vous avez 250 millions entre les mains’’, déplore le président de la Perl, Moctar Ba. La rétrocession de ces terres est devenue l’un des chevaux de bataille de la plate-forme. ‘‘Nous avons considéré que défendre quelque chose qui n’existait plus était statique. Nous nous sommes alors inscrits dans une dynamique de retour, de restitution, de réappropriation de ces terrains. Le premier élément a été donné par le président de la République qui a renoncé à son terrain sur le domaine public maritime’’, se réjouit-il. Un terrain qui était supposé recevoir deux bâtiments jumelés R+1 alors que Macky Sall était Premier ministre du Sénégal explique Marielle Dieng, de l’Association pour la protection des Almadies (Apa). Cette renonciation a fait le bonheur des riverains, puisque le terrain poussiéreux  accueillait une partie de football rythmée des enfants du coin. Marielle regrette que sur toutes ces constructions en vrac, de l’Hôtel Sheraton jusqu’à ce terrain abandonné par l’actuel président, trois seules disposaient initialement d’autorisations en bonne et due forme.  Des remblaiements sur 5 à 6 mètres sont effectués sur la plage par les propriétaires pour maximiser la superficie et y aménager des restaurants. ‘‘La citoyenneté n’entend plus se voir livrer aux cars ‘Ndiaga Ndiaye’ et que d’autres se prélassent dans la mer. Les terrains feront l’objet d’aménagement en cas de récupération. Nous comptons développer un projet avec les Marocains dénommé Saphira qui va couter 3 milliards de dollars sur 11 km, c'est-à-dire  du Virage à l’Université de Dakar. Cela veut dire que le mètre carré littoral est plus cher que le pétrole’’, souligne Moctar Ba.

Privatisation rampante

Plus que ces occupations anarchiques et des fois illicites, la privatisation qui s’ensuit  inquiète les membres de la plate-forme. Après l’Ong saoudienne Wamy avec son projet de construction d’un groupe scolaire franco-arabe sur le lot D du titre foncier 1897/NGA ; l’entreprise koweitienne Kharafi & Sons s’est accaparé d’un vaste espace au pied des mamelles, bloquant l’accès aux riverains. ‘‘Aux Almadies, il n’y a plus de plage. Son accès doit être garanti à tous.

On ne doit pas laisser quelques personnes se l’approprier’’, déplore Marielle Dieng dans le bus qui finira le parcours par l’illustration la plus parlante de ce phénomène, les aménagements derrière le complexe hôtelier Terrou-bi. Un ponton qui s’avance loin dans la mer auquel s’est arrimé un petit bateau. Un arrêté préfectoral du 13 septembre 2013, interdisant provisoirement l’accès au lieu, est placardé à l’entrée. Des aménagements sont en cours, accroissant la superficie de l’hôtel et privant les populations d’un lieu de baignade jadis très fréquenté, souligne l’architecte Pierre Goudiaby Atepa.

Les défenseurs du littoral comptent ainsi poursuivre leur bras de fer contre Youssef Saleh pour limiter l’expansion des bâtiments au Virage de Ngor ; demander à l’ancien président, Abdoulaye Wade de renoncer à son terrain qui a accueilli le Fesman ; et attaquer les constructions derrière Terrou-bi. La loi sur le littoral qui apparaît comme la panacée à cet accaparement est déjà problématique, à en croire le président de la Perl. Malgré son état d’avancement encourageant, Moctar Ba relève déjà une incongruité de taille : ‘‘Notre préoccupation est que nous n’ayons plus d’espace quand elle va être actée. Mais, le plus grand problème de ce texte est qu’il y a une loi qui protège le littoral, et un autre article d’une autre loi peut déclasser des terres, les mettre dans le domaine privé de l’Etat qui le redonne à qui il veut. Donc on se retrouve avec le même niveau de prédation’’, souligne-t-il

Ousmane Laye Diop

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