Publié le 15 Jun 2013 - 19:58
DEMANDE DE LIBERTE PROVISOIRE

La Cour d’appel invitée à maintenir Cheikh Yérim Seck en prison

 

La Cour d’appel de Dakar a mis en délibéré au 28 juin prochain la demande de liberté provisoire formulée par les avocats de Cheikh Yérim Seck. Mais déjà, le Parquet général s’oppose à la requête du journaliste condamné à deux ans pour viol.

Reconnu coupable de viol malgré ses dénégations, Cheikh Yérim Seck et ses avocats cherchent une voie de sortie en s’accrochant à une demande de liberté provisoire. C’est pourquoi, après s’être pourvu en cassation, suite à sa condamnation par la Cour d’appel de Dakar à deux ans de prison pour viol, le journaliste a introduit une demande de liberté provisoire, en attentant la décision de la Cour suprême. Hier, les conseils de Cheikh Yérim Seck n’ont pas lésiné sur les arguments juridiques et moraux pour faire sortir de prison leur client, devant la Cour d’appel.

Le premier à se lancer dans cet exercice a été Me Mamadou Guèye Mbow. ‘’Il est possible de lui accorder la liberté provisoire, car il n’y a plus de risque de trouble à l’ordre public’’, a avancé l’avocat. Pour étayer son propos, il a expliqué que la Cour d’appel a définitivement réglé la question du désintéressement de la partie civile. Me Mbow a également soutenu que son client présente toutes les garanties de représentation devant la loi.  ‘’Cheikh Yérim n’a aucun intérêt à se soustraire de la justice. C’est un père de famille et un journaliste de renom, donc il ne peut pas disparaître dans la nature’’, a indiqué l’avocat.

‘’Cheikh Yérim est-il un criminel, un pyromane ou un contrebandier qui menacerait la société ?’’, s'est interrogé son confrère Me Abdou Dialy Kane, convaincu qu’il n’y a pas de risque de réitération de l’infraction. Toujours pour convaincre la Cour, les avocats ont également écarté le risque de collusion ou de subornation de témoins. Mieux, Me Mbow est même allé jusqu’à proposer le paiement d’une caution pour que Cheikh Yérim Seck puisse bénéficier d’une liberté provisoire. ‘’Nous sommes disposés à fournir la caution dont vous fixerez le montant’’, a imploré Me Mbow. Parce que de l’avis de son confrère Me Idrissa Sadjo, ‘’avec les 10 mois qu’il a déjà purgés, Cheikh Yérim a largement payé sa dette envers la société’’.

Le veto du Substitut général Abdou Karim Diop

Un avis loin d’être partagé par le Substitut général Abdou Karim Diop. ‘’Puisqu’ils clament leur innocence, pourquoi ils sont prêts à payer une caution ?’’, a répliqué le parquetier. Pour lui, le journaliste ‘’doit rester en prison jusqu’à la fin de la procédure’’. Car, argue le parquetier, ‘’nous n’avons rien trouvé de nouveau par rapport aux critères qui ont motivé le mandat de dépôt’’. Le juge a aussi balayé d’un revers de main l’argument sanitaire évoqué par la défense. ‘’Même s’il est attesté qu’il a été agressé en prison par des gardes pénitentiaires, rien ne prouve que son état est incompatible avec la détention’’, a asséné le juge, avant d’évoquer ‘’l’extrême gravité’’ des faits. C’est pour toutes ces raisons qu’il a demandé à la Cour d’appel de rejeter la demande de liberté provisoire formulée par les conseils du journaliste. La Cour rend son verdict dans deux semaines, le 28 juin prochain.

CYS : ‘’ Je ne cherche pas à fuir, mais…’’

Mais avant la mise en délibéré du verdict, Cheikh Yérim Seck s’est fait son propre avocat pour justifier sa demande de liberté provisoire. ‘’Je ne m’apitoie pas sur mon sort. Je ne suis pas une victime, mais je cherche à faire parler mon cœur’’, a soutenu le journaliste. Qui poursuit : ‘’je n’ai aucune intention de fuir le pays, mais mon souci est de sauver mes employés et de me soigner’’. Pour convaincre les juges, le patron de ‘’Dakaractu’’ a soulevé ses deux lèvres pour montrer la perte de certaines de ses dents. Il a également sorti un étui pour montrer qu’il a des difficultés de vision depuis son emprisonnement. ‘’Je suis entré en prison intact, mais maintenant, mes dents chutent et j’ai des problèmes de vision’’, a ajouté Yérim, avant de clamer une fois encore son innocence.

Cheikh Yérim avait été condamné en première instance à trois ans de prison ferme pour viol et au paiement de dommages et intérêts d’un montant de trois millions de francs CFA. Jugé en appel, le patron de ‘’ Dakaractu’’ a vu sa peine réduite à deux ans. Mais les dommages et intérêts alloués à sa victime, l’étudiante Ndèye Aïssata Tall, sont passés à 10 millions.

FATOU SY
 

Fou rire

Même s’ils n’étaient pas concernés par la demande de liberté provisoire de Cheikh Yérim Seck, les avocats de Ndèye Aïssata Tall se sont invités dans la procédure. Mes Moustapha Diop et Borso Pouye ont fini par irriter leurs adversaires, le tout dans une ambiance de provocation. En fait, lorsque le président de la Cour a appelé l’affaire, Mes Diop et Pouye, sourire en coin, se sont eux aussi dirigés à la barre pour rejoindre leurs confrères de la défense. ‘’Où est-ce que vous avez vu un avocat de la partie civile dans une demande de liberté provisoire ?’’, leur a lancé Me Abdou Dialy Kane. Me Pouye de lui rétorquer : ‘’Nous n’avons jamais dit que nous allons prendre la parole, mais à chaque fois qu’une juridiction appelle notre cliente, nous nous mettrons devant la barre pour noter notre constitution’’. Suffisant pour que Me Mamadou Guèye Mbow s’emporte devant ses confrères : ‘’Arrêtez vos gamineries’’. Une pique qui a fait monter l’adrénaline.

Outré par la remarque de son jeune confrère, Me Moustapha Diop a assène à  l’endroit de Me Mbow : ‘’Jeune homme, un peu de respect’’. Furax, le jeune avocat a continué à déverser sa bile sur ses deux adversaires : ‘’Ne m’appelez pas jeune homme, je suis votre confrère. Lorsque de grandes personnes se comportent en gamins, j’appelle ça gaminerie’’. Et Me Abdou Daly Kane d’enfoncer le clou en accusant les conseils de Ndèye Aïssata Tall de faire de l’intimidation. ‘’C’en est assez de l’intimidation. Car dans les autres dossiers, ils ne se comporteraient pas de la sorte’’. Mieux, Me Kane accuse Mes Diop et Pouye de vouloir intimider la Cour. ‘’Voilà, comme vous ne vous adressez pas à nous, nous en avons fini’’, ont répliqué les deux avocats ciblés et heureux que leurs confrères soient tombés dans leur piège.

Aussi la réplique du président de la Cour ne s’est pas fait attendre, pour notifier aux conseils du journaliste qu’ils sont assez professionnels pour  ne pas se laisser intimider par qui que ce soit. Cheikh Yérim Seck ne s’en est pas laissé compter pour apporter la réplique à Me Pouye. Le journaliste accuse l’avocate de s’acharner sur sa personne.

 

 

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