Publié le 6 Apr 2016 - 00:00

DES VERTUS DE LA TRAQUE ! 

 

En pleine dégringolade dans les sondages, le Président français François Hollande s’est empressé de sauter sur l’aubaine de Panama Papers. Pour lui, la publication d’une liste de ses compatriotes mêlés à ce scandale va permettre de renflouer les caisses de l’Etat. La question qu’il faut se poser est de savoir s’il y a des conséquences attendues au Sénégal.

 

Les structures de l’État, surtout du ministère de l’Économie et des Finances dont c’est le rôle de traquer les personnes qui planquent dans des comptes offshore de l’argent produit par l’économie sénégalaise ou acquis de façon frauduleuse, vont-elles se saisir de ces informations pour tenter de circonscrire l’étendue du désastre ? La question se pose d’autant plus que parmi les personnes pour le moment citées, il y a un certain Pape Mamadou Pouye. Ce dernier avait été condamné à cinq ans de prison ferme et 69,119 milliards de francs CFA d’amende, au terme d’un feuilleton judiciaire riche en rebondissements. Karim Wade avait lui-même été condamné à six ans de prison ferme et 138 milliards de francs CFA d'amende pour enrichissement illicite.

Ces nouvelles révélations viennent donner plus de crédit au rapport d’Alboury Ndao dont le cabinet avait évoqué, pour le compte de la CREI, des comptes basés à Singapour sans pouvoir le prouver. Selon ouestaf.com, ‘’la lecture de documents confidentiels de la firme Mossack Fonseca apporte un nouvel éclairage à l’affaire, avec la preuve que Mamadou Pouye, l’ami d’enfance de Karim Wade, est le propriétaire de trois sociétés offshore, SeaburyInc, RegoryInvest et LatvaeInc, toutes créées grâce à Mossack Fonseca (MF), cabinet de conseil panaméen disposant de bureaux dans 44 pays.

MF a été créé en 1972 par l’Allemand Jurgen Mossack et le Panaméen Ramon Fonseca, ancien vice-président de Panama’’. Le même site précise que LatvaeInc n’a jamais été mentionné dans les auditions. ‘’Les documents parcourus ne montrent pas de transactions via LatvaeInc, ce qui ne paraît guère surprenant dans la mesure où Regory et Seabury constituaient les piliers de l’activité offshore de M. Pouye, réputé très discret et presque inconnu des Sénégalais jusqu'à son arrestation en 2013’’. Ainsi donc, ce que n’a pu trouver la justice, la presse vient l’éclairer avec un bon faisceau lumineux.

Il serait aussi intéressant d’avoir toute la lumière sur la nature des transactions impliquant d’autres hommes d’affaires sénégalais. C’est en effet connu qu’un des talons d’Achille de notre économie réside dans le fait qu’on ne contrôle pas les flux financiers qui quittent clandestinement nos pays pour être sécurisés dans les paradis fiscaux.  Et indéniablement, si ces personnes payaient le fisc, notre économie ne se porteraient que mieux. Vivement donc que ces scandales qui vont continuer à tomber en cascades servent à corriger les dysfonctionnements au niveau des systèmes de contrôle de l’Etat. Et surtout que l’on ose sanctionner en ouvrant par exemple une information judiciaire. On a malheureusement l’impression que cela ne se passe ainsi que dans les pays occidentaux. Et pourtant, c’est tout bénef, pour utiliser un langage familier. Pour preuve, en France, si le montant des redressements adressés aux contribuables s'est élevé à 21,2 milliards d'euros en 2015, en hausse de 18 % par rapport à 2014, c’est justement du fait de la lutte féroce contre la fraude fiscale dans ses formes les plus complexes.

 

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