Synthèse souligne les problèmes de la Guinée

À l’occasion de l’anniversaire de l’indépendance de la Guinée, Amadou Tidiane Diallo a invité la diaspora guinéenne au Sénégal à présenter la vision de Synthèse, un mouvement qu’il a mis en place. Le mouvement a souligné les problèmes du pays et annoncé qu’il y aura un candidat lors des prochaines élections présidentielles.
« Une fois les élections passées, on saura si on doit faire une coalition ou pas. Mais en attendant, il y aura un candidat du mouvement Synthèse aux élections prévues en Guinée », a soutenu Mme Barry Néné Houdia, vice-présidente du Mouvement Synthèse, hier à Dakar, à l’occasion d’une journée culturelle et citoyenne organisée dans le cadre de la fête d’indépendance de la Guinée par Focus Talents. Ce groupe de jeunes, dirigé par l’influenceuse guinéenne Baaya Barry, a fait appel à Synthèse, lancé par Amadou Thierno Diallo en 2024 à Timbi Madina, dans la préfecture de Pita, en Guinée.
L’ancien ministre de la Coopération internationale a ainsi présenté sa vision, coïncidant avec l’annonce du président de la République de Guinée de tenir la prochaine élection présidentielle. « Thierno Diallo a été appelé par le professeur Alpha Condé pour ses compétences. Il n’a jamais fait de politique auparavant, c’est un expert en développement. Il était à l’époque directeur général des pratiques globales à la Banque Islamique de Développement. Il couvrait tous les secteurs des 54 pays membres. C’est par ses compétences que le président l’a nommé sans qu’il n’en soit au courant. Il a donc répondu à l’appel en tant que citoyen guinéen pour aider son pays, parce qu’il a fait ses preuves dans plus de 157 pays… », a expliqué Mme Barry Néné Houdia.
Amadou Thierno Diallo n’a en effet fait que cinq mois au sein du gouvernement guinéen. Il y a eu un coup d’État entre-temps. « C’est en étant là pendant ces cinq mois qu’il a découvert des choses impensables, inimaginables. À cet effet, il n’a plus voulu retourner dans les institutions », a-t-elle ajouté. Ainsi, bien qu’il ait servi son pays de loin, M. Diallo veut le servir à l’intérieur. Pour ce faire, il a compris qu’il fallait une décision politique.
« On n’a pas une politique de coopération internationale »
« Depuis les indépendances jusqu’à maintenant, on n’a pas de politique de mobilisation des fonds. On n’a pas de politique de coopération internationale. Alors que nous avons des bailleurs qui peuvent financer un même projet sans difficulté. Il n’y a pas vraiment d’échange entre les bailleurs. Donc il y a tellement de problèmes au sein des institutions publiques, pour ne pas dire des politiques publiques », regrette Mme Barry Néné Houdia.
Interpellée sur la nécessité d’une union nationale, elle déclare que la vision de Synthèse repose sur cette inclusion. Elle pointe du doigt les politiciens : « La diversité de la Guinée est pour nous une force. Il faudrait s’appuyer sur ce socle, sur nos traditions, sur nos valeurs pour reconstituer le tissu social guinéen. » Et d’ajouter : « Parce qu’il y a beaucoup de fractures. Je dirais que ces fractures ne sont nullement causées par la population mais par les différents partis politiques. Il faut donc qu’on comprenne que ce n’est pas parce qu’on n’a pas la même vision qu’on est des adversaires. On peut ne pas avoir la même vision et être dans une synergie pour développer un pays. »
Les défis
Le leader du mouvement Synthèse entend mettre en place une vision des politiques publiques, des méthodes et processus pour enfin faire décoller la Guinée. Parmi les défis, Amadou Thierno Diallo cite : l’unité dans la diversité, le progrès dans la tradition. La méthode Synthèse repose sur trois piliers. « Une synthèse idéologique qui veut transcender les clivages politiques traditionnels, allier sagesse ancestrale et meilleures pratiques modernes. Un exemple concret : associer les conseils des anciens et l’expertise des jeunes diplômés », a expliqué Thierno Diallo. Le deuxième pilier est une synthèse générationnelle. Pour M. Diallo, il faut mettre en place des plateformes de dialogue permanentes entre jeunes et anciens, et instaurer des programmes de mentorat inversé.
À cet effet, il prône la création de Conseils de sagesse et de jeunesse. Le troisième pilier est la synthèse diaspora-nation. La diaspora, selon Thierno Diallo, est un pilier essentiel du développement. « Il faut mettre en place des mécanismes concrets pour leur contribution. Un projet phare de Synthèse sera “Un Guinéen de l’extérieur, un projet au pays” », a-t-il expliqué. Sa vision globale est une transformation profonde de l’écosystème économique de la Guinée, basée sur plusieurs axes. Amadou Thierno Diallo a aussi évoqué la souveraineté industrielle et la compétitivité, la transformation locale des ressources minières, la gouvernance, etc. Concernant ce dernier aspect, il souligne qu’il faut instaurer une gouvernance transparente et participative, et assurer une répartition équitable des richesses sur tout le territoire.
Amadou Thierno Diallo milite aussi pour la suppression des frontières en Afrique de l’Ouest, notamment entre le Sénégal et la Guinée. « Nous avons beaucoup d’enfants de deuxième, troisième, voire quatrième génération ici au Sénégal, dont les parents sont venus avant les indépendances. Ils sont là. Plusieurs d’entre eux se reconnaissent comme Guinéens et Sénégalais. Il faut que ce soit une réalité. Il faut qu’on arrive à briser ces frontières imaginaires qui n’existent en réalité que dans nos têtes. Sinon, il n’y a pas de frontière entre le Sénégal et la Guinée. Il faut qu’on y arrive », a-t-il déclaré.
BABACAR SY SEYE