Publié le 2 Sep 2014 - 12:07
DOSSIER MEDICAL DE BIBO BOURGI

L’offensive du président de la Cour  

 

En lieu et place d’un débat de fond, le procès de Karim Wade a porté hier, une fois encore, sur l’état de santé de Bibo Bourgi.

 

Ibrahima Aboukhalil dit Bibo Bourgi a quitté hier sa chambre de la clinique du Cap pour répondre à l’appel de la justice. Accompagné d’un infirmier et d’un ambulancier, son épouse à ses côtés, le présumé complice de Karim Wade a comparu sur une chaise roulante, puis sur un brancard avec deux bouteilles de perfusion (jaune et rouge). Une comparution qui a choqué plus d’un et qui a rendu l’atmosphère plus que tendu.

Tout commence lorsque le président Henry Grégoire Diop demande à l’infirmier de décliner son identité. Devant le refus de ce dernier de s’exécuter, le président se fait menaçant. ‘’Si vous refusez de donner votre nom, sortez de la salle !‘’ lui lance le magistrat. ‘’Sinon, on vous poursuit pour outrage à magistrat’’. Face à la menace de poursuites, l’infirmier accompagnant se fait plus coopératif et se dévoile : il s’appelle Bamba Guèye. « Quel est le contenu de ces bouteilles », s’enquiert le président Diop. D’un ton sec, il répond : ‘’Je ne sais pas. On m’a dit de l’accompagner. C’est mon boulot de l’assister’’.

« Je ne sais pas, on m’a demandé de l’accompagner »

Cette réponse fournie par l’infirmier semble curieuse pour le juge. ‘’ Je ne sais pas ! En tout cas, je sais quoi faire quand il (Ndlr ; Bibo Bourgi) a des problèmes’’, explique-t-il à l’attention de la Cour qui s’est finalement rabattue sur les explications de l’urologue et de l’anesthésiste venus plus tard.

Mais avant l’arrivée des blouses blanches, le président a cru nécessaire d’apporter des précisions par rapport au dossier médical de Bibo Bourgi, mais également sur le rejet de la demande d’évacuation sanitaire formulée par les avocats du prévenu. Pour Henry Grégoire Diop, les requérants ‘’n’ont produit aucun document prouvant qu’ils ont saisi un médecin à l’étranger pour les besoins de l’évacuation’’. ‘’Le motif invoqué’’, a poursuivi le juge, ‘’c’est qu’il (NDLR : Bibo) doit être soigné par un médicament qu’on ne peut pas trouver au Sénégal’’.

Henri Grégoire Diop dubitatif

De fait, tous les certificats médicaux présentés par la défense parlent d’infection urinaire, indique le président du tribunal. ‘’Par scrupule, la Cour a cru bon de désigner un cardiologue et un urologue mais depuis un an, il n’y a aucun document émanant d’un cardiologue’’, a insisté le président de la Cour.

Toutefois, le diagnostic établi par le cardiologue en question a créé de la suspicion auprès des juges. Selon le président, le médecin n’a jamais examiné Bibo Bourgi. La seconde raison qui justifie la suspicion des juges est liée à la visite de la Cour au service cardiologique de l’hôpital Aristide Le Dantec. ‘’A l’hôpital, ils nous ont dit qu’ils ont le matériel pour faire la coronographie (avec) le matériel acquis à plus d’un milliard de francs CFA depuis 2013, avec 70 cas opérés’’, a expliqué le président.

Décortiquant toujours le bulletin sanitaire de Bibo Bourgi, Henri Grégoire Diop a révélé que le 28 juin dernier, le prévenu n’a pas subi une opération, c’est une sonde qui lui a été posée à l’hôpital général de Grand-Yoff où il a attrapé une infection nosocomiale. ‘’Le médecin a dit qu’il faut juste un antibiotique’’, a précisé le président de la Cour. ‘’Est-ce qu’on a besoin d’être évacué pour soigner une infection nosocomiale ?’’ s’est-il interrogé, dubitatif. ‘’On peut nous traiter d’assassins mais la Cour prend toutes ses responsabilités’’, a-t-il conclu.

Le constat alarmant des médecins

Si le bilan médical fait par le juge est loin d’être alarmant, ce n’est pas le cas de ceux présentés par les deux hommes de l’art. Intervenant le premier, Docteur Trigui a indiqué à la Cour que Bibo Bourgi est hospitalisé depuis sept semaines dans leur structure, porteur d’un germe multi résistant pour lequel les antibiotiques n’existent pas au Sénégal. ‘’Ce germe a muté et on a changé d’antibiotique, c’est ce qui colore la perfusion en rouge. Et les vitamines colorent en jaune’’, a précisé le chirurgien.

Lorsque le président Diop lui fait remarquer qu’il n’a jamais parlé de l’évacuation sanitaire de Bibo dans ses rapports, Dr Trigui rétorque avoir écrit à la Cour depuis févier passé pour alerter par rapport au risque de dégradation de la santé du prévenu qui, dit-il, peut perdre le foie à cause des effets secondaires du traitement.

L’anesthésiste a abondé dans le même sens pour dire que ‘’le germe porté par Bibo Bourgi est la hantise de tous les chirurgiens’’. Embouchant la même trompette que son collègue, il a averti le tribunal qu’il serait risqué de faire opérer le prévenu au Sénégal. ‘’En cas de complication, on n’aura pas le temps de faire venir un médicament, même d’un pays voisin.’’ 

FATOU SY

 

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