Publié le 27 Oct 2013 - 08:12
DPG - TRAQUE DES BIENS MAL ACQUIS, SITUATION ÉCONOMIQUE ÉLECTIONS LOCALES….

Les sujets chauds qui attendent Mimi Touré

 

Sa nomination à la Primature le 1er septembre 2013 était attendue tant elle a occupé l’espace médiatique, en tant que ministre de la Justice. Le Premier ministre Aminata Touré, par un style qui lui est propre (loquace, aimable mais ferme), s’est forgée sa propre image. Celle d’une  femme qui  vise toujours le…sommet sans en donner l’air. Réputée ferme jusqu'à l'intransigeance, Aminata Touré qui est attendue à l’Assemblée nationale ce lundi pour sa Déclaration de politique générale (DPG), cristallise aujourd’hui toutes les attentions. Sur ses frêles épaules, repose l'espoir de populations à qui elle avait promis ''d’accélérer la cadence'', de voir la situation économique s'améliorer.

Même si rien ne peut être fait en l’espace de deux mois, le chef du gouvernement devra convaincre les sénégalais sur la capacité du gouvernement à prendre en charge la demande sociale. Ce qui n’est pas évident dans un contexte où ''tout est urgent au Sénégal''. Le gouvernement peut se targuer certes d’avoir fait quelques réalisations dans le domaine social avec la distribution des bourses sociales aux «familles les plus démunies». Ou encore dans le domaine de  la Santé, où il a rendu effective la Couverture de maladie universelle qui vise les enfants de 0 à 5 ans. Mais, le chemin est encore loin. Plusieurs chantiers restent inachevés. C’est le cas du chômage des jeunes encore lancinant. Même si 5 591 agents ont été recrutés récemment dans la fonction publique, on est très loin des 100 000 par an promis par le président de la République, durant la campagne électorale. Et le Premier ministre devra expliquer par quel mécanisme elle compte prendre à bras le corps la question de l’emploi des jeunes.

Quel levier pour amorcer une vraie croissance ?

Mais la racine du problème va sans doute résider, selon plusieurs de nos interlocuteurs, sur le levier que le gouvernement compte actionner pour produire  une croissance réelle, analogue à celle qu'on observe en Côte d'Ivoire, Rwanda, Burkina Faso etc. Plusieurs critiques ont été émises, à des niveaux différents de secteurs économiques, qui sont remontées au sommet du pouvoir. Le chef de l'Etat est plusieurs fois intervenu pour dénoncer des propos allusifs du genre ''dëkk bi dafa Macky'', pour dire que l'activité économique se déroule bien. L'ex-Premier ministre Abdoul Mbaye ainsi que plusieurs ministres de l'ancien gouvernement ont pu soutenir que c'est l'argent sale qui ne circule plus. Des réponses qui n'ont pas convaincu. Ainsi, face à la montée des critiques, le Président Macky Sall a été obligé de répliquer. Mais le dernier remaniement ministériel a semblé donné raison, au moins en partie à ces critiques, avec le limogeage d'Abdoul Mbaye du poste de Premier ministre  et son remplacement par Aminata Touré. Les changements au niveau des Départements de l'Economie, des Finances et de l'Agriculture, semblent constituer un signal pour donner un nouveau coup de fouet à l'Economie. 

Bonne gouvernance et... politique

Mimi Touré est aussi attendue sur les questions de bonne de gouvernance. Notamment celle de la traque des biens mal acquis pour laquelle plusieurs dignitaires de l’ancien régime dont Karim Wade sont aujourd'hui poursuivis. La nomination à la Primature de celle qu’on surnomme la ''dame de fer'', a été interprétée comme une manière de mettre la pédale douce sur cette affaire dans laquelle l’Etat tournait en rond. Certaines personnes mises en cause dans cette affaire comme Tahibou Ndiaye, ancien patron du Cadastre, ont vu leur dossier classé sans suite après qu’on leur a proposé une médiation pénale. Une démarche fortement décriée par une frange de l’opinion publique qui y voit une ’’insulte au peuple sénégalais’’. Dans le même temps, une partie des populations estime que la traque des biens mal acquis est une opération qui va continuer à gripper l'activité économique.

Cette DPG se tenant dans un contexte de désaccord politique sur l’acte 3 de la Décentralisation, le chef du gouvernement ne manquera pas de se prononcer sur la date  des élections locales et rassurer l’opposition dont une partie s’oppose au report. Il faut signaler que c’est elle qui a annoncé, au micro de Rfi, le report de ces élections initialement prévues au mois de mars.

Aucune faveur ne sera donc accordée à Mimi Touré. Celle-ci devra par ailleurs édifier l’opinion publique sur la récente pénurie d’eau péniblement vécue par les populations dakaroises durant une dizaine de jours. Bien que la pièce de rechange à l’origine de cette panne soit arrivée à Keur Momar Sarr, on attend  du Premier ministre des sanctions contre les responsables de cette    situation jugée ''inacceptable'', pour reprendre ses propres termes. Après que le rapport a clairement établi les responsabilités de la SDE et de la SONES, cette affaire ne devrait pas passer par perte et profit. L’hivernage tire certes à sa fin cette année, mais la question des inondations reste plus que jamais d’actualité. Les populations de la banlieue à qui l’Etat a promis des maisons sont toujours dans l’attente, pour la plupart d’entre elles. Plus de 400 sur les 2 000 maisons ont été distribuées à ces familles et l’Etat s’est engagé à restituer l’intégralité des logements à leurs ayants droit.   
 

DAOUDA GBAYA

 

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