Publié le 19 Oct 2014 - 20:12
DR BERNARD FOUNOU, DIRECTEUR DE RECHERCHE AU FORUM DU TIERS MONDE (FTM)

‘La croyance religieuse reste un problème socialement très important’’

 

En marge du Forum social africain qui a débuté mercredi dernier, EnQuête a accroché le Dr Bernard Founou. Economiste politique, Directeur de Recherche au Forum du Tiers Monde (FTM), fondé et dirigé par le professeur Samir Amin dont il est l’un des plus proches collaborateurs, il propose un nouveau mode de pensée propre à l’Afrique. Entretien.

 

Professeur, présentez-vous aux lecteurs d’EnQuête en quelques mots

Je suis Bernard Founou Tchuigoua, Camerounais directeur des recherches au Forum du tiers monde qui est basé à Dakar depuis déjà pas mal d’années. Je participe aux côtés de Samir Amin à animer cette grande institution dont les membres sont pour l’essentiel des intellectuels engagés du tiers monde. Mais il y a côté aussi le forum mondial des alternatives, dont Samir est le président, qui a l’objectif de repenser, imposer un autre système mondial que celui que des capitalistes veulent faire régner et en même temps réfléchir sur les moyens d’aider les pays du sud à sortir de la situation catastrophique actuelle.

Pour vous, il faut repenser un nouveau système autre que celui capitaliste. Est- ce à dire que nous devons nous retourner vers  un système comme par exemple celui socialiste marxiste?

Au fait le problème auquel les Africains sont confrontés, ce n’est pas directement un problème de socialisme ou de capitalisme. C’est le problème de la survie en tant que nation dans le système mondial. La contribution de forces socialistes à cette résistance et à cette construction nationale est importante.

Et je pense que les pays où il n’y a pas un minimum de tradition, de pensée et d’organisations de mouvements socialistes, sont excessivement fragilisés, car ils ne sont pas réellement armés même d’un point de vue idéologique pour résister à l’offensive impérialiste. Il y a bien sûr le problème de préférence pour le futur dans le pays. Dans chaque pays, la composante socialiste de la nation doit pouvoir exposer librement ses projets, mais il ne s’agit pas du tout de dire que nous sommes pour qu’il y ait des partis qui vont prendre le maquis dans un pays pour essayer d’imposer le socialisme dans les sociétés.

Ce sont les peuples qui sont en danger aujourd’hui en Afrique dans leur existence et il faut penser constamment à cela même lorsqu’on fait la critique des pouvoirs en place. Il faut savoir que le projet impérialiste, ce n’est pas le projet de savoir qui va exercer le pouvoir dans un certain nombre de pays, mais plutôt de savoir comment ne plus avoir de pouvoir dans ces pays.

A vous entendre parler, le système capitalisme est néfaste et est en train de conduire le monde à sa perte ?

Dans une perspective lointaine, on peut penser ainsi. On ne peut pas savoir comment le système capitaliste finira. Mais mon problème est que si je compare aujourd’hui la situation du Sénégal à celle du Mali, je préfère celle du Sénégal. Mais la perspective de la destruction du capitalisme comme système, oui je pense que ca rentre vraiment dans le projet des communistes. Mais aujourd’hui, en Afrique, on est confronté au problème de survie. Il y a aussi le problème d’existence comme peuple, à partir du moment où on a des bases un peu fragiles d’une nation. Mais il faut partir de ces fondements et voir ce qu’il y a à faire de mieux pour les préserver afin de satisfaire les besoins des populations.

Comment l’Afrique doit-elle s’y prendre alors pour satisfaire les besoins des populations et surtout comment doit-elle réagir face à l’essor de nouvelles tendances comme le Djihad ?

Je crois que sur le plan général, il faut admettre deux choses. D’abord, nos nations ne sont pas des nations, au sens de l’Angleterre ou la France. Nous ne sommes pas des pays où il n’y a qu’une seule langue. Nous avons une diversité linguistique et celle-ci ne peut pas être gommée par un décret. Nous sommes aussi dans des pays où la question de la croyance religieuse reste un problème socialement très important.

Quand vous allez dans les pays occidentaux, non seulement les églises sont vides, mais il n’y a personne que vous pouvez mobiliser pour aller tuer un autre à cause de ses croyances religieuses. Cette phase, les Occidentaux l’ont vécue dans leur histoire, mais elle est finie. Chez nous, il est très important d’éviter que les phénomènes comme ceux de Boko Haram puissent s’installer.

 Mais comment faire ?

 Il est important à la fois que les intellectuels qui partagent cette façon de voir et des responsables religieux qui ont cette façon de percevoir, agissent et disent qu’ils ne veulent pas de ces formes de manifestations religieuses qui sont excessivement obscurantistes et qui sèment des divisions et de la violence là où l’intérêt de la population est de vivre de manière paisible et réaliser en commun des choses importantes.

L’attitude, c’est de ne pas rester passif devant la montée des périls. Il est très important que les jeunes universitaires réalisent l’importance d’avoir une identité de type national. Une identité qui ne cherche pas à mettre les gens dans des trous noirs pour qu’ils s’entretuent. Cela veut dire qu’il faut qu’on arrive au point où l’on accorde une grande importance à la vie humaine. Il ne faut plus que le fait que les gens s’entretuent soit considéré comme quelque chose de banal.

Donc pour vous,  il y a aujourd’hui une désacralisation de la vie humaine ?

La vie est sacrée. C’est une des raisons pour lesquelles, c’est très important de respecter l’autre, parce que c’est une façon de reconnaitre la diversité de la pensée et de relativiser les choses. 

ANTOINE DE PADOU

 
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