Publié le 9 Jul 2014 - 19:19
EAU ET ELECTRICITE

Les denrées rares du mois de ramadan

 

Niarry-Tally, Grand-Dakar, Parcelles Assainies, des localités confrontées à des coupures intempestives d’électricité et des pénuries d’eau incessantes. Une donne qui devient mal à supporter avec le ramadan.

 

Après-midi de ramadan ! Les gorges séchées, voix quasiment inaudibles, ventres affamés, il est difficile de trouver un interlocuteur loquace. Le jeûne n’est pas leur seule source de souffrance. A cela s’ajoutent les coupures intempestives d’électricité et les pénuries d’eau.

A Niarry-Tally, les populations se plaignent d’un manque du liquide précieux depuis plus d’une semaine. ‘’ On se lève tous les jours à 3 heures du matin pour puiser de l’eau ‘’, martèle Awa Sy, habitante d’un quartier jouxtant les deux voies bien connues de la localité. Trouvée assise devant sa maison avec ses copines, toutes la quarantaine, elle explique que les distributions d’eau étaient assurées les week-ends, mais ce n’est plus le cas.

Une des dames assises à ses côtés déplore le fait qu’à peine leurs réservoirs remplis, les robinets referment et l’eau ne coule plus à partir de 6 heures du matin. Une autre, cure-dents dans la bouche, les yeux rougis, de révéler : ‘’ nous ne dormons pas la nuit depuis plus d’une semaine ‘’, avant de poursuivre que le ramadan est vécu de manière compliquée dans leur quartier.

Quant à Issa Ba, il gère dans la localité une petite cantine de lissage des cheveux. Une file de jerricans vides décore l’entrée de sa baraque. Dépité, il soutient : ‘’notre travail nécessite l’utilisation d’une grande quantité d’eau.  Avec les coupures, il arrive qu’on reste toute la journée sans eau’’. Il confie, par ailleurs, qu’au-delà de son travail, il rencontre des difficultés au moment de la rupture du jeûne, avant de conclure qu’il est difficile de jeûner dans ces conditions.

A Grand-Dakar, ce n’est pas le comble, puisque toutes les zones ne souffrent pas de cette pénurie. A la rue Abebe Bikila, par exemple, les habitants disent ne pas subir des coupures, mais certifient que leurs voisins des autres quartiers viennent tous les jours chercher de l’eau chez eux. Souleymane Diop, habitant à la Rue A de Grand-Dakar, souligne qu’ils sont abonnés à 2 heures ou 3 heures de coupure par jour. Chapelet à la main, attendant l’appel du muezzin pour rompre son jeûne, M. Diop renseigne toutefois que depuis une semaine, ils sont également confrontés à des coupures intempestives d’électricité.

Pourtant, aux Parcelles-Assainies, c’est devenu une coutume. ‘’ Une fois le matin et une fois la nuit et cela prend souvent une demi-heure’’, renseigne Abdou Diop habitant U 19. 

Dépenses supplémentaires

Ceux qui s’activent dans l’informel en souffrent le plus. Mamadou Sall, gérant d’une salle de jeu et d’un cybercafé à l’unité 17 de dire que ‘’ les jeux vidéo ne résistent à ses imprévus. Je suis maintenant obligé d’acheter un onduleur’’.

Il poursuit que les clients ne supportent pas les coupures, raison pour laquelle leur gain se trouve considérablement réduit. Certains s’estimant avertis ont déjà trouvé une alternative. C’est le cas de Demba Wade, tailleur à l’unité 18. Un groupe électrogène est bien installé à la devanture de son atelier. Il explique : ‘’ On a souvent des problèmes avec les clients concernant les retards dans la livraison des commandes, et la procuration d’un groupe électrogène nous évite cela ‘’.Toutefois, il a tenu à préciser qu’il faut au minimum 3500 francs CFA pour faire fonctionner le groupe, sans compter la facture d’électricité ».

Même son de cloche à l’unité 20, où le gérant d’une boulangerie estime que l’installation d’un groupe génère des dépenses supplémentaires avec l’achat de gasoil. Ablaye Mendy qui commence à sentir la rigueur du ramadan est d’avis que les coupures les empêchent  de travailler normalement.

 En attendant la prochaine coupure, les machines tournent à plein régime dans la boulangerie, l’odeur du pain chaud martyrisant ainsi les narines des différents passants. 

Par Seydina Bilal DIALLO

 

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