Publié le 20 Apr 2023 - 18:32

Emmanuel Macron, conspué dans les rues d’Alsace, assure que la « colère » ne l’« empêchera pas » de se déplacer en France

 

Après une visite d’une usine, lors de laquelle il a déclaré que « ce n’est pas des casseroles qui feront avancer la France », le chef de l’Etat a salué la foule dans les rues de Sélestat, où des huées et des slogans hostiles l’ont accompagné.

 

Emmanuel Macron voulait repartir au contact direct des Françaises et des Français, après trois mois de séquence contestataire dans la rue contre la réforme des retraites, menée coûte que coûte à son terme. Casseroles, huées, insultes… Tout au long de son déplacement en Alsace, le premier depuis des semaines et depuis la promulgation vendredi du report à 64 ans de l’âge de départ à la retraite, le chef de l’Etat a été accueilli par des petits groupes d’opposants en colère, mercredi 19 avril.

A Sélestat, en milieu d’après-midi, le président de la République a été conspué, accueilli par des huées, des personnes criant « Macron démission » et la reprise de slogans entendus dans les manifestations contre la réforme des retraites comme le chant « On est là, on est là », popularisé par les « gilets jaunes ».

« Vous avez un gouvernement corrompu », lui a lancé un homme aux cheveux gris, tandis qu’une jeune femme demandait « un signe d’apaisement. Mais là vraiment on ne voit pas. » « On a fait des concessions (...). Nous allons continuer à améliorer les choses sur les conditions de travail », a rétorqué Emmanuel Macron.

Après ces interpellations, le président de la République a assuré à des journalistes qu’il avait « connu bien pire », citant les « gilets jaunes ». « Il est normal que cette colère s’exprime », a encore déclaré le chef de l’Etat, ajoutant : « mais ça ne m’empêchera pas de me déplacer partout à travers le pays, parce que nous devons continuer d’agir et d’avancer. »

Peu avant, M. Macron avait été attendu dans la commune de Muttersholtz, où il a visité l’usine de l’entreprise Mathis, spécialisée dans la construction en bois, par une centaine de manifestants équipés de casseroles, repoussés par les gendarmes. Certains portaient des pancartes, où on pouvait lire « Jupi dégage », allusion au surnom « Jupiter » donné au président de la République, ou encore « Tes 100 jours, c’est sans nous », tandis que d’autres utilisaient des cornes de brume ou des cloches pour se faire entendre.

« C’est pas des casseroles qui feront avancer la France »

L’intersyndicale opposée à la réforme des retraites avait invité mardi ses sympathisants à manifester bruyamment contre la venue du chef de l’Etat, pour montrer que « la page retraites est loin d’être tournée ». Pendant l’allocution télévisée d’Emmanuel Macron de lundi soir, des rassemblements et des concerts de casseroles avaient déjà été organisés dans tout le pays, signe d’une contestation qui perdure malgré la validation de la réforme par le Conseil constitutionnel vendredi dernier et sa promulgation par le chef de l’Etat dans la nuit qui a suivi.

Leur répondant indirectement, le chef de l’Etat a déclaré, lors de sa visite de l’usine : « C’est pas des casseroles qui feront avancer la France ». Lors d’un entretien avec des journalistes, il a affirmé : « La réalité de tout le pays, ce n’est pas seulement ceux qui font du bruit avec des casseroles ou qui râlent. »

Tandis que le président discutait avec les journalistes, le député Emmanuel Fernandes (La France insoumise), qui participait à la visite, s’est affiché, à l’arrière-plan, portant un bâillon blanc sur lequel était écrit « 49-3 », en référence à l’article de la Constitution auquel le gouvernement a eu recours pour faire adopter la réforme sur les retraites à l’Assemblée nationale.

La CGT a, par ailleurs, revendiqué une coupure de courant intervenue lors de la visite d’Emmanuel Macron dans l’entreprise Mathis, sans toutefois plonger les lieux dans l’obscurité. « Nous l’avions annoncé, les énergéticiens seront partout et il fera tout noir pour le président ! », a déclaré Fabrice Coudour, secrétaire fédéral FNME-CGT, dans un message adressé à l’Agence France-Presse. « La colère est là et on ne tourne pas la page ! », a ajouté M. Coudour.

«  Je n’ai pas le droit de m’arrêter »

« Vous me reverrez toujours avec les gens, a ajouté le président, je n’ai pas le droit de m’arrêter. » Mardi soir, un déplacement privé de M. Macron à Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) avait déjà attiré quelque 300 manifestants. Pour le camp macroniste, il importe que le chef de l’Etat soit au contact de la population, au risque d’être chahuté. « C’est important » qu’il fasse des déplacements dans les territoires, a commenté mercredi le ministre des transports, Clément Beaune, se réjouissant que le président « puisse être sur le terrain », « au contact », pour « entendre un certain nombre [de] revendications aussi ».

L’Elysée a également annoncé son déplacement jeudi dans un collège de l’Hérault, afin de parler d’éducation. « Chacun d’entre nous a vocation à aller sur le terrain. Le président de la République est à l’évidence le meilleur ambassadeur de la politique conduite dans ce pays depuis six ans », a ajouté le porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, lors de son compte rendu du conseil des ministres.

Le ministre de la transition écologique, Christophe Béchu, a également été accueilli par des huées, des sifflets et un concert de casseroles en marge de sa venue dans la Sarthe, mercredi, rapporte France Bleu. Plusieurs manifestants contre la réforme des retraites se sont fait entendre à l’arrivée de Christophe Béchu à Coulaines, venu à la rencontre des pompiers et des élus locaux pour évoquer les risques d’incendie à l’approche de l’été.

Le Monde avec AFP

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