Publié le 8 Jan 2015 - 16:02
ENTRETIEN AVEC ALASSANE SAMBA DIOP (DIRECTEUR DE LA RFM)

‘’Nous avons une ambition sous-régionale’’

 

Création de nouvelles chaînes, redéploiement des agents, diversité des programmes, recrutements... le directeur de la radio futur média (RFM), Alassane Samba Diop, revient dans cet entretien sur l’actualité du Groupe Futurs medias.  

 

Pourquoi la création de nouvelles chaînes. Est-ce à dire le Groupe Futurs Medias n’a pas encore atteint sa vitesse de croisière ?

Nous pensons que dans la vie, il faut toujours innover. Nous sommes dans la perspective aujourd’hui, en 2015, de passer à la télévision numérique terrestre (TNT). Et il se trouve que notre groupe avait déjà un bouquet et qu’il faudrait mettre en place de nouveaux outils dans le cadre de la télévision et de la radio. Nous avons déjà  une fréquence, la  99.4. Elle est dénommée JFM et sera  une radio destinée aux jeunes, qui va être dirigée par Boubacar Diallo. Les emplacements et les travaux se font pour que tout se déroule sous les meilleurs auspices pour cette année.

 

Combien de chaînes vont être créées au total ?

Une chaîne de radio (JFM) en plus de  la RFM. Deux autres chaînes de télévision, TFM Sports, TFM actualités. Pour la presse écrite, des projets sont en gestation. Nous réfléchissons sur un projet de magazine. Avec le développement du groupe, nous avons une ambition sous-régionale. Nous avons la possibilité d’élargir le spectre puisque nous avons un personnel qualifié et qui peut évoluer dans les différents supports du groupe futurs médias.

 

Dans ce cas, le redéploiement des agents risque d’être problématique. Comment allez-vous vous y prendre ?

Il n’y a pas de problème en soi. C’est normal que quand les choses changent, certaines réflexions soient faites. De manière générale, aucun problème ne se pose. La preuve est que le groupe a décidé d’augmenter les salaires de certains de ses agents. GFM va davantage s’occuper de ses travailleurs. Nous ne disons pas que nous faisons mieux que tout le monde mais nous faisons partie des groupes de presse qui traitent le mieux leurs agents. L’ambition du directeur général est de mettre les travailleurs dans les meilleures conditions. Nous sommes une famille et avons toujours fonctionné dans cet esprit. Nous allons valoriser davantage les talents qui sont là.

 

Mais dans les actes, comment ça va se passer ?

Il est prévu avec la direction générale de déménager aux Almadies comme l’avait annoncé Youssou Ndour à l’occasion du dernier anniversaire du groupe. Les différentes entités seront regroupées là-bas pour une meilleure fluidité, une osmose entre les travailleurs. Des studios vont rester à la RFM car c’est un point stratégique dans le cadre de notre travail. Ce n’est pas loin de la ville…

 

Est-ce qu’un journaliste de presse écrite ne risque pas de se retrouver à la télévision ou à la radio et vice-versa ?

La plupart des gens qui sont ici ont été formés au centre d’études des Sciences et techniques de l’information (CESTI). Dans la formation de cette école, il y a un tronc commun. Les deux premières années, on y fait la radio, la télévision et la presse écrite. Il y a des gens qui ont du talent pour faire de la radio et de la télé. Je pense que c’est un plus pour les journalistes de pouvoir faire tous les trois médias. Quand on voit la fusion entre France 24 et RFI, des journalistes de radio travaillent à la télé et vice-versa. C’est de nouvelles cordes à leur arc. Les travailleurs signent un contrat avec le groupe ; maintenant, en fonction de leurs dispositions, on peut les affecter dans telle ou telle entité.

 

On dirait que GFM approche de sa masse critique. Pensez-vous qu’elle possède encore une marge de manœuvre ?

Oui le groupe peut encore progresser. C’est l’innovation, la créativité. Le numérique est devenu fondamental pour ce métier, il suffit d’avoir de l’imagination et de la créativité. Il y a beaucoup de choses à faire. On n’a pas encore atteint la vitesse de croisière comme dans les pays développés. Nous pouvons mieux faire avec la concurrence qui est là. Il faudra se positionner par rapport aux parts de marché, et à la TNT.

 

Les contenus ne risquent-ils pas d’être répétitifs  avec toutes ces chaînes ?

Le groupe a l’un des meilleurs contenus. Nous sommes la première radio à faire de l’information non stop. Pour la RFM, nous apportons beaucoup d’innovation et nous misons sur la formation, sur le professionnalisme pour booster la qualité de la radio. Dans les régions, nous sommes dans une optique de chercher des jeunes qui ont envie de prouver quelque chose. Nous pensons que c’est important que les journalistes exercent, qu’ils soient formés sur le tas ou à l’école. Que l’éthique et la déontologie soient leur bréviaire.

 

Est-ce que GFM propose des contrats à ses nouvelles recrues sorties des écoles de formation ?

Bien sûr. Notre politique a toujours été de prendre des stagiaires dans des écoles de formation. Nous leur offrons souvent des bourses le temps de leur formation. Si parmi eux il y a des talents qui font l’affaire et qu’on pense qu’ils peuvent être d’un apport décisif dans le travail, nous les retenons. La plupart des personnes dans la rédaction de la RFM sont passées comme ça. Ceci permet de cultiver l’excellence et la convivialité et cela pose moins de problèmes que de recruter quelqu’un qui vient juste de débarquer.

 

En tant qu’homme de presse et administrateur, quel est votre commentaire sur le code de la presse qui tarde à entrer en vigueur?

Les députés doivent accélérer la cadence pour valider ce code. S’il y a des articles qui posent problèmes, rien n’empêche de réunir les journalistes, les responsables de syndicats et de rediscuter de façon fondamentale sur les points qui bloquent. Mais il est impératif de garder ce code et de le voter. On se focalise souvent sur la dépénalisation des délits de presse alors qu’il y a des points plus importants. L’organisation de la profession, son assainissement, la formation, sont des volets extrêmement capitaux. Peu de gens ont lu le code pour s’imprégner du contenu. Il est temps qu’on revoie les conditions de travail des journalistes.

 

Le code a bien résumé tout cela. Avec une formation, c’est la démocratie qui y gagne car elle est saine si la presse est saine. Je ne suis pas contre que les gens viennent faire du journalisme, mais qu’ils prennent le temps d’apprendre le métier. Au Sénégal, n’importe qui peut accéder au métier qui est pourtant extrêmement sensible. Il y a des journalistes qui n’ont jamais fait d’écoles de formation mais qui font partie des meilleurs dans les rédactions. Il faut revoir les choses pour faire un bond qualitatif dans la presse, c’est mieux pour tout le monde.

Ousmane Laye Diop (stagiaire)

 
 
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